2007.4.1
Liriopé présentant Narcisse à Tirésias
CARPIONI : Venise, 1613 ; Venise, 1678
Italie
H. 72 ; L. 87
fable, Ovide : Les Métamorphoses d'Ovide (Livre 3)
Peintre et graveur du baroque italien, Giulio Carpioni naît et grandit à Venise. Sa période de formation demeure relativement obscure même si il est établi qu'il fut l'élève d'Alessandro Varotari, dit il Padovanino. Ce dernier, rétif aux artifices du maniérisme finissant, fut un des premiers à réinterpréter le classicisme de la première période du Titien. A cette influence déterminante se greffa la connaissance de la peinture bolonaise du XVIIe siècle et notamment de l'oeuvre de Simone Cantarini. Cependant, la critique moderne a surtout retenu les correspondances qui existent entre les compositions de Giulio Carpioni et celles de Nicolas Poussin, tant sur le plan des sujets, inspirés par la mythologie, que sur celui du style où prévaut l'idéal classique. Par ailleurs, l'oeuvre gravé de Pietro Testa, contemporain et proche de Nicolas Poussin, compta également beaucoup dans l'affirmation de son art. Etabli à Vicence dès 1638, il devint dès lors l'un des artistes les plus en vue de cette ville et reçut de nombreuses commandes pour des palais ou des établissements religieux. Tiré du livre III des Métamorphoses d'Ovide ( versets 339 - 510 ), le sujet de cette toile, à l'iconographie extrêmement rare, permet une évocation des plus captivantes du mythe de Narcisse. Liriopé, nymphe d'une grande beauté, conçut, de son union avec le dieu-fleuve Céphise, un enfant qu'elle prénomma Narcisse. Dès son plus jeune âge, celui-ci charmait les nymphes par la perfection de ses traits. Souhaitant découvrir l'avenir de son fils, Liriopé alla consulter Tirésias, célèbre devin de Thèbes. Devenu aveugle à la suite d'un différent entre Junon et Jupiter, Tirésias avait reçu en compensation le don de prédire l'avenir. Alors que Liriopé questionnait Tirésias, désireuse de savoir si son fils connaîtrait bonheur et longévité, ce dernier lui répondit de manière prophétique: ' Oui, s'il ne se connaît pas '. La suite du mythe devait hélas donner raison à Tirésias puisque Narcisse, étanchant sa soif dans un cours d'eau lors d'une chasse, allait tomber amoureux de son propre reflet jusqu'à s'en laisser mourir. Son corps disparut et à la place naquit une fleur nouvelle, blanche au coeur jaune: le narcisse. A la différence de nombreux artistes, au premier rang desquels Nicolas Poussin, qui ont choisi de traiter de l'épisode de Narcisse se mirant dans l'eau, Guilio Carpioni préfère décrire la rencontre de Liriopé avec Tirésias. La composition, d'une grande habileté, s'appuie sur les deux figures repoussoirs du premier plan et conduit au personnage central de Liriopé, vêtu d'un habit au bleu éclatant. Découvrant sur la droite un vaste paysage aux nuances gris-argenté, le peintre décrit avec volubilité les restes du temple où s'est installé Tirésias. Le raffinement des couleurs tout comme l'équilibre harmonieux qui se dégage de la scène en font un archétype de la peinture classisante de cette période. Cependant, l'artiste manifeste une certaine forme de licence en grossissant les traits physiques de plusieurs personnages mêlant types caricaturaux et chairs amollies. Ce dernier point rappelle la proximité des écoles du Nord et la perméabilité des artistes de Venise à leur influence. Du reste, il est plus que probable que Giulio Carpioni ait repris en l'adaptant le personnage de gauche jouant le rôle de spectateur d'après une gravure d'Abraham Bloemaert. (GA 15 ans 09/2008 )
propriété de la commune, achat avec participation du FRAM, Pau, musée des beaux-arts
2007
Galerie Blondeau-Breton, Paris.
www.latribunedelart.com (<http://www.latribunedelart.com>, Brèves, 2007.) Le Festin 2008 'Trésors du musée des Beaux-Arts de Pau, 15 ans d'acquisitions', Le Festin, hors-série, Bordeaux, octobre 2008. (Le Festin 2008, repr. p. 34-35-80.)