Ra 28 f ; 30372 et 30383 (Ancien numéro)
Hercule et les Pommes d'Or des Hespérides
Hauteur en cm 148 ; Largeur en cm 63 ; Profondeur en cm 21
Lorsqu'elle avait épousé Jupiter, Junon avait reçu en cadeau de merveilleuses pommes d'or. Elle les avait enfouies dans son jardin, au pied du mont Atlas, faisant ainsi croître un arbre extraordinaire qui produisait des fruits semblables. Trop souvent volées par les filles d'Atlas, ces pommes, mais aussi l'arbre qui les portait, furent placés sous la protection d'un serpent immortel. Veillaient aussi sur l'arbre les trois nymphes du soir, les Hespérides : Aeglé ("la Brillante"), Erythie ("la Rouge") et Hespéraréthousa ("l'Aréthuse du Couchant"), qui, de leurs clartés et chaudes couleurs embrasaient la fin du jour dans l'Occident du monde. Après un long voyage semé d'obstacles à la recherche du fameux jardin des Hespérides, puis suivant la course du Soleil, Hercule découvrit enfin l'arbre aux pommes d'or. Après avoir tué le serpent qui, tel celui du jardin d'Eden, vivait enroulé autour de son tronc, le héros cueillit les fruits réservés aux dieux. Il les remit d'abord à Eurysthée, puis à Minerve qui s'empressa de les ramener sur l'arbre défendu. La présence du relief illustrant ce mythe à Chiragan avait été perçue, dès la première fouille, grâce à la découverte d'un avant-bras gauche drapé dont la main porte cinq fruits rebondis et légèrement piriformes. Mais cela restait peu de chose pour imaginer la scène. Parmi les nombreux morceaux de sculpture non identifiés restés en caisse dans les réserves du musée, nous avons pu retrouver le torse nu, oblitéré du baudrier d'un carquois, qui se raccorde à cet avant-bras. Mais aussi la retombée de la "draperie" qui est en fait la peau d'un bovidé - curieusement, et non la peau plus traditionnelle du lion de Némée -, comme le montre le sabot qui la prolonge, la jambe et le pied gauches, avec une partie du terrain. Ici, on notera un détail : ce pied en écrase un autre, beaucoup plus petit, qui surgit de la chute d'un vêtement long dont on suit l'ondulation. Il y avait donc là un personnage de plus faible dimension qui participait à la scène, selon une pratique iconographique déjà utilisée sur d'autres reliefs de la série. Enfin, les ressources des magasins du musée nous ont aussi permis de replacer au-dessus de l'épaule gauche un autre morceau significatif. Il situe la moulure supérieure du cadre en partie dissimulée sous un feuillage fourni qui est celui de l'arbre aux pommes d'or. Avec attention, on y verra aussi les ailerons d'une flèche dont on suggérera qu'elle transperce le serpent inséparable de l'arbre. La hauteur complète du relief est ainsi connue : elle s'inscrit dans la norme de ceux que l'on a déjà décrits. Mais si sa largeur ne peut être vérifiée, il semble, grâce à cette réintégration de morceaux oubliés, que la figure d'Hercule occupait la partie gauche du relief, comme dans les scènes de sa lutte contre l'hydre de Lerne et les oiseaux du lac Stymphale. [Daniel Cazes, avril 1998]
objet en rapport
voir aussi : haut-relief (Ra 28 k) ; (les cinq pommes du Ra 28 k + J 105 b
Europe, France, Occitanie, Haute-Garonne, Martres-Tolosane (Villa de Chiragan, lieu de découverte) ; Fouilles archéologiques ; (1826-1828, date de découverte)
Le premier morceau (avant-bras et sa main portant les pommes d'or) a été découvert lors des fouilles de 1826-1828.
propriété de la commune, mode d'acquisition inconnu, Toulouse, musée Saint-Raymond
Alexandre Du Mège, Notice des monumens antiques et des objets de sculpture moderne conservés dans le Musée de Toulouse, Toulouse, 1828 (n° 82.) Alexandre Du Mège, Description du Musée des Antiques de Toulouse, Toulouse, Douladoure Jean-Matthieu, 1835, une autre édition du même catalogue, en 1835, chez F. G. Levrault à Paris (n° 172.) Ernest Roschach , Musée de Toulouse. Catalogue des antiquités et des objets d'art, Toulouse, Imprimerie Viguier, 1865 (n° 28 i.) Léon Joulin, "Les établissements gallo-romains de la plaine de Martres-Tolosane" dans Mémoires présentés par divers savants à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1ère série, tome XI, 1ère partie, Paris, 1901 (n° 91 B, 119 A (les cinq pommes du Ra 28 k), 105 B, 120 BDE.) Emile Espérandieu, Recueil général des bas-reliefs de la Gaule romaine, t. II, Paris, 1908 (p. 36-37, n° 899 (4).) Rachou, Henri, Catalogue des collections de sculpture et d'épigraphie du musée de Toulouse, Toulouse, Editions Privat, 1912 (p. 29, n° 28 k.) Daniel Cazes, Le Musée Saint-Raymond, Musée des Antiques de Toulouse, Paris, Somogy, 1999 (p. 98.) Julie Massendari, Carte Archéologique de la Gaule, pré-inventaire archéologique publié sous la resp. de Michel Provost. La Haute-Garonne (hormis le Comminges et Toulouse), 31/1, Paris, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 2006 (fig. 125 p. 251.) Pascal Capus, Les sculptures de la villa romaine de Chiragan. Catalogue numérique, Toulouse, Musée Saint-Raymond, 2019 Pascal Capus, Les sculptures de la villa romaine de Chiragan (Les guides du MSR 2), Toulouse, Musée Saint-Raymond, 2020 (p. 162)