Ra 239 ; 31084 (Ancien numéro)
Autel votif dédié à Jupiter Très Bon Très Grand par Fortunatus
Hauteur en cm 92,7 ; Largeur base en cm 48,8 ; Largeur corps en cm 39,2 ; Profondeur base en cm 34 ; Profondeur corps en cm 25,3
dédicace (latin), couronnement et corps : I.O.M // PRO SALVTE ET / REDITV PETRONIAE/ MAGNAE FORTV/NATVS ACT ARAM / CVM HOSTIA FECIT / ITEM PRO SALVTE SV/A ET SVORV OMNIVM / V.S.L.M, I(oui) . O(ptimo) . M(aximo), // pro salute . et . / reditu . Petroni'ae'/ Magnae, . Fortu/natus, . act(or), . aram / cum . hostia . fecit / item . pro salute . su/a . et . suoru(m) . omnium / u(otum) . s(oluit) . l(ibens) . m(erito)., traduction : À Jupiter Très Bon et Très Grand, pour la sauvegarde et le retour de Petronia Magna, Fortunatus, son régisseur, a fait faire cet autel et a immolé une victime. Il l'a fait aussi pour sa propre sauvegarde et pour celle de tous les siens. Il s’est acquitté de son voeu de bon gré et avec une juste reconnaissance. (trad. L. Rodriguez, R. Sablayrolles, cat. 2008, n°141)
Les grandes dimensions de l'autel et le soin apporté à sa taille (moulures, faces polies), à sa décoration (balustres et décors des faces latérales) et à la gravure de son inscription indiquent qu'il s'agit là d'une offrande de prix, qui fut accompagnée d'un sacrifice, comme le rappelle le texte de l'inscription. La divinité protectrice invoquée est Jupiter Très Bon et Très Grand et la dédicace s'inscrit dans le registre classique des offrandes effectuées pour la protection et le retour d'une personne, généralement partie en voyage. La bénéficiaire est une femme appartenant à une famille citoyenne, dont le gentilice (nom de famille), Petronius/a, est largement attesté en Occident. Son surnom, Magna, est commun et répandu, comme celui du dédicant, Fortunatus. Régisseur de Petronia Magna, Fortunatus, qui devait donc voir ses responsabilités accrues durant l'absence de celle-ci, était peut-être un esclave, bien qu'il ne fût pas désigné comme tel dans le texte. Son nom unique, l'habitude des maîtres de donner aux esclaves des surnoms liés à la notion de destin ou de chance et sa fonction « d'actor » (régisseur) sont autant d'arguments en faveur de cette hypothèse. Le fait qu'il associe les siens à la dédicace pourrait cependant inciter à voir en lui un homme libre pourvu d'une famille. Claudine Jacquet, d'après la notice de Robert Sablayrolles et Laetitia Rodriguez extraite du « Catalogue raisonné des autels votifs du musée Saint-Raymond », 2008. ; L'autel a été soigneusement poli sur les faces latérales et antérieure, des traces superficielles de ciseau subsistent cependant sur les faces latérales. La face postérieure, laissée brute, présente des traces de ciseau grain d'orge (l'outil utilisé est plus fin sur la base que sur le corps). Des bandes périmétrales dégagées au ciseau délimitent les contours de chacune des faces : un premier cadre suit les côtés et le haut de la base, le second entoure un ensemble formé du corps et des deux chanfreins de la base et du couronnement. Base Une fissure partie du centre du corps descend jusqu'à la base, où une lacune a été rebouchée par du plâtre. Modénature : la base est débordante par rapport au corps. Rainure d'onglet, tore, listel plat, doucine renversée, listel plat, cavet renversé sur trois faces ; chanfrein renversé sur la face postérieure. Corps Le champ épigraphique est délimité par un cadre mouluré. Couronnement : - Corniche : les angles postérieurs et antérieur gauche de la corniche sont brisés, le bandeau est légèrement endommagé sur les faces latérales. Modénature : le couronnement est débordant par rapport au corps. Cavet droit, listel plat, doucine droite, bandeau renversé sur les faces latérales et antérieure ; chanfrein renversé, bandeau renversé sur la