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Plateforme ouverte du patrimoine

Rosa Bonheur

Identification du bien culturel

N°Inventaire

SN

Domaine

Titre

Rosa Bonheur

Précision auteur

Paris, 1854 ; Bordeaux, 1942

Ecole-pays

France

Période de création

Millésime de création

1910

Matériaux - techniques

Mesures

H. 158 ; L. 98 ; Pr. 89

Inscriptions

signé, daté

Précisions inscriptions

signé, daté à dextre sur le socle : Gaston Leroux, sculpteur, 1910 ; inscriptions sur le piédestal : Rosa Bonheur, 1822-1899

Description

Ronde-bosse en marbre

Précisions sujet représenté

Rosa Bonheur est assise sur un tabouret. Elle se tient légèrement déhanchée : son épaule droite avance, contrairement à l'épaule gauche. La jambe gauche accuse de même un mouvement vers l'avant, le bout du soulier dépassant de la jupe, en saillie par rapport au socle. Dans un mouvement étudié, la jambe droite est repliée vers l'arrière laissant apparaître le pied relevé vers l'extérieur, sous l'apaisseur des plis du vêtement de l'artiste. La disposition est similaire à celle donnée par Karl Zumbush dans son monument à Beethoven érigé en 1880 à Vienne. Il est possible que Leroux s'en soit inspiré. La position de R. Bonheur est très naturelle. Le bras gauche tombe le long du corps, la main tenant palette est pinceaux. La main droite, à l'index cassé, repose sur le genou gauche. Le doigt étant brisé, on peut imaginer que peut-être, cette main tenait un pinceau. Nous n'avons malheureusement trouvé nulle part précision de ce détail. Le sculpteur a rendu un sentiment 'd'instantanéité' dans le geste de Rosa Bonheur. Le corps penché légèrement en avant est la position du peintre. Ses traits se durcissent, son regard devient intense sous l'effet de la réflexion avant le geste créateur. Elle étudie son sujet. La tête de R. Bonheur est tournée vers la droite, son cou est tendu comme si l'artiste venait d'être attirée par quelque chose. Son visage, aux traits durs, est encadré de cheveux mi-longs, ondulés. Elle est vêtue d'une longue jupe, très ample, au beau drapé qui donne une nouvelle fois l'occasion à Leroux de réaliser, comme dans la statue de Tourny, une chute de nombreux plis sur le côté. Elle porte un gilet fermé ainsi qu'une veste redingote à gros boutons. Ce monument est un ensemble simple, vivant et très décoratif conçu pour incarner la grande artiste et la faire revivre. Les lignes sont larges et harmonieuses. Les critiques locaux s'accordèrent à trouver cet ensemble heureux : 'l'image a de l'allure, elle est digne de celle dont elle reproduit les traits', '(...) à la ressemblance frappante viennent s'ajouter la profondeur du regard, le geste simple et vrai', 'l'oeuvre est de belle allure, traitée avec cette élégante simplicité qui n'exclut pas la vigueur' (Dominique Remus)

