Ra 112 ; 30339 (Ancien numéro)
Athéna
Hauteur en cm 145 ; Largeur en cm 52 ; Profondeur en cm 32
Athéna, déesse de la sagesse et de la guerre, avait inventé la double-flûte. Remarquant qu'en jouer déformait son visage, elle jeta l'instrument de musique et interdit à quiconque de s'en servir. La suite de cette histoire a été illustrée par le sculpteur grec Myron vers 460 avant notre ère. On y voyait le silène Marsyas jaillissant d'un fourré pour s'emparer de l'instrument de musique. Athéna l'arrêtait d'un geste autoritaire. À Chiragan, on n'a pas retrouvé le moindre fragment qui laisse supposer qu'une réplique du Marsyas de Myron - dont le plus bel exemplaire est au Museo gregoriano profano du Vatican - était à côté de celle de son Athéna. La conformité générale de cette dernière réplique avec les autres connues (Liebieghaus de Francfort pour la plus complète, Louvre, Prado, collection Lancelotti à Rome) permet de reconnaître, même s'il a été quelque peu modifié par le copiste, l'art de Myron. Il s'agit d'une Athéna classique, de style sévère, servie par une organisation rigoureuse des plis du péplos. Par rapport à d'autres copies, le travail de la draperie atteint ici une variété et une richesse qu'il faut noter. Athéna est en appui sur sa jambe droite ; de ce côté apparaissent les attaches de la lance qu'elle tenait du bras droit, dans sa majeure partie disparu. Sa frontalité est modérée par l'esquisse d'un recul, traduit par une légère flexion et un glissement vers la droite du spectateur - c'est-à-dire vers Marsyas - de la jambe gauche. Surprise par le silène, qui bondissait derrière elle, Athéna se retournait pour lui intimer, de son bras gauche tendu vers le bas, l'ordre de s'éloigner et de ne pas toucher aux flûtes restées à terre. Le caractère impérieux d'Athéna était souligné par une tête casquée qui se retournait vigoureusement, comme sur la statue de Francfort. La torsion du cou est perceptible sur celle du musée Saint-Raymond, malgré la perte de la tête. À l'arrière de celui-ci subsiste un renfort qui, selon Fabrizio Slavazzi, signerait la copie, car il apparaît sur des sculptures retrouvées dans des villes côtières de Pamphylie (Asie Mineure). La statue de Chiragan, peut-être réalisée au IIe siècle, proviendrait donc de cette région lointaine, où l'activité des sculpteurs était alors de grande ampleur, profitant de la paix et de la prospérité générale de l'Empire romain. ; Myron, célèbre sculpteur grec du Ve siècle avant notre ère, avait choisi d’évoquer un épisode de l’histoire d’Athéna (la Minerve romaine, déesse de la sagesse, de la guerre et de l’artisanat, protectrice d’Athènes) et de Marsyas, un satyre. La déesse avait inventé la double flûte, fabriquée à l’aide de roseaux. En essayant son nouvel instrument, elle s’aperçoit avec horreur que souffler dans la flûte lui déforme les joues et la rend laide… si bien qu’elle la jeta en s’éloignant. Le satyre Marsyas, qui avait observé la scène, intrigué, s’approche et se précipite pour s’emparer de l’instrument. Athéna lui interdit formellement d’y toucher. C’est l’instant que Myron choisit pour les figer dans le bronze. Seules ont été retrouvées des copies incomplètes de ce groupe célèbre. Le groupe originel de Myron montrait une Athéna très calme et hautaine, casquée et s’appuyant sur une lance qu’elle tenait de la main droite. Elle tendait la main gauche vers une flûte posée au sol, dans un geste autoritaire d’interdiction adressé à Marsyas. Celui-ci s’arrêtait donc dans son élan, le bras tendu vers le haut. La Minerve de Martres est d’une grande qualité, proche de celle de Francfort. Elle paraît immobile, de face, alors qu’un mouvement imperceptible du plissé du vêtement, partant des pieds jusqu’à l’épaule gauche, accompagne le geste et le mouvement de la déesse en marche.