face postérieure. - Coussin : le coin antérieur droit du coussin présente une cassure nette. Le coussin est constitué d'un bandeau d'attique plus large que haut, encadré de deux pulvilli. Ces derniers, nettement séparés du bandeau d'attique sur les faces latérales, ont été soigneusement arasés jusqu'à son niveau. Les pulvilli sont ornés sur la face principale de fleurons inscrits dans un cercle, reliés par un cordon tressé qui souligne le haut du couronnement. La face supérieure du coussin est rigoureusement plane entre les pulvilli. Un évidement rectangulaire (15,8 x 12,2 cm) est creusé en son centre. Un second creusement rectangulaire aux contours moins nets (environ 12 x 10 cm) ménage une feuillure pour constituer la mortaise d'encastrement d'un décor sommital (prof. totale de la cavité : 9 cm). Des traces de concrétion témoignent de l'exposition de l'autel à l'érosion. ÉPIGRAPHIE I(oui) O(ptimo) M(aximo), // pro salute et / reditu Petroni'ae'/ Magnae, Fortu/natus, act(or), aram / cum hostia fecit / item pro salute su/a et suoru(m) omnium / u(otum) s(oluit) l(ibens) m(erito) . À Jupiter Très Bon et Très Grand, pour la sauvegarde et le retour de Petronia Magna, Fortunatus, son régisseur, a fait faire cet autel et a immolé une victime. Il l'a fait aussi pour sa propre sauvegarde et pour celle de tous les siens. Il s'est acquitté de son vœu de bon gré et avec une juste reconnaissance. Ordinatio et paléographie La mise en page est très réussie, l'inscription occupe toute la surface du champ épigraphique. La dernière ligne est gravée contre la moulure du cadre. La gravure de l'inscription est particulièrement soignée. Quelques lettres ont une graphie curieuse : les E sont gravés comme des F, sans la barre inférieure, les barres transversales des A sont remplacées par des points, et le G est gravé avec une cédille. Les jambages des M sont obliques. La lettre M d'omnium a été rajoutée entre les lignes 6 et 7. H. des lettres : l. 1 : 3,9 ; l. 2-4: 4,2 ; l. 5 et 6 : 3,9 ; l. 7 et 8 : 3,5 ; l. 9 : 2,4. DECOR Un vase à libation orne la face latérale gauche. Sa panse, carénée, est décorée de quatre godrons sculptés en relief. Un cordon torsadé, aux stries symétriques de part et d'autre du centre, marque la carène, et le col est cannelé. L'anse est arrondie au niveau du coude, où elle est munie d'un poucier, et se termine par un petit disque fixé au niveau de la carène. Le pied, en forme de queue d'aronde, est sculpté en fort relief, une partie sculptée en moindre relief indique la perspective. Le goulot, qui se termine sans bec verseur, est représenté selon le même procédé. La face latérale droite est décorée d'une patère formée de deux cercles concentriques et d'un ombilic constitué d'un mamelon central percé. Le cercle extérieur est plat et très épais. COMMENTAIRE Les grandes dimensions de l'autel et le soin apporté à sa taille (moulures, faces polies), à sa décoration (balustres et décors des faces latérales) et à la gravure de son inscription indiquent qu'il s'agit là d'une offrande de prix, qui fut accompagnée d'un sacrifice, comme le rappelle le texte de l'inscription. La divinité protectrice invoquée est Jupiter Très Bon et Très Grand et la dédicace s'inscrit dans le registre classique des offrandes effectuées pour la protection et le retour d'une personne, généralement partie en voyage . La bénéficiaire est une femme appartenant à une gens citoyenne, dont le gentilice latin classique, Petronius/a, est attesté largement en occident dans les provinces anciennes ou les provinces militarisées, plus rarement en Aquitaine . Son surnom Magna est commun et répandu, comme celui du dédicant Fortunatus. Régisseur de Petronia Magna, Fortunatus, qui devait donc voir ses responsabilités accrues durant l'absence de