RF 1995-14
M. LEVETT ET MLLE HELENE GLAVANY EN COSTUME TURC
Genève, 1702 ; Genève, 1789
Suisse
1740 vers
H. 24.7, l. 36.4
Levett, négociant anglais, proche ami du peintre, en costume turc et mademoiselle Hélène Glavany, fille de l'ancien consul de France en Crimée de 1723 à 1734. La juxtaposition dans une scène relativement intime de deux personnages n'ayant pas de liens familiaux empêche d'interpréter le tableau comme un véritable portrait. Attraits que le monde ottoman excece sur l'Occident : costumes fabuleux, musique... Les lois de la Sublime Porte régissait alors très strictement les rapports entre les musulmans et les autres communautés et il était impossible pour un Occidental de pénétrer dans le monde secret du sérail, a fortiori d'y portraiturer les femmes. Le quartier cosmopolite de Galata et de Pera, où les étrangères de toutes origines, grecques, juives et européennes, vivaient au grand jour dans leurs atours orientaux, présentaient au peintre des substituts suffisants à sa quête d'exotisme
oeuvre en rapport
Oeuvre sans doute exécutée à Constantinople même, et non en Europe comme c'est le cas d'autres turqueries de Liotard. L'existence au dos du carton d'un croquis très sommaire représentant une maison turque semble confirmer cette hypothèse. La figure de M. Levett en costume turc, assis sur un divan, est dessinée à l'identique sur une feuille du Victoria and Albert Museum de Londres (pierre noire et sanguine, avec traces de lavis, sur papier blanc jauni) ; un autre portrait de M. Levett en costume tatare (avec une toque de fourrure), dans une attitude toute différente, est au Louvre ; le dessin a été gravé dans le même sens par Johann Christoph Reinsperger ; la figure d'Hélène Glavany présente de fortes analogies (posture, costume, tamboura) avec une composition représentant une Jeune Tatare jouant du tamboura, un homme fumant, tous deux assis sur un divan, dont une contre-épreuve est au Louvre
Turquie, Constantinople (lieu d'exécution)
propriété de l'Etat, achat, musée du Louvre département des Peintures
1995
Villeneuve marquis de, ambassadeur de Louis XV auprès de l'Empire ottoman de 1728 à 1740, (?) ; Guys Pierre-Augustin, Marseille ; Jourdan Mme Théophile, Marseille ; Jourdan-Barri Raymond, Marseille ; vente Poulain-Le Fur, Paris, hôtel Drouot, 1993/06/04, n° 31
au revers du carton, croquis sommaire d'une maison turque. La vie et l'oeuvre de Liotard furent très marqués par le séjour qu'il accomplit entre 1738 et 1742 à Constantinople qui lui valut le surnom de Peintre Turc. Comme les rares artistes du XVIIIe siècle ayant eu un contact direct avec l'Orient (Van Mour et Antoine de Favray), la vision de Liotard est parfaitement chaste et pudique, et tranche avec celle des peintres français qui, participant du fantasme d'un Orient voluptueux né de la lecture des Mille et une nuits récemment exhumées par Antoine Galland, ont multiplié les odalisques nues et les sultans empanachés (Boucher, Carle Vanloo, Fragonard, Leprince ...)
Musée du Louvre, nouvelles acquisitions du département des peintures, 1991-1995, Paris, 1996, p. 240-245