objet en rapport
Copie de l'Athéna du sculpteur grec Myron au 5e siècle avant notre ère. ; en rapport avec : Athéna de Myron
Europe, France, Occitanie, Haute-Garonne, Martres-Tolosane (Villa de Chiragan, lieu de découverte) ; Fouilles archéologiques ; (1890-1891, date de découverte) ; (Lebègue Albert, découvreur)
propriété de la commune, mode d'acquisition inconnu, Toulouse, musée Saint-Raymond
Paul Valéry et les arts, musée Paul-Valéry, Sète, 07/06/1995 - 30/10/1995
Registre d'inventaire, musée des Augustins, 1831-1916. (n° 667 : indique bien campagne de fouilles de 1890-1891 mené par M. Lebègue) Reinach (Salomon), Répertoire de la statuaire grecque et romaine, t. II, vol. II, Paris, 1898, (p. 674, fig. 2.) Léon Joulin, "Les établissements gallo-romains de la plaine de Martres-Tolosane" dans Mémoires présentés par divers savants à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1ère série, tome XI, 1ère partie, Paris, 1901 (n° 148 D.) Sauer, dans Wochenschrift für Klassische Philologie, 1907, col. 1240-1244. Emile Espérandieu, Recueil général des bas-reliefs de la Gaule romaine, t. II, Paris, 1908 (n° 911.) Sauer, dans Arch. Jahrbuch XXIII, 1908, p. 125-162, pl. III-IV. Michon (E.), dans Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1908, p. 335-343. Pollak, dans Wiener Jahreshefte XII, 1909, p. 154-165. Reinach (Salomon), dans Gazette des beaux arts, 1910-I, p. 78. Lechat (H.), dans Revue des études anciennes, 1910, p. 137 ss. Rachou, Henri, Catalogue des collections de sculpture et d'épigraphie du musée de Toulouse, Toulouse, Editions Privat, 1912 (n° 112.) Lechat (H.), dans Revue des études anciennes, 1913, p. 130 ss. Jamot (Paul), "L'Athéna" de Myron au Musée de Toulouse", dans Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France, XVII/1, 1930, p. 59-70 et 1 pl. Bulletin municipal de la Ville de Toulouse, Toulouse, 1936, (p. 830.) Daltrop (Georg), Il gruppo mironiano di Atena e Marsia nei Musei Vaticani, Città del Vaticano, 1980. Daltrop (G.) et Bol (P.C.), Athena des Myron, Liebieghaus Monographie, Band 8, Francfort, 1990. Geoffroy (Bérénice), "Les 'Athéna' classiques du Musée du Louvre (II), l'Athéna Parthénos : une belle disparue...", dans Archéologia n° 278, avril 1992. ((bibliographie de comparaison).) Paul Valéry et les arts. Exposition, Musée Paul-Valéry, Sète, 20 juillet-15 octobre 1995, Arles, Actes Sud, 1995 (p. 120.) Slavazzi (Fabrizio), Italia Verius quam provincia. Diffusione e funzioni delle copie di sculture greche, nella Gallia Narbonensis, Edizioni Scientifiche Italiane, Naples, 1996, (p. 30-31 et fig. 25 et p. 182-183.) Daniel Cazes, Le Musée Saint-Raymond, Musée des Antiques de Toulouse, Paris, Somogy, 1999 (p. 107-108) Archéologie d'art et d'Histoire, 2010. (tome III, p. 104, fig.37.) L'essentiel des collections 2011, Musée Saint-Raymond, musée des Antiques de Toulouse (Les guides du MSR.1) (p. 38, 39.) Pascal Capus, Les sculptures de la villa romaine de Chiragan. Catalogue numérique, Toulouse, Musée Saint-Raymond, 2019 Pascal Capus, Les sculptures de la villa romaine de Chiragan (Les guides du MSR 2), Toulouse, Musée Saint-Raymond, 2020 (p. 159)