Autel votif dédié à Boccus Harauso par Marcus Valerius Fuscinus

N°Inventaire

Ra 284 ; 31110 (Ancien numéro)

Domaine

Dénomination

Titre

Autel votif dédié à Boccus Harauso par Marcus Valerius Fuscinus

Période de création

Matériaux - techniques

Mesures

Hauteur en cm 83,4 ; Largeur base en cm 44,3 ; Largeur corps en cm 35 ; Profondeur base en cm 36 ; Profondeur corps en cm 25,5

Précisions inscriptions

dédicace (latin), corps : Inscription sur cinq lignes, BOCCO / HARAVSONI / M. VALERIVS / FVSCINVS / V S L M, Bocco / Harausoni, / M(arcus) Valerius / Fuscinus / v(otum) s(olvit) l(ibens) m(erito)., traduction : À Boccus Harauso, Marcus Valerius Fuscinus s'est acquitté de son voeu de bon gré et avec une juste reconnaissance. (trad. L. Rodriguez, R. Sablayrolles, cat. 2008, n°6)

Description

Base : une cassure au niveau de l'angle antérieur gauche a emporté près d'un quart de la base. L'angle postérieur droit a subi une cassure comparable. Les autres angles et arêtes sont légèrement érodés, les moulures assez bien conservées. Modénature : la base est débordante par rapport au corps. Rainure d'onglet, ovolo renversé, listel plat, doucine renversée, talon renversé sur les quatre faces. Couronnement : les quatre angles de la corniche sont brisés, le bandeau est endommagé sur toutes les faces. Modénature : le couronnement est débordant par rapport au corps. Cavet droit, listel plat, bandeau renversé sur les quatre faces. Le coussin se compose d'un bandeau d'attique plus large que haut, encadré de deux pulvilli entièrement arasés. Ils étaient ornés, sur la face antérieure, d'un décor circulaire (volutes ou spirales), dont il reste quelques traces au niveau du pulvillus droit. La face antérieure est occupée par un creusement rectangulaire (20 x 17 cm à l'ouverture, dimensions rétrécies au fond : prof. de l'excavation : environ 6,2 cm), pratiqué après la retaille de l'autel (bénitier ?). Un trait horizontal sur la face antérieure, à droite, paraît être un repère gravé lors de cette retaille de la partie supérieure de l'autel. Le champ épigraphique est délimité par un cadre mouluré. Ordinatio et paléographie : la mise en page est maladroite : l'alignement du texte à gauche est approximatif, et les lignes 2, 3 et 4 s'achèvent contre le cadre à droite. Le lapicide a recouru à une ligature en fin de ligne 2, par manque d'espace, et a resserré les trois dernières lettres de la ligne 3 (le V et le S sont même légèrement imbriqués l'un dans l'autre, la hauteur du I est raccourcie). Il reste de l'espace sous l'inscription dans le cadre. Les lignes 1 et 5 sont de hauteur supérieure aux autres lignes. La gravure est large et profonde, la hauteur et la largeur des lettres sont irrégulières. La forme des O et des C, au tracé mal arrondi, est variable d'une occurrence à l'autre. La panse du R de la ligne 3 n'est fermée que par une incision horizontale gravée plus superficiellement que le reste de la lettre, et la panse supérieure du B est plus petite que la seconde. Les jambages latéraux des M tendent vers la verticale. DECOR Un décor de patère, érodé, est sculpté sur la face latérale gauche. Elle se compose de deux cercles concentriques et d'un ombilic percé. Un trou de scellement a été percé en bas et à droite de la patère, il contient encore une tige métallique. La face latérale droite est décorée d'un vase à libation. Sa panse, piriforme mais à épaulement anguleux, est décorée de trois godrons accolés, soulignés chacun d'une incision et d'un bourrelet. Le col est haut et très étroit, de même que la partie supérieure du pied balustre, tandis que sa base a une forme de queue d'aronde très prononcée. L'anse, qui se termine à chaque extrémité par un enroulement, est fixée au vase au niveau de la carène. La forme du bec est atypique. COMMENTAIRE Le théonyme n'est attesté qu'en deux autres endroits : à Sauveterre-de-Comminges, sur une dédicace offerte par un membre de la même gens (M. Valerius Fuscus, CIL XIII, 284, voir n° 15) et sur un autel de Valentine, dédié par un Licinius Iustus, avec une orthographe légèrement différente : Boucco . La forme nominative du nom, au moins pour les autels des deux Valerii, était probablement Boccus plutôt qu'un indéclinable Bocco (voir p. XXX). L'épiclèse, en revanche, à un datif de la troisième déclinaison latine dans les deux cas, est orthographiée différemment sur les deux autels des Valerii, mais absente sur la dédicace de Valentine : Harausoni et Harousoni. L'alternance de la diphtongue (au/ou), dont J. Gorrochategui a cherché des parallèles, peut être due à une erreur de copie du lapicide ou à la difficulté de transcrire en latin une sonorité propre à la langue aquitanique, comme le conjecturait déjà J. Sacaze . Les dédicants des deux monuments possèdent un prénom et un gentilice identiques, et des surnoms dérivés l'un de l'autre, Fuscinus diminutif de Fuscus. Il s'agit-il probablement de deux membres d'une même gens, peut-être un père et son fils, d'autant que les deux inscriptions pourraient avoir été réalisées par le même lapicide . Laetitia Rodriguez et Robert Sablayrolles, 2008