Date sujet représenté

1822 né ; 1899 mort

Informations juridiques

Statut juridique

propriété de la commune, don manuel, Bordeaux, musée des Beaux-Arts

Date acquisition

1910

Ancienne appartenance

CRUZE, Henri

Informations complémentaires

Commentaires

'Rosa Bonheur reçut un premier hommage dans la ville de Fontainebleau. Un monument, fruit d'une initiative privée, lui fut érigé le 19 mai 1901 par Ernerst Gambard. Marot, alors adjoint délégué aux Beaux-Arts, représentant de la ville de Bordeaux, déclara, dans son discours, que la ville natale de la grande artiste tiendrait aussi à lui rendre un hommage public : 'Bordeaux a un devoir de reconnaissance à remplir envers la grande artiste. Déjà, la ville vient de donner le nom de R. Bonheur à l'une de ses rues ; elle complètera cet hommage en provoquant un mouvement qui lui permettra d'élever, sur l'une de ses places publiques, un monument à la mémoire de celle qui incarna le souvenir du pays natal, n'a jamais cessé de donner à sa patrie des gages précieux de sa reconnaissance'. Leroux considéra alors comme un devoir, du fait de sa fonction de professeur de sculpture à l'Ecole des Beaux-Arts de Bordeaux, de 's'inspirer de ce langage' et de concevoir aussitôt un projet. De ce fait, il exécuta une statue de plâtre représentant R. Bonheur exposée au Salon des Artistes Français en 1902 qualifiée de 'statues très vivante, une des oeuvres les meilleures de l'excellent statuaire'. Parallèlement à l'initiative toute personnelle de Leroux prennent naissance d'autres engagements. De nombreux journaux parisiens annoncent en mai 1902, à la grande surprise des bordelais, qu'un monument en l'honneur de R. Bonheur était en préparation très avancée suite à la formation d'un comité sur Bordeaux et Paris. Aucune décision de cet ordre n'avait pourtant été décidée sur Bordeaux ! A la fin du mois de juin suivant, les journaux parisiens publient la note suivante : 'Un comité vient de se former à Paris et Bordeaux sous la présidence d'honneur de M. Leygues, Ministre de l'Instruction Publique et la présidence, effective du peintre Bouguereau, membre de l'Institut, à l'effet d'ériger à Bordeaux un monument à la mémoire de R. Bonheur (...). Ce momument déjà honoré de souscriptions royales et dont les fonds sont en partie réunis, sera offert gracieusement à la ville de Bordeaux'. Suit le nom du sculpteur choisi pour l'exécution de l'oeuvre, Pierre Granet, 'compatriote de R. Bonheur'. Dans une lettre adressée à un éditorialiste de La Petite Gironde, Granet revendiquait cette commande en tant que bordelais de souche, considérant comme étranger tout sculpteur né hors de Bordeaux. Son projet semblait bien avancé représentant 'une Rosa Bonheur de 2,80 m. appuyée sur un percheron de 3,20 m. de hauteur, le tout reposant, non pas sur un socle architectural, mais sur un rocher bas duquel s'écoulera une source'. C'est à la même période que Leroux sollicite l'achat par l'Etat de sa statue exposée au Salon. Il est soutenu dans sa commande par son beau-père Loubès qui écrit à un proche en mai 1902 : 'qu'il (Leroux) n'a exécuté cette oeuvre importante qu'après avoir obtenu du maire de Bordeaux la promesse que la ville l'achèterait ou contribuerait à l'achat'. Il affirme de plus : 'qu'un sculpteur peu délicat connaissant l'oeuvre de son confrère et l'accord conclu avec le maire de Bordeaux, a imaginé un prétendu comité chargé d'offrir à la ville où est née R. Bonheur une statue qui n'est même pas ébauchée. M. Bouguereau est même assez mécontent qu'on ait abusé en cette circonstance de son nom...'. Suite certainement à cet engagement pris vis à vis de Leroux, la municipalité bordelaise accepte l'exposition de l'oeuvre dans une des salles de l'Hôtel de ville. Leroux, de retour de Paris, n'avait pu obtenir la satisfaction d'une commande de l'Etat. Aussi, propose-t-il au maire la transposition du plâtre en marbre, un piédestal en pierre dure de Poitou exécuté par l'architecte Touzin, le tout pour une somme de dix huit mille francs. Au cours de l'exposition du Salon des Amis des Arts de 1903, Leroux demande finalement l'acquisition du plâtre par la ville afin de voir figurer son oeuvre au Musée de Bordeaux. Leroux obtient enfin gain de cause suite à une séance du C onseil Municipal quelque peu mouvementée. L'achat est réalisé au prix de trois mille francs imputés sur le crédit affecté aux bustes de maires en 1903. La statue est placée dans le vestibule de la Galerie des tableaux anciens du Musée des Beaux-Arts. C'est finalement en 1909 que Leroux mène à terme son projet, celui du comité parisien étant totalement oublié. En effet, il accepte l'offre qui lui a été faite par Henry Cruse (1861-1944), riche négociant en vins, d'exécuter en marbre cette fameuse statue. Le 3 avril 1909 le moulage en plâtre quitte le Musée, est expédié en Italie afin d'y être transposé en marbre. Il fut malheureusement brisé sur place et ne revint jamais sur Bordeaux. Grâce à la générosité d'un particulier, le Jardin public de Bordeaux s'orne le 05 juillet 1910 d'une nouvelle oeuvre d'art. L'inauguration se déroule sans la moindre cérémonie officielle. La statue de marbre est placée au centre d'un des petits massifs de la terrasse. L'ensemble se présente sur un piédestal de plan carré, un soubassement de pierre formant base. Au-dessus, un socle quadrangulaire gravé sur sa face antérieure de l'inscription : 'Rosa Bonheur - 1822-1899', est surmonté d'une petite corniche. Les trois autres faces du socle sont décorées de petits panneaux aveugles affirmant un léger relief (Dominique Remus)

Bibliographie

In La Petite Gironde, 05 juillet 1910.- ; Remus D., Recherches sur le sculpteur Gaston Leroux-Veunevot (1854-1942), Bordeaux, Université de Bordeaux III, 1992, (n° 155 b (tome 2), n° 220 à 224 (tome 3).-) ; Dussol D., préface de Foucart B., Art et Bourgeoisie : la Société des Amis des Arts de Bordeaux (1851-1939), 1997, (p. 120, 125, 213, repr. en n. p. 69.-)