77.989.0.23 ; 77.R.2009.0011 (N° récolement)
L'Apocalypse (11) : La femme de l'Apocalypse vêtue de soleil et le dragon rouge à sept têtes
Dürer : Nuremberg, 1471 ; Nuremberg, 1528 ; nationalité : Allemande
Allemagne
1497
Hauteur de l'oeuvre en cm 39 ; Largeur de l'oeuvre en cm 27.8 ; Hauteur de la feuille en cm 40.5 ; Largeur de la feuille en cm 29.2
monogramme, inscription, tampon
monogramme, devant en bas au milieu : AD ; inscription manuscrite au crayon : B 71 ; n° 1080 28. 11. 92 Mayer ; 4 ; 71. ; tampon du musée, derrière, marque circulaire : KUPFERSTICH SAMMLUNG STRASSBURG
gravure sur bois
La Femme revêtue du Soleil Le Dragon rouge à sept têtes (Chapitre XII, 1-5) Pour cette onzième feuille, Dürer est passé directement au chapitre douze de l'Apocalypse (versets 1-15), évoquant l'apparition de la femme de l'Apocalypse, celle que la tradition chrétienne a toujours identifiée avec la Vierge Marie. Irradiante de soleil, la tête couronnée de douze étoiles et debout sur un croissant de lune, la femme, sur le point d'enfanter, prie les mains jointes et, a contrario du verset biblique (2), attend le moment de la délivrance avec sérénité. La deuxième apparition, ' un énorme Dragon rouge feu à sept têtes et dix cornes, et sur les têtes, sept diadèmes ' (3), occupe majoritairement la partie droite de la composition. Doté d'une ' queue qui balaie le tiers des étoiles du ciel et les précipite sur la terre ' (4), le monstre protéiforme s'est posté devant la femme en travail et s'apprête à dévorer l'enfant à naître. Le fait que le nouveau né est ' un enfant mâle, [censé] mener toutes les nations avec un sceptre de fer ' (5), a tout naturellement induit une identification avec le Messie. Deux anges mettent le petit enfant hors de la portée du Dragon et l'enlèvent au ciel pour le rapprocher du Seigneur (6). Dürer s'inspire vraisemblablement de l'art funéraire où l'âme, assimilée à un enfant, est emportée au ciel afin de rejoindre le sein d'Abraham. Tel un patriarche, en effet, Dieu le Père, présenté en buste, bénit du haut des cieux la femme, le nouveau-né et les anges qui, dans la joie, contribuent à son enlèvement. La femme de l'Apocalypse reflétant elle aussi la sérénité, est dotée d'une paire d'ailes de grand aigle prêtes à se déployer, et qui lui permettront de s'envoler dans le désert, au lieu où, loin du serpent, elle pourra être nourrie un temps (14). L'ensemble de la composition dégage d'ailleurs une impression de souplesse et d'ondoiement ne donnant aucune prise à l'agressivité du monstre. Ce dernier effectue une nouvelle tentative pour engloutir la femme et tout ce qu'elle représente dans le fleuve d'eau qu'il vomit de sa gueule (15). Il est intéressant de constater que Dürer répond à ce jet immonde par un graphisme quelque peu confus, ' impur ', le seul de toute la feuille. Le Dragon polycéphale pourvu de sept têtes symbolisant les sept péchés capitaux, concentre de toute évidence le plaisir de Dürer à explorer son imaginaire fécond et à traduire par ses inventions formelles, son intense plaisir de créateur graphique.
propriété de la commune, ancien fonds, Strasbourg, cabinet des estampes et des dessins
date d'acquisition inconnue
Texte imprimé au verso
STRASBOURG, Attraits subtils, 2007-2008 (Galerie Robert Heitz, Palais Rohan.)
cat. expo STRASBOURG, Attraits subtils, 2008 (p. 42-43) catalogue établi par Sophie Renouard de Bussiere (Paris, Petit Palais, 1996, p. 62, n° 18.) cat. expo KARLSRUHE, A. Dürer .Druckgraphik, 1994 (Karlsruhe, Staatliche Kunsthalle, 1994, p. 75, H 4.11. ) Adam BARTSCH, Le Peintre graveur, Leipzig, 1866-1876 20, in 12° (n°71)