Ra 291 ; 31065 (Ancien numéro)
Autel votif décoré d'un buste du dieu Abelio(n), accompagné d'une dédicace à ce dieu par Fortis
Hauteur en cm 36 ; Largeur base en cm 22,3 ; Largeur corps en cm 17 ; Profondeur base en cm 13,4 ; Profondeur corps en cm 8,3
dédicace (latin), corps et base : ABELIONI // DEO / FORTIS SVLPICI F. / V. S. L. M., Abelioni // deo, Fortis Sulpici f(ilius), / v(otum) s(olvit) l(ibens) m(erito)., traduction : Au dieu Abelio(n), Fortis, fils de Sulpicius, s'est acquitté de son voeu de bon gré et avec une juste reconnaissance. (trad. L. Rodriguez, R. Sablayrolles, cat. 2008, n°165)
Autel votif épigraphe incomplet. Le couronnement est brisé au-dessus de la corniche. Base moulurée sur trois faces, corniche sans moulure. Le buste d'un personnage en toge est sculpté en bas-relief sur la face principale, dans une niche délimitée par un arc plein cintre torsadé. Le visage est triangulaire, les cheveux courts, la frange traversant le front en arc de cercle. Le nom du dieu est gravé sous le personnage, la suite de la dédicace se trouve sur la base. Un dessin en forme d'étoile a été gravé sur la base à côté de l'inscription peut-être à l'époque moderne (gravue plus récente que l'inscription). Claudine Jacquet (20 décembre 2005) Les faces antérieure et latérale de l'autel ont été soigneusement polies. La face postérieure a été laissée brute de taille. Le corps et la base présentent des traces de ciseau grain d'orge et une bande périmétrale dégagée au ciseau. Base Les arêtes de la base sont légèrement érodées. Un graffito (flocon de neige) a été incisé à époque récente sur la face antérieure. Modénature : la base est débordante par rapport au corps. Rainure d'onglet, ovolo renversé, listel plat, cavet renversé sur trois faces ; chanfrein renversé sur la face postérieure. Corps La cassure qui a emporté l'angle postérieur droit du couronnement se poursuit sur le corps, sur plus du tiers de sa hauteur. Couronnement Une cassure importante a emporté son angle postérieur droit, du coussin jusqu'au haut du corps. - Corniche : les angles antérieurs et postérieur gauche de la corniche sont érodés, le bandeau de la face antérieure est abîmé. Modénature : le couronnement est débordant par rapport au corps. Cavet droit, bandeau renversé sur trois faces ; chanfrein droit, bandeau renversé sur la face postérieure. - Coussin : les pulvilli ont été complètement arasés. Au centre, la totalité de la hauteur n'est conservée qu'en un seul endroit, qui permet néanmoins de constater que le coussin était beaucoup plus large que haut, presque plat. ÉPIGRAPHIE L'inscription débute sur le corps de l'autel, sous le bas relief, et se poursuit sur la base. Abelioni // deo, / Fortis, Sulpici(i) f(ilius), / u(otum) s(oluit) l(ibens) m(erito). Au dieu Abelio(n), Fortis, fils de Sulpicius, s'est acquitté de son vœu de bon gré et avec une juste reconnaissance. Ordinatio et paléographie Le texte n'est pas centré, mais les mots sont répartis sur les lignes sans aucune césure. La gravure est fine et peu profonde, la forme et la hauteur des lettres (S, O) sont irrégulières. Les points de séparation sont des hederae. H. des lettres : l. 1 : 2,8 à 3 ; l. 2 : 2,5 ; l. 3 : 1,5 à 1,7 ; l. 4 : 2,1. DECOR Une niche a été ménagée dans l'épaisseur du corps. Sous une arcature en plein cintre, soulignée d'un cordon tressé, un buste masculin occupe toute sa hauteur. Le visage du personnage, triangulaire, est sculpté en fort relief tandis que le reste du buste est assez plat. Il porte une toge plissée et une chevelure courte suggérée par des stries régulières. Ses yeux sont en forme d'amande, son menton est carré et sa bouche entrouverte. Le bas-relief est d'un style grossier : le visage est schématique, les plis de la toge sont raides. COMMENTAIRE Cette association d'une représentation divine et d'une dédicace épigraphe est exceptionnelle sur les autels conservés des Pyrénées centrales . La divinité Abelio(n), orthographiée avec un ou deux l, un ou deux n et un datif généralement en i, est recensée sur dix autres dédicaces votives, réparties entre la vallée du Larboust, les vallées de la Pique et de la Garonne et, dans la plaine, les vallées de la Louge et du Touch . Plusieurs types de rapprochements ont été esquissés : R. Lizop, suivant les érudits des XVIe et XVIIe siècles, établissait une relation avec le " crétois " ?