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Plateforme ouverte du patrimoine

Cuve de sarcophage dite "tombeau de saint Clair"

Identification du bien culturel

N°Inventaire

Ra 825 ; RA 825 (Numéro au musée des Augustins) ; Recueil..., n° 151 (Ancien numéro)

Dénomination

Titre

Cuve de sarcophage dite "tombeau de saint Clair"

Période de création

Matériaux - techniques

Mesures

Hauteur en cm 43 ; Longueur en cm 142 ; Largeur en cm 59 ; Epaisseur en cm 8,5 ; Profondeur en cm 3,5

Description

Il s'agit d'un sarcophage destiné à un enfant, d'où ses petites dimensions. Le couvercle n'est pas parvenu jusqu'à nous et nous en ignorons la forme et le décor. Peut-être avait-il été scellé sur la cuve grâce aux trous d'agrafes que l'on voit encore en haut de la face principale vers ses extrémités. Sur le petit côté qui se trouve à la gauche du visiteur qui regarde la frise sculptée sur cette grande face, un trou est percé de part en part, en bas, afin d'évacuer le liquide qui était dans la cuve. Son interprétation prête à discussion : soit il résulte d'une utilisation de la cuve comme bassin de fontaine, une fois sa fonction funéraire abandonnée, soit il faut y voir le témoignage d'un usage cultuel (robinet pour le prélèvement d'une eau ou d'une huile sanctifiées par des reliques ?) On ne saurait trancher. Sur trois faces sont sculptées des scènes paradigmatiques courantes dans l'art paléochrétien. Au centre de la grande face, accompagné de ses disciples, le Christ multiplie les pains qui sont déposés à ses pieds dans des corbeilles ou présentés par l'un de ses voisins ; l'autre tient plutôt, semble-t-il, une coupe de vin qui évoque le miracle des noces de Cana et complète le thème eucharistique. Jésus regarde l'Orante qui, debout, à sa droite, symbolise l'âme du défunt qui aspire au séjour auprès de Dieu. Plus à droite, le Christ ressuscite Lazare (Jean, 11, 1-47). Marie, la soeur de ce dernier, se lamente, prosternée aux pieds de Jésus. On remarquera l'allure classique du tombeau romain, un édicule à colonnes et fronton dans lequel se dresse Lazare. L'image est évidemment symbolique, annonciatrice de la résurrection du Christ. À gauche du Christ central, le patriarche Abraham s'apprête à sacrifier son fils Isaac devant un autel sur lequel brûle un feu. Une intervention de Dieu l'en empêcha, substituant un bélier à l'enfant. L'originalité de l'image tient au fait que sont, simultanément, représentés les trois hommes - Dieu trinitaire - qui apparurent à Abraham au chêne de Mambré afin de lui annoncer que sa vieille épouse Sara donnerait la vie à Isaac. Sara, voilée, est d'ailleurs représentée au milieu de la scène du sacrifice. Les deux scènes de l'Ancien Testament sont donc étroitement imbriquées pour préfigurer l'annonce de la naissance du Christ et son sacrifice sur la croix. Un autre sujet tiré de l'Ancien Testament occupe l'une des petites faces : le prophète Daniel, nu, les bras élevés vers Dieu, est épargné par les lions qui devaient le dévorer. Comme toutes les images précédemment évoquées, celle-ci signifie le salut de l'âme. L'autre petit côté, au contraire, rappelle le péché originel. Devant Adam et l'arbre du Paradis, autour duquel s'enroule le serpent du Mal, Ève s'apprête à cueillir le fruit défendu. Les corps trapus et charnus, dont l'anatomie se réfère cependant à des modèles gréco-romains (nus des petits côtés et d'Isaac), les visages bien ronds et volumineux, le détail des coiffures mettent cette oeuvre à part dans la production des sarcophages paléochrétiens du IVe siècle. Une étude récente de Georges Fabre a rappelé son lien avec le sarcophage de Lucq-de-Béarn, qui répond à peu près au même carton, avec deux morceaux de cuves découverts à Oloron et avec la face principale d'un sarcophage inachevé de Saint-Bertrand-de-Comminges. Cela lui a permis de suggérer l'existence d'un atelier de sculpture paléochrétienne dans la haute vallée de la Garonne. Serafin Moralejo et Marcel Durliat ont mis l'accent sur le rapport possible entre des oeuvres antiques comme celle-ci et la sculpture romane de la cathédrale de Jaca. Le sacrifice d'Abraham d'un chapiteau du portail méridional de la cathédrale aragonaise semble même s'inspirer de celui de notre sarcophage. De façon plus générale, la sculpture romane a bien puisé dans ce répertoire primitif d'images chrétiennes : la représentation du Péché originel du cloître de la cathédrale de Gérone peut ainsi être rapprochée de façon très suggestive de celle du petit sarcophage exposé ici. Y souffle encore l'esprit qui anime l'image garonnaise : celui d'un art qui prit des libertés face aux canons classiques tout en s'exprimant avec spontanéité et saveur. Daniel Cazes, extrait de la notice publiée dans le catalogue d'exposition « La Catalogne et la Méditerranée », 2008. ; Il s'agit d'un sarcophage destiné à un enfant, d'où ses petites dimensions. Le couvercle n'est pas parvenu jusqu'à nous et nous en ignorons la forme et le décor. Peut-être avait-il été scellé sur la cuve grâce aux trous d'agrafes que l'on voit encore en haut de la face principale vers ses extrémités. Sur trois faces sont sculptées des scènes courantes dans l'art paléochrétien (des premiers chrétiens). Au centre de la grande face, accompagné de ses disciples, le Christ multiplie les pains qui sont déposés à ses pieds dans des corbeilles ou présentés par l'un de ses voisins ; l'autre tient plutôt, semble-t-il, une coupe de vin qui évoque le miracle des noces de Cana et complète le thème eucharistique. Jésus regarde l'Orante qui, debout, à sa droite, symbolise l'âme du défunt qui aspire au séjour auprès de Dieu. Plus à droite, le Christ ressuscite Lazare. Marie, la soeur de ce dernier, se lamente, prosternée aux pieds de Jésus. On remarquera l'allure classique du tombeau romain, un édicule à colonnes et fronton dans lequel se dresse Lazare. L'image est évidemment symbolique, annonciatrice de la résurrection du Christ. À gauche du Christ central, le patriarche Abraham s'apprête à sacrifier son fils Isaac devant un autel sur lequel brûle un feu. Une intervention de Dieu l'en empêcha, substituant un bélier à l'enfant. L'originalité de l'image tient au fait que sont, simultanément, représentés les trois hommes - Dieu trinitaire - qui apparurent à Abraham au chêne de Mambré afin de lui annoncer que sa vieille épouse Sara donnerait la vie à Isaac. Sara, voilée, est d'ailleurs représentée au milieu de la scène du sacrifice. Les deux scènes de l'Ancien Testament sont donc étroitement imbriquées pour préfigurer l'annonce de la naissance du Christ et son sacrifice sur la croix. Un autre sujet tiré de l'Ancien Testament occupe l'une des petites faces : le prophète Daniel, nu, les bras élevés vers Dieu, est épargné par les lions qui devaient le dévorer. Comme toutes les images précédemment évoquées, celle-ci signifie le salut de l'âme. L'autre petit côté, au contraire, rappelle le péché originel. Devant Adam et l'arbre du Paradis, autour duquel s'enroule le serpent du Mal, Ève s'apprête à cueillir le fruit défendu. Les corps trapus et charnus, dont l'anatomie se réfère cependant à des modèles gréco-romains (nus des petits côtés et d'Isaac), les visages bien ronds et volumineux, le détail des coiffures mettent cette oeuvre à part dans la production des sarcophages paléochrétiens du IVe siècle. Très proche d'autres exemplaires pyrénéens (sarcophages de Lucq-de-Béarn et d'Oloron, sarcophage inachevé de Saint-Bertrand-de-Comminges) ce petit sarcophage pourrait être issu d'un atelier de sculpture de la haute vallée de la Garonne. Daniel Cazes, extrait de la notice publiée dans le catalogue d'exposition « La Catalogne et la Méditerranée », 2008.

