Présentation de la commune de Sisco
Corse ; Haute-Corse (2B) ; Sisco
Sagro-di-Santa-Giulia
Bien que rattachée à la piève de Brando, Sisco fut sans doute, au Moyen Âge, une piève autonome. En témoigne l'existence du lieu-dit « a pieve », situé à l'emplacement de la chapelle romane San Giovanni Battista, non loin de la marine. Cas particulier, la commune compte deux paroisses au moins dès le début du XVIe siècle (la création de nouvelles paroisses, comme à Brando ou Barrettali, étant généralement un phénomène du XIXe siècle) : San Sisto, dont dépendaient Ficaje, Partine, Torrezza et Teghie, et San Martino pour les autres hameaux de la vallée. Deux confréries de pénitents dédiées à la Sainte Croix (Santa Croce) y sont rattachées dès 1535. A l'époque romane, la chapelle San Michele et l'église Santa Catarina jouent un rôle important. De par les reliques qu'elle abrite (arrivées à Sisco, d'après la mémoire collective, en 1255), cette dernière est en effet, au Moyen Age (notamment au XVe siècle), le principal centre de dévotion et de pèlerinage pour les populations du Cap Corse ; un hôpital y est même établi. L'église est confiée aux religieux augustins à la fin du XVIe siècle, puis aux servites de Marie en 1703. La création d'un autre couvent, au milieu du XVIIe siècle, témoigne de la vitalité de la commune : destiné aux franciscains réformés, il est dédié à Saint Antoine de Padoue. D'autres édifices religieux méritent être mentionnés : une chapelle San Giovanni située sur le col, en bordure de l'ancien chemin reliant Sisco à Olcani, le minuscule oratoire San Bernardino et une chapelle dont le vocable est Santa Chiarasgia. La commune compte également de nombreuses chapelles de village. Au Moyen Âge, Sisco faisait partie de la seigneurie Gentile de Brando (les seigneurs y possédaient de nombreux biens au début du XVIe siècle) ; cependant aucune construction fortifiée d'époque féodale n'est cependant apparue de façon très claire au cours de l'opération d'inventaire. Sisco conserve encore d'intéressants éléments d'architecture civile du XVe siècle et du début du XVIe siècle, attestés par plusieurs inscriptions lapidaires, dont une maison ayant conservé une fenêtre géminée à colonnette de marbre (hameau de Busseto). Plusieurs constructions à vocation défensive du XVIe siècle sont toujours visibles. S'il ne reste que les bases de la tour de la marine de Casaiola, on peut voir une autre tour de guet édifiée à l'intérieur des terres, au hameau de Balba. Elle porte la date de 1566. C'est aussi l'époque de la construction des maisons fortes, présentes dans de nombreux écarts (Bariggione, Monacaja, Partine, Torrezza et Crosciano), ainsi que l'imposante tour édifiée à Santa Catarina. Les villages se développent, à un rythme assez lent, au cours des XVIIe et XVIIIe siècles ; les constructions nouvelles ne modifient pas radicalement la physionomie de l'habitat, si ce n'est par une certaine concentration et l'aménagement de nombreux passages voûtés. Quelques éléments témoignent encore des activités artisanales et agricoles passées. En plus de la traditionnelle viticulture, Sisco est connu depuis le Moyen Âge pour ses forges (le lieu-dit a Ferrera témoigne encore de cette activité) : on y fabrique des instruments agricoles, notamment des serpes, mais aussi des armes, comme les « corsesques », sorte de hallebardes. Plusieurs artisans sont aussi spécialisés dans la confection d'aiguilles ; des orfèvres y sont signalés dès le XVIe siècle. Cette réputation d'excellence dans le domaine de la forge fait dire au chroniqueur Filippini qu'on croit voir à Sisco « les forges de Vulcain ». Elle est en tout cas suffisamment importante pour qu'à la fin du XVe siècle, le Seigneur de Piombino, Iacopo IV d'Appiano, désireux de repeupler l'antique bourg étrusque de Populonia, ait fait appel à un groupe de familles de