Bx D 1962 2 2 ; AM 3960 P
Portrait de Bevilacqua
Le Cateau-Cambrésis, 1869 ; Nice, 1954
masculin
France
1905 vers
35 H ; 27 L
Ce portrait est celui d'un modèle d'origine italienne : Pignatelli, alias Bevilacqua, dont Rodin évoque les traits, à propos du Saint Jean-Baptiste pour lequel il avait posé : 'Un matin quelqu'un frappe à la porte de l'atelier. Entre un Italien avec l'un de ses compatriotes qui avait déjà posé pour moi. C'était un paysan des Abruzzes, arrivé la nuit précédente de son pays natal, et il venait s'offrir à moi comme modèle. En le voyant, je fus saisi d'admiration: cet homme rude, chevelu, exprimait dans son maintien et sa force physique toute la violence, mais aussi tout le caractère mystique de sa race. Immédiatement, je pensais à un saint Jean-Baptiste'. Bevilacqua devait aussi fasciner Matisse qui se servit de lui comme modèle à plusieurs reprises dans les années 1900-1903 : pour un Homme nu peint en 1900 (New York, Museum of Modern Art) et, à l'instar de Rodin, pour son équivalent en sculpture : Le Serf (bronze, Cateau-Cambrésis, Musée Matisse) où il modèle à plaisir la structure massive et noueuse de son corps, tout en le maintenant dans une attitude sinon soumise, du moins contenue. Dans L'Homme assis (1900, Archives Matisse) nous pouvons sans doute reconnaître Bevilacqua, avec ses pommettes qui creusent les orbites, le regard vif et fier, le port droit. Le Portrait de Bordeaux nous suggère une image nouvelle du personnage : ni soumission, ni même réserve, aucune fierté, mais l'expression d'un caractère jovial, chaleureux; Bevilacqua est un homme du Sud. De ses Abruzzes natales, il a le caractère rocailleux, sauvage, robuste. C'est lui qui, tirant sa charrette, transporte les toiles de Matisse et Marquet au Salon des Indépendants. Sa force, mais aussi sa chaleur et son entrain, Matisse a déjà les moyens de les peindre, de manière abrupte, à l'image de son personnage. Sans avoir les outrances colorées et expressives du Portrait de Derain ou du Portrait à la raie verte, Matisse utilise déjà des couleurs arbitraires, un dessin synthétique, une touche ample, épaisse, avec des empâtements laissant apparaître des superpositions de couleurs. Les taches de vert, de bleu, de rouge ou de jaune modèlent le menton font surgir un sourire goguenard, alors qu'un trait de vermillon dans la pupille de l'oeil achève de rendre toute sa vivacité, toute sa malice au regard. Le cerne bleu, large et accusé, met en valeur les traits du visage, limite les saillies de l'ossature. La couleur construit : l'ocre de la peau est mêlé de jaune, de rose, de vert, qui bossellent le front, creusent l'orbite, haussent les pommettes, donnant à ce portrait une monumentalité exacerbée. Matisse est entré en connivence avec son modèle et trouve cette 'identification presque complète' au sujet, cette 'interprétation sentimentale' qui nous restitue les accents de son énergie, de sa force, mais aussi de sa bonhomie
propriété de l'Etat, legs, musée national d'art moderne (centre national d'art et de culture Georges Pompidou)
1948
Marquet Mme
dépôt, Bordeaux, musée des beaux-arts
1961
1952-1953, New York, Museum of Modern Art ; Minneapolis, Institute of Art ; San Francisco, Museum of Art ; Toronto, Art Gallery, Fauves, (n° 90) - 1956, Paris, Musée national d'Art Moderne, Henri Matisse. Exposition retrospective, (n° 14) - 1959, Schaffhouse, Musée ; Berlin, Galerie du Château de Charlottenbourg, Triomphe de la couleur, les fauves européens, 1959, (n° 5) - 1961-1962, Tokyo, Musée National ; Kyoto, Musée municipal, Exposition d'Art français, 1840-1940, (n° 257) - 1965, Tokyo ; Osaka ; Fukuoka, Les Fauves, (n° 57) - 1966, Paris, Musée National d'Art Moderne ; Munich, Haus der Kunst, Le Fauvisme français et les débuts de l'Expressionnisme allemand, (n° 94) - 1966, Hambourg, Kunstverein, Matisse et ses amis, les Fauves, (n° 75) - 1969, Saint-Paul de Vence, Fondation Maeght, A la rencontre de Matisse (n° 6) - 1970, Paris, Grand Palais, Henri Matisse, (n° 42) - 1981, Paris, Musée d'Art et d'Essai, Palais de Tokyo, Visages et portraits de Manet à Matisse, (n° 42) ; 1983, Bordeaux, Galerie des Beaux-Arts, Hommage à Marcelle et Albert Marquet, (n° 116) - 1987, Milan, 'Matisse et l'Italie', (n°12, repr. en n.-) - 1989, Bordeaux, Musée d'Aquitaine, 'Regards sur Matisse' - 1989, Delhi, Naissance et vie de la modernité - 2000-2001, Barcelone, La Pedrera, Les Fauves, (n° 44, repr. en coul.)
Vergnet-Ruiz J., Laclotte M., Petits et grands Musées de France, Paris, 1962, (pl. 222, repr. en n.) - Martin-Mery G., 'Les enrichissements du Musée des Beaux-Arts de Bordeaux (1960-1966)', in La Revue des Musées de Bordeaux, Bordeaux, 1967, (p. 46) - Besson G., Matisse, Paris, 1954 (fig. n° 13) - Gowing L., Matisse, Londres - New York - Oxford, 1979, (ill. n° 22, p. 26) - Schneider P., tout l'oeuvre peint de Matisse, Paris, 1982, (n° 15)