celle-ci, était peut-être un esclave, bien qu'il ne fût pas désigné comme tel dans le texte. Son nom unique, l'habitude des maîtres de donner aux esclaves des cognomina liés à la notion de destin ou de chance et sa fonction d'actor sont autant d'arguments en faveur de cette hypothèse. Le fait qu'il associe les siens à la dédicace pourrait cependant inciter à voir en lui un homme libre pourvu d'une famille. La même formule revient cependant sur une autre dédicace pro salute de la cité des Convènes, clairement offerte par un esclave à Jupiter Très Bon et Très Grand pour le salut de ses maîtres . Le déroulement du rituel religieux n'est pas entièrement clair. La première partie du texte (sacrifice d'une victime et dépôt de l'autel) paraît indiquer un sacrifice propitiatoire, effectué au moment du départ de Petronia Magna, comme cela se pratiquait à Rome lors du départ des empereurs pour des expéditions militaires. La formule finale évoque, au contraire, un vœu accompli et un sacrifice d'action de grâce. Faut-il considérer la formule finale comme une expression conventionnelle dont le sens s'était affadi ou avait même disparu et accompagnait, dès lors, de façon systématique toute forme de dédicace, ou faut-il penser que le geste avait bien été effectué au retour de Petronia Magna, pour célébrer celui-ci ? La seconde hypothèse paraît préférable, même si le caractère récurrent de vslm sur les autels votifs des Pyrénées rend probable un affaiblissement de son sens originel avec le temps. Laetitia Rodriguez et Robert Sablayrolles, 2008.
Aucun indice de datation déterminant ne peut être relevé dans l’inscription : Ier-IVe siècles. La graphie du texte suggère cependant une date postérieure à la fin du Ier siècle. (L. Rodriguez, R. Sablayrolles, cat. 2008, n°141)
Europe, France, Occitanie, Haute-Garonne, Marignac (Marignac (église), lieu de découverte) ; (1834, date de découverte) ; (Cazes Victor, découvreur)
Cet autel de grandes dimensions était remployé dans le massif d’autel de l’église de Marignac, avec le n° Ra 238. Tous deux en ont été extraits par V. Cazes en 1834, sur la demande la Société Archéologique du Midi de la France, pour le Musée de Toulouse. (L. Rodriguez, R. Sablayrolles, cat. 2008, n°141)
propriété de la commune, mode d'acquisition inconnu, Toulouse, musée Saint-Raymond
Marbres, hommes et dieux, musée Saint-Raymond, Toulouse, 05/07/2008 - 01/03/2009 L'altre Olimp, musée national archéologique, Tarragone, 28/01/2010 - 16/05/2010
Alexandre Du Mège, Description du Musée des Antiques de Toulouse, Toulouse, Douladoure Jean-Matthieu, 1835, une autre édition du même catalogue, en 1835, chez F. G. Levrault à Paris (n°84) Cénac-Moncaut (Justin), Voyage archéologique et historique dans l'ancien comté de Comminges et dans celui des Quatre-Vallées, Tarbes-Paris, 1856, (p.10) Du Mège (Alexandre), Archéologie pyrénéenne, III, Toulouse, 1862, (p.170) Ernest Roschach, Catalogue des musées archéologiques de la ville de Toulouse : musée des Augustins, musée Saint-Raymond, Toulouse, Roux et Cléder, 1892 (n°135) Sacaze (Julien), Inscriptions antiques des Pyrénées, Toulouse, 1892, (p.369-370, n°313) Rachou (Henri), Catalogue des collections de sculpture et d'épigraphie du musée de Toulouse, Toulouse, éd. Privat, 1912, (n°239) Corpus Inscriptionum Latinarum, vol. XIII, 1916, (n°37) Catalogue d'exposition Marbres, hommes et dieux. Vestiges antiques des Pyrénées centrales, 5 juillet 2008-1er mars 2009, musée Saint-Raymond, musée des Antiques de Toulouse, (p. 42-43) Rodriguez (Laetitia) et Sablayrolles (Robert), Les autels votifs du musée Saint-Raymond, musée des Antiques de Toulouse, catalogue raisonné, 2008, (p. 167-169) Melmoth (Françoise), Marbres, hommes et dieux, dans L'archéologie, n° 99, décembre 2008-janvier 2009, (p. 42)