DG 86-153 ; 153 (DG 1986)
Buste de Victor Hugo
RODIN : Paris, 1840 ; Meudon, 1917
masculin ; masculin
France
Hauteur (en cm) 38.5 ; L. (en cm) 16 ; Profondeur (en cm) 16
inscription
inscription sur le socle à gauche : F. BARBEDIENNE, Fondeur
Bronze, patine brune
objet en rapport
C'est en 1882 que Rodin inaugure sa série de bustes à l'effigie de ses amis écrivains et artistes, tels Carrier-Belleuse, J.P. Laurens ou encore Jules Dalou. Grand admirateur de Victor Hugo, il caresse déjà alors le projet de portraiturer l'illustre poète. L'occasion lui sera donnée l'année suivante grâce au journaliste Edmond Bazire, directeur de l''Intransigeant' et ordonnateur des célébrations organisées en l'honneur du 80e anniversaire de Victor Hugo, qui l'introduit auprès du maître. Hugo s'opposa d'abord fermement à cette idée car il croyait qu'aucune oeuvre ne pouvait surpasser son buste par David d'Angers. Mais devant la pugnacité du jeune Rodin ('Cher et illustre Maître, je m'excuse pour mon insistance mais l'ambition d'être le seul de ma génération qui fera le buste de Victor Hugo est si naturelle que vous ne me le reprocherez pas (...) Permettez-moi de me consacrer un peu de temps. Je n'abuserai pas de votre gentillesse et ne vous causerai pas de fatigue et le buste sera achevé sans que vous en soyez aperçu !...', lettre d'Auguste Rodin à Victor Hugo, 1883) et souhaitant aussi exprimer sa gratitude à Bazire, il autorisa finalement le sculpteur à modeler son buste, à la seule condition qu'il ne poserait pas. C'est donc dans des conditions particulièrement difficiles et inhabituelles que Rodin réalisa cette oeuvre, travaillant de mémoire et d'après une moisson d'esquisses rapides croquées sur le vif afin de ne pas déranger le poète qu'il eut toutefois le loisir d'étudier pendant quatre mois lors de ses fréquentes visites à l'appartement parisien de la rue d'Eylau. Achevé six mois avant la mort du modèle, le buste fut exposé au Salon de 1884. S'il obtint un succès de popularité auprès du public comme en témoignent les nombreuses répliques en plâtre, bronze, marbre et terre cuite, il déplut cependant à la famille Hugo qui sollicita Jules Dalou pour réaliser le masque mortuaire du poète. Rodin s'inspira cependant de ce buste pour exécuter quelques années plus tard ses deux projets de monuments représentant l'écrivain lors de son exil à Guernesey en 1855. La comparaison avec des photographies contemporaines révèle que Rodin a représenté l'écrivain plus jeune et vigoureux qu'il ne l'était en réalité. Sans doute faut-il voir dans cette idéalisation du modèle, procédé peu familier à Rodin, le signe tangible de la vénération du sculpteur à l'égard du poète qui incarne ici l'image universelle de la figure héroique du génie littéraire. Délaissant les détails accessoires, Rodin a concentré toute son attention sur l'expression et l'intelligence du poète que traduisent le grand front et le regard si pénétrant. Lors de sa première rencontre avec Victor Hugo qu'il comparait volontiers à Jupiter et à Hercule , Rodin fut vivement impressionné par sa forte personnalité : 'Son regard était magnifique, il me paraissait terrible...' ; en rapport avec : Rodin, Buste de Victor Hugo, Paris, Rodin, Buste de Victor Hugo, Paris (Orsay)
propriété de la commune, donation, Dijon, musée des beaux-arts
1986
Collection privée, Granville Pierre et Kathleen
Passeurs d'art : Hommage à Pierre et Kathleen Granville donateurs du musée des Beaux-Arts de Dijon, Dijon : musée des beaux-arts, 18 novembre 2006 - 29 janvier 2007 (fig. 28 p. 39)
Thuillier (Jacques), Granville (Pierre) et Lemoine (Serge), Musée des Beaux-Arts de Dijon : Troisième Donation Granville, Ville de Dijon, 1986 (Plaquette éditée à l'occasion de l'inauguration de la 3e Donation Granville) (n°153)