Historique

Les tria nomina du dédicant invitent à placer l’inscription entre la deuxième moitié du Ier siècle et la première moitié du IIIe siècle. (L. Rodriguez, R. Sablayrolles, cat. 2008, n°6)

Utilisation / Destination

Découverte / collecte

Europe, France, Occitanie, Haute-Garonne (Aulon, lieu de découverte)

Précisions découverte

L’incription de cet autel, copiée pour la première fois à la fin du XVIe siècle par J.-J. Scaliger, a été reprise dans le recueil de J. Gruter au XVIIe siècle. L’indication de provenance se limitait à une vague mention « in convenis Novempopulania ». A. Du Mège, en 1814, mettait en doute son existence, assimilant, à tort, ce texte à la copie faite par J.-J. Scaliger de l’inscription dédiée au même dieu par Valerius Fuscus . En 1818, le Musée de Toulouse ne comptait toujours qu’un seul autel dédié à Boccus, l’autel n° 15. C’est entre 1818 et 1822 que A. Du Mège prit connaissance de l’existence de deux monuments distincts. Ils sont, en effet, tous deux mentionnés dans le manuscrit transmis par le préfet de Haute-Garonne à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres en 1822 . L’autel était alors, au dire de A. Du Mège, « encore à Aulon ». Il s’agit plus probablement de la commune d’Aulon (Haute-Garonne) dans la vallée de la Noue que de son homonyme de la vallée d’Aure (Hautes-Pyrénées), où E. Roschach situait la découverte dans son catalogue de 1865. En effet, plusieurs autres inscriptions ont été découvertes à Aulon en Haute-Garonne et A. Castaing, en 1885, situait l’autel de Fuscinus à Aulon, « à 20 km de Bouccou », évaluation qui correspond à la distance entre Aulon (Haute-Garonne) et Bouccou, et non pas à celle entre Aulon (Hautes-Pyrénées) et Bouccou (40 km). Les traits communs aux deux autels dédiés à Boccus invitent également à attribuer la découverte à la vallée de la Noue . L’autel a rejoint le Musée de Toulouse avant 1856, date à laquelle J. Cénac-Moncaut l’y signalait. (L. Rodriguez, R. Sablayrolles, cat. 2008, n°6)

Statut juridique

propriété de la commune, mode d'acquisition inconnu, Toulouse, musée Saint-Raymond

Localisation

Bibliographie

Archéologie pyrénéenne. Atlas des prolégomènes, II, Toulouse, s. d., (II, pl. 1-2, fig. 13) Ernest Roshach, Antiquités : musée des Augustins, Objets d'art : musée Saint-Raymond, Toulouse, Toulouse, Imprimerie Viguier, 1865 (n° 180.) Sacaze (Julien), Inscriptions antiques des Pyrénées, Toulouse, 1892, (p. 255, n° 199) Rachou (Henri), Catalogue des collections de sculpture et d'épigraphie du musée de Toulouse, Toulouse, éd. Privat, 1912, (n° 284.) Corpus Inscriptionum Latinarum, vol. XIII, 1916, (79) Rodriguez (Laetitia) et Sablayrolles (Robert), Les autels votifs du musée Saint-Raymond, musée des Antiques de Toulouse, catalogue raisonné, 2008, (p. 48-51.)