2009.1.1
La Mort d'Alexandre le Grand
TREVISANI : Capodistria, Italie, 1656 ; Rome, 1746
Italie
H. 74 ; L. 98
Elève d'Antonio Zanchi à Venise, Francesco Trevisani rejoint Rome en 1678. Dans la cité papale, la création picturale est alors dominée par les fortes personnalités que sont Carlo Maratta, Giovanni Battista Gaulli ou Giacinto Brandi. Ce dernier est sans doute celui qui exerça l'influence la plus durable sur Trevisani. Dès 1695, Trevisani travaille pour le cardinal Flavio Chigi et , à partir de 1698, devient le protégé du cardinal Pietro Ottoboni. Par la longévité de sa carrière et l'ampleur des commandes qu'il honora, Trevisani est un artiste qui joue un rôle fondamental dans le développement et la diffusion du rococo romain. Précisément, en 1735, Trevisani participe au vaste chantier de La Granja de San Ildefonso (non loin de Ségovie) que dirige Filippo Juvarra. Pour le Salon de las empresas del Rey de ce château, il livre une grande composition sur le thème de La famille de Darius aux pieds d'Alexandre, composition dont le musée du Louvre conserve une esquisse très aboutie ( R.F. 1939-12, H. 0,73; L. 0,98 ). D'un format sensiblement identique au tableau du Louvre, la toile acquise par le musée des Beaux-Arts de Pau aurait-elle un lien avec cette commande? Son sujet, si toutefois l'identification est correcte, pourrait le laisser penser. Il est, par ailleurs, intéressant de relever que l'histoire d'Alexandre, particulièrement populaire tout au long du XVIII siècle, avait été abordée en 1729 par le célèbre auteur de mélodrames, Metastase. La critique a ainsi souvent rapproché l'écriture mesurée et délicate du poète au style du peintre qualifié parfois de rococo arcadico . Dans ce nocturne , le magnifique traitement de la lumière met en évidence les gestes théâtralisés des deux officiers devisant à côté du corps abandonné d'Alexandre. L'un des deux soldats saisit une aiguière placée à côté des emblèmes de la royauté. Il pourrait s'agir d'une allusion à l'empoisonnement du Macédonien, explication qui a parfois eu cours pour justifier cette mort prématurée. Dans la pénombre, sur la droite, gît un fragment de relief où l'on distingue deux personnages, deux prêtres?, séparés par un bûcher. Il serait tentant d'y reconnaître une allusion au mazdéisme et, par extension, une allusion aux terres conquises par Alexandre. Cette toile, caractéristique de la manière de Trévisani, possède, dans le traitement des formes et des couleurs, cette texture suave et onctueuse qui en fait tout le prix. (G.A. 2009)
propriété de la commune, achat, Pau, musée des beaux-arts
2009
DEMANGE Jean et Jacques