Sisco, qui s'installe entre 1480 et 1485 dans la cité nouvellement fortifiée pour y travailler le minerai de fer de la toute proche île d'Elbe. On fabrique également à Sisco du drap corse et de la dentelle. Le travail du lin est une autre branche d'activité. Une forte communauté d'artisans originaires de Sisco vient d'ailleurs peupler la ville de Bastia dès sa fondation et tout au long du XVIe siècle et au début du XVIIe siècle. Les plus pauvres des habitants vont cultiver les céréales dans la plaine au sud de Bastia. Le patrimoine lié à l'eau est extrêmement important dans la commune : on dénombre à Sisco huit ponts, dont deux au moins sont attestés au début du XVIe siècle, et surtout vingt-deux moulins. Les plus anciens sont signalés dans la première moitié du XVIe siècle. Les premières décennies du XIXe siècle n'apportent guère de nouveaux débouchés à cette société jusqu'alors relativement égalitaire, où les familles qui émergent réellement sont assez rares. Sisco, contrairement à Morsiglia ou Centuri, n'est pas dans les années 1830 une terre où l'émigration vers les Amériques est déjà une longue tradition. Elle connaît pourtant alors un très fort exode, touchant presque toutes les familles, essentiellement vers Porto Rico et le Venezuela. Certains émigrés y reviennent fortune faite et font construire, entre 1850 et 1900, quelques-unes des plus belles maisons du Cap Corse (familles Battistini, Gaspari, Padovani, Paralitici, Santoni, Tomasini et Vivoni notamment), ainsi que d'imposants tombeaux. Les « Américains » participent et financent les nombreux travaux qui jalonnent le XIXe siècle, tels que l'agrandissement de l'église San Martino et la construction de son clocher, l'aménagement des fontaines ou du cimetière communal Il faut cependant mentionner quelques activités économiques, nouvelles ou plus anciennes, qui se développent au cours de ce XIXe siècle. Les cultures de l'oignon et de l'olivier s'intensifient ; au moins trois moulins à ressence sont créés. L'élevage bovin déjà important (Sisco est la commune du Cap Corse qui compte le plus de têtes au XVIIIe siècle) s'organise ; deux coopératives laitières apparaissent au début du XXe siècle, disposant chacune d'un point de vente à Bastia. Sisco conserve encore de nombreux fenils-étables, appelés « pagliaghji ». Pour terminer, citons la création, vers la fin du XIXe siècle, de plusieurs fabriques d'essences végétales où les plantes du maquis étaient distillées puis envoyées vers les parfumeries de Grasse. Du point de vue démographique, la commune compte 600 âmes en 1646, 717 en 1770, 790 en 1818 et jusqu'à 1019 habitants en 1876.
Sisco est l'une des trois communes de l'ancienne piève de Sagro, elle fait aujourd'hui partie de l'actuel canton de Sagro-di-Santa-Giulia ainsi que de la Communauté de Communes du Cap Corse. D'une superficie de 2496 hectares, sa vallée est bordée à l'Est par la mer Tyrrhénienne et à l'Ouest par les plus hauts sommets du Cap Corse et notamment la Cima di e Follice, culminant à 1322 mètres d'altitude. Avec Luri, Sisco est la commune du Cap Corse qui compte le plus grand nombre d'écarts : 18 au total (y compris la marine), dont le plus haut de la microrégion, Pietrapiana, bâti à 450 mètres d'altitude. On y trouve également quelques hameaux abandonnés, tel celui d'Orzale (à proximité d'Assalaccia), déserté dans le courant du XVIe siècle et deux autres habitats aux lieux-dits Bussitana et Santa Chiarasgia.
2008
© Collectivité Territoriale de Corse ; © Association Petre Scritte
2010
Ciavatti Jean-Charles ; Nigaglioni Michel-Edouard ; Liccia Jean-Christophe ; Thevenin Mireille ; Fideli Marie-Antoinette
Présentation de la commune
Collectivité Territoriale de Corse - Direction du Patrimoine - Service de l'Inventaire du Patrimoine Villa Ripert - 1, cours Général Leclerc - 20000 Ajaccio - 04.95.10.98.22/04.95.10.98.23