77.989.0.25 ; 77.R.2009.0013 (N° récolement)
L'Apocalypse (13) : Le dragon à sept têtes et la bête aux cornes d'agneau
Dürer : Nuremberg, 1471 ; Nuremberg, 1528 ; nationalité : Allemande
Allemagne
1496, 1497
Hauteur de l'oeuvre en cm 39 ; Largeur de l'oeuvre en cm 27.8 ; Hauteur de la feuille en cm 39.4 ; Largeur de la feuille en cm 28.1
monogramme, inscription, tampon
monogramme, devant en bas : AD ; Filigrane : ' fleur ' in Briquet, 1907, tome II, n° 6 485. ; inscription manuscrite au crayon : B. 74 ; n° 1080 28.11.92 Mayer ; 1 ou 7 ( ?) ; 74. ; tampon : marque circulaire : KUPFERSTICH SAMMLUNG STRASSBURG
gravure sur bois
Dürer offre dans la treizième feuille un condensé magistral des chapitres treize et quatorze de l'Apocalypse, illustrant les combats ultimes de la Bête, investie de la puissance immense que lui a transmise le Dragon (13, versets 1-17), jusqu'à l'annonce par des anges de l'heure du Jugement dernier qui, devant tomber tel un couperet, est symbolisé dans le récit par une faucille aiguisée prête à opérer moisson et vendange sur terre, pour mettre fin à la suprématie du monstre satanique et de ses adeptes (14, versets 14-20). Le chapitre treize est traité sur les deux tiers du registre inférieur, tandis que le tiers supérieur de l'image est consacré aux six derniers versets du chapitre quatorze. Très proche du Dragon à sept têtes voulant détruire la Femme de l'Apocalypse, de la planche précédente, Dürer fait surgir hors de la mer un monstre également à sept têtes, nanties de dix cornes serties de diadèmes (verset 1). La figure polycéphale qui se dresse à droite de la feuille, offre un amalgame génial entre la bête monstrueuse ' ressemblant à une panthère dotée de pattes d'ours et d'une gueule de lion ' et le Dragon, [qui] ' lui transmit sa puissance, son trône et un pouvoir immense ' (verset 2). Aussi chez Dürer, la terre et ses habitants, émerveillés d'avoir vu guérir la plaie mortelle d'une des têtes du monstre, se prosternent-ils devant une seule Bête, divergeant en cela de la description biblique : ' On se prosterna devant le Dragon, parce qu'il avait remis le pouvoir à la Bête ; et l'on se prosterna devant la Bête [.] (verset 4). L'Evangéliste voit ensuite surgir de terre, une autre Bête qui ' avait deux cornes comme un agneau, mais parlait comme un dragon ' (verset 11). Dürer l'a représentée au centre vers la gauche, elle aussi dotée d'une tête léonine et de pattes griffues. Connotant ainsi son apparence d'agneau, Dürer suggère l'ambivalence de la Bête d'autant plus redoutable qu'elle joue un rôle de représentant ' au service de la première Bête ' (verset 12). Tout en ' en établissant partout le pouvoir ' (verset 12), la deuxième créature satanique vit par procuration et se nourrit du fourvoiement des habitants de la terre prêts ' à adorer cette première Bête dont la plaie mortelle fut guérie ' (verset 12), et à se laisser confondre, par ailleurs, par les prodiges étonnants qu'elle accomplit, tel celui de ' faire descendre, aux yeux de tous, le feu du ciel sur la terre ' (versets 12-14). C'est le règne du faux prophète et du leurre qui n'épargne personne, puisque ' tous, petits et grands, riches ou pauvres, libres et esclaves ' (verset 16) peuvent être concernés. Ainsi la foule qui se presse pour adorer la Bête, reflète à l'instar de l'Ouverture du cinquième et du sixième sceau (B. 65), les différentes catégories de la société d'alors et se répartit pour l'essentiel, entre les gens issus du peuple à gauche et les hauts dignitaires et les dirigeants couronnés se pressant sous le monstre à droite. A la limite du groupe de gauche et sous la Bête aux cornes d'agneau, apparaît une petite figure portant un étrange couvre-chef orné d'un coq chantant qui symbolise ici comme l'a souligné M. P. K. (Schoch, II, p. 98), l'éloquence du meneur de foules prête à aider la Bête aux cornes d'agneau à accomplir sa mission. L'homme à gauche, en revanche, qui a rejoint le groupe des gens simples, semble vouloir jouer le rôle de contre intervenant, de modérateur, en levant les mains dans un geste de mise en garde positive, ce dont témoigne l'ancolie, la plante qui croît devant lui en tant que symbole du Christ et de la Vierge Marie. L'image est dominée par la figure hiératique de Dieu le Père, ' assis sur la nuée comme un Fils d'homme, ayant sur la tête une couronne d'or et dans la main une faucille aiguisée ' (verset 14), et qui chez Dürer revêt l'aspect d'une couronne impériale et d'un manteau liturgique réservé aux cérémonies les plus importantes. La faucille du Seigneur levée et prête à intervenir, annonce les moisson et vendanges sa nglantes dues aux combats drastiques contre les suppôts de Satan, tandis que les deux anges à droite, armés d'une faucille et d'une épée, ont déjà ouvert le feu des hostilités. L'ange portant la croix, vise l'une des têtes de la Bête qui, de panique, adopte une cambrure extrême, transformant ainsi son cou en véritable cible et, par ce mouvement de recul, annonce déjà la future défaite.
propriété de la commune, ancien fonds, Strasbourg, cabinet des estampes et des dessins
date d'acquisition inconnue
STRASBOURG, Attraits subtils, 2007-2008 (Galerie Heitz, Palais Rohan.)
cat. expo STRASBOURG, Attraits subtils, 2008 (p. 46-47) catalogue établi par Sophie Renouard de Bussiere (Paris, Petit Palais, 1996, p. 64, n° 20.) cat. expo KARLSRUHE, A. Dürer .Druckgraphik, 1994 (Karlsruhe, Staatliche Kunsthalle, 1994, p. 76, H 4.13.) BRIQUET C. M., Les Filigranes, 1907 (Briquet, 1907, tome II, n° 6 485. ) Adam BARTSCH, Le Peintre graveur, Leipzig, 1866-1876 20, in 12° (n°74)