Bx E 340 ; Bx M 6002
La leçon de labourage
Paris, 1746 ; Paris, 1816
France
1798
H. 213 ; L. 313
daté, signé
Signé daté en bas au centre : Vincent l'an VI
- CONTEXTE : Bernard Boyer dit Boyer-Fonfrède, issu d'une vieille famille d'armateurs bordelais, frère du Girondin Jean-Baptiste Boyer- Fonfrède et oncle du journaliste qui défendit la Monarchie de Juillet Henri Fonfrède, riche manufacturier en cotonnade indienne toulousain, a commandé à Vincent ce tableau pour décorer le Grand Salon de l'hôtel qu'il s'est fait bâtir à Toulouse, quai de la Daurade. Pour le propriétaire du tableau et pour l'artiste, le travail des champs était une occupation noble et le paysan un citoyen honnête et digne de respect. L'idée d'une peinture vertueuse et agricole est en faveur à la fin du XVIIIe siècle après la Révolution, et elle est inspirée par Rousseau (cf. cette phrase de l'Emile (t. III) 'Le premier et le plus respectable de tous les arts est l'Agriculture'). L'Emile marque l'avènement d'une nouvelle famille. Beaucoup de femmes semblent convaincues des préceptes de Rousseau pour leurs enfants. Cette Leçon de Labourage est peinte avant tout à des fins éducatives et moralisantes et demeure bien dans l'esprit de son temps, bien qu'originale. - SUJET : Sous le titre l'Agriculture, ce tableau était accompagné au Salon de 1898, d'une vignette : 'Pénétré de cette vérité que l'Agriculture est la base de la prospérité des Etats, le peintre a représenté un père de famille qui, accompagné de sa femme et de sa jeune fille, vient visiter un laboureur au milieu de ses travaux. Il lui rend hommage en assistant à la leçon qu'il l'a prié de donner à son fils, dont il regarderait l'éducation comme imparfaite sans cette connaissance. Nota - le Commerce et d'autres parties intéressantes de l'éducation doivent former une suite à ce premier tableau qui, ainsi que cette suite, sont destinés au citoyen Boyer-Fonfrède, de Toulouse'. - TECHNIQUE : Le laboureur de Vincent a un visage et un corps musclés d'un personnage de la Haute Renaissance et sa main, pointée vers la paire de boeufs qu'il montre en exemple, est empruntée à l'image de Dieu, dans la Création d'Adam de Michel-Ange, sur le plafond de la chapelle Sixtine. Il est intemporel alors que les autres personnages sont bien de leur temps : mode des robes féminines en tissus de gaze volant au vent ainsi que le chapeau en paille d'Italie très Directoire; quant au garçonnet, le corps moulé dans un pantalon collant, par l'idéalisme de son jeune corps, il ressemble à un enfant de Greuze. La lumière très crue sur sa silhouette accentue ses formes; également la lumière joue en oblique sur l'arrière-train des boeufs -très inspirés par la peinture hollandaise du XVIIe siècle- et les figures féminines pour les rendre plus évanescentes (contraste de cet ensemble). Les tonalités générales sont dans des harmonies de bleu - au loin la chaîne des Pyrénées - de marron et de blanc très réussies. - STYLE Il s'agit d'une peinture à la fois idéalisant et réaliste - pour les boeufs et la charrue dont le modèle est fidèlement copié sur les araires du Languedoc -à l'opposé de l'antiquisant David et proche dans la forme et l'esprit (le côté moralisant) de Greuze. Il y a dans cette peinture à la fois du charme et de l'académisme . - CONCLUSION : On n'y trouve pas de mièvrerie mais cependant un grand conformisme aux idées du temps. Là où l'artiste est le plus créateur c'est dans sa lumière, ses volumes, ses harmonies délicates, sa perspective en oblique. Il s'agit d'un beau morceau de peinture que le conservateur Lacour qui l'a fait acquérir par la Municipalité bordelaise considérait comme le chef-d'oeuvre de Vincent.
1767 né ; 1845 mort
commande, oeuvre en rapport
Commandé à Vincent par Bernard Boyer-Fonfrède pour décorer le salon de son hôtel, Quai de la Daurade à Toulouse (mise en vente du tableau en 1828) ; deux dessins préparatoires conservés dans des collections particulières ; trois esquisses peintes, une dans la collection de M. le comte de Mimerel, une dans la collection de M. Bruno Calvet à Bordeaux, la troisième vendue à la galerie Georges Petit, Paris, le 23 juin 1922, n° 15
Toulouse (lieu de provenance)
propriété de la commune, achat, Bordeaux, musée des Beaux-Arts
1830
BOYER-FONFREDE, Bernard
le haut de la toile a brûlé lors de l'incendie du musée le 7 décembre 1870
1798, Paris, Musée central des Arts, Salon de l'an VI, (n° 425) 1952-1953, Bordeaux, Galerie des Beaux-Arts, Les Chefs-d'oeuvre des Musées de Bordeaux, (p. 64) 1962, Paris, Bibliothèque Nationale, 'Jean-Jacques Rousseau, 1712-1778', (n° 263) - 1980-1981, Sydney, Art Gallery of New South Wales ; Melbourne, National Gallery of Victoria, 'French Paintings : The revolutionary Decades 1760-1830', (n° 124) 1994-1995, Munich, Lenbachhaus, Bordeaux, CAPC, Entre ciel et l'eau, (sans n°.)
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