Contexte historique

Utilisation / Destination

Découverte / collecte

Europe, France, Occitanie, Gers (Auch (Eglise Saint-Orens), lieu de découverte) ; (1792, date de découverte)

Précisions découverte

Avant 1789, elle contenait peut-être les restes de saint Clair (+ 510), ancien évêque d'Elusa (actuellement Eauze, Gers) dans l'église aujourd'hui disparue du prieuré Saint-Orens d'Auch (Gers, Gascogne). À l'est du collatéral nord de cet édifice, elle servait de support à la table de l'autel dédié à saint Clair. Récupérée en 1806 par Pierre Sentetz, bibliothécaire d'Auch, qui la donna en 1834 au musée des Antiques de Toulouse.

Informations juridiques

Statut juridique

propriété de la commune, transfert, Toulouse, musée Saint-Raymond

Date acquisition

1998 acquis

Ancienne appartenance

Collection privée, Sentetz Pierre, 1834;Collection publique, Musée des Augustins, 1834 (Don de Pierre Sentetz.)

Informations complémentaires

Exposition

De l'art des Gaules à l'art français, musée des Augustins, Toulouse, 1956 (p. 63, n° 177) La Catalogne et la Méditerranée dans la plénitude de l'art roman (1120-1180), MNAC de Barcelone, 29/02/2008 - 18/05/2008

Bibliographie

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