2004.5.1
Incendie de la poudrière d'Anvers
VAN HEIL : Bruxelles, 1604 ; Bruxelles, 1662
Flandres
H. 32.5 ; L. 56
monogrammé en bas au centre : D V
huile sur bois
Appartenant à une petite dynastie d'artistes bruxellois, son père et deux de ses frères sont également peintres, Daniel van Heil demeure aujourd'hui encore le plus recherché d'entre eux. Reconnu maître par la guilde de Bruxelles en 1627, il s'était fait une spécialité dans la peinture de paysages. Trois types de compositions dominent sa production: les scènes d'hiver, les paysages agrémentés de ruines et enfin les scènes d'incendie. Le tableau de Pau se rattache naturellement à cette dernière catégorie. Par son titre évocateur, il pourrait ambitionner de rivaliser avec les fameuses compositions d' Egbert van der Poel décrivant la tragique explosion de la poudrière qui ravagea la ville de Delft en 1654. On pourrait également proposer une lecture purement historique de cet incendie et y reconnaître un épisode de la ' furie espagnole ' qui provoqua la mise à sac d'Anvers en 1576. Cependant, ce type d' interprétation ne résiste pas toujours devant l'évidence du fait pictural car il s 'agit avant tout d'un brillant exercice de peinture. Ainsi, la fantaisie et le pittoresque ne sont jamais absents des compositions de Daniel van Heil. En effet, si l'on reconnaît aisément la célèbre flèche coiffant l'une des tours de la cathédrale d'Anvers, la description des belles façades à pignons se cantonne quant à elle à une approche plus probablement générique et décorative. L'embrasement de la ville constitue à l'évidence le sujet principal de cette oeuvre et offre à l'artiste l'occasion de déployer tout son talent de coloriste: braises rougeoyantes, flammes bondissantes dévorant les maisons patriciennes et éclairant le ciel bleu-nuit, volutes de fumée virant au noir d'encre. L'épaisseur de certains empâtements amplifie également ces contrastes recherchés entre les tons chauds de l'incendie et les tons froids du ciel. Au bout du compte, la dramatisation du sujet s'efface complètement devant les séductions du pinceau et de la couleur. Le succès rencontré par ces compositions chamarrées explique aisément leur répétition qui, souvent, s'inspirent librement des sources bibliques ou historiques pour décrire notamment les incendies de Sodome ou de Troie. (GA. 15 ans 09/2008)
propriété de la commune, achat avec participation du FRAM, Pau, musée des beaux-arts
2004
Galerie Jacques Leegenhoek
THIERY (Yvonne) et KERVYN DE MEERENDRE (Michel), Les peintres flamands de paysage au XVIIe siècle, Bruxelles, Editions Lefebrve et Gillet, 1987, repr. p. 110, cit. p. 111. (Thierry Kervyn de Meerendre 1987, repr. p. 110, cit. p. 111.) www.latribunedelart.com (<http://www.latribunedelart.com>, Brèves, 2005.) Le Festin 2008 'Trésors du musée des Beaux-Arts de Pau, 15 ans d'acquisitions', Le Festin, hors-série, Bordeaux, octobre 2008. (Le Festin 2008, repr. p. 74-75)