ß????? et faisait d'Abelio(n) un dieu solaire, sorte d'Apollon de l'Aquitaine méridionale . R. Lizop rejetait l'hypothèse d'une divinité d'origine ibérique, soutenue dans une article de H. Poydenot, et celles d'étymologies grecque ou celtique, qui avaient été proposées par E. Philippon (?e??a : vent, tempête) et C. Jullian (avallo, pomme) . L. Michelena considérait également que le théonyme Abelio(n) était issu d'une racine indo-européenne, l'hypothèse de E. Philippon lui paraissant la plus convaincante . J. Gorrochategui semble, lui aussi, se ranger à l'avis de L. Michelena, mais il montre, dans les parallèles qu'il établit avec d'autres divinités au sujet du redoublement occasionnel du l ou du n, que les évolutions du théonyme se situaient bien dans le cadre de la langue aquitanique . La conclusion de cette revue sera laissée à L. Michelena : "En los nombres aquitanos hay, como se sabe, una cantidad considerable de elementos indoeuropeos, que en esta ocasión podemos designar fundadamente come célticos, empleando este término en sentido lingüístico…" (MICHELENA, 1954, p. 429). Le dédicant est un pérégrin libre au surnom latin commun, mais relativement rare dans les provinces occidentales . Le père, en guise de cognomen, portait un gentilice commun, mais dont l'utilisation comme surnom est peu attestée . Laetitia Rodriguez et Robert Sablayrolles, 2008. ; L'association d'une représentation divine et d'une dédicace épigraphe est exceptionnelle sur les autels conservés des Pyrénées centrales. La divinité Abelio(n) est recensée sur dix autres dédicaces votives dans cette région. Le dédicant est un pérégrin (homme libre ne jouissant pas des droits offerts par la citoyenneté romaine) qui est désigné par un cognomen (surnom) suivi du cognomen de son père. Son cognomen, Fortis, est un surnom latin commun, mais relativement rare dans les provinces occidentales. Claudine Jacquet, d'après la notice de Robert Sablayrolles et Laetitia Rodriguez extraite du « Catalogue raisonné des autels votifs du musée Saint-Raymond », 2008.
L’emploi de deus pour qualifier la divinité suggère pour la date de l’inscription un terminus post quem au début du IIe siècle. (L. Rodriguez, R. Sablayrolles, cat. 2008, n°165)
Europe, France, Occitanie, Haute-Garonne (Garin, lieu de découverte)
Selon J. Sacaze, cet autel a été découvert en remploi au-dessus de la porte de la chapelle de Saint-Pé, non loin de Garin. H. Rachou (1912) indique une provenance pyrénéenne indéterminée. "Cet autel se trouvait encore en remploi en 1860 au-dessus de la porte de la chapelle Saint-Pé-de-la-moraine, appelée aussi Sant-Tritous, à Garin. Transféré au Musée de Toulouse avant 1880, il a été remplacé par un moulage dans la chapelle de Garin." (L. Rodriguez, R. Sablayrolles, cat. 2008, n°165)
propriété de la commune, mode d'acquisition inconnu, Toulouse, musée Saint-Raymond
Marbres, hommes et dieux, musée Saint-Raymond, Toulouse, 05/07/2008 - 01/03/2009 L'altre Olimp, musée national archéologique, Tarragone, 28/01/2010 - 16/05/2010
Julien Sacaze, Histoire ancienne de Luchon : Luchon préhistorique et Luchon romain dans La Revue de Comminges, Saint-Gaudens, 1887 (p. 25, n° 7) Sacaze (Julien), Inscriptions antiques des Pyrénées, Toulouse, 1892, (p. 445, n° 358) Espérandieu (Emile), Recueil général des bas-reliefs de la Gaule romaine, t. II, Paris, 1908, (n° 881) Rachou (Henri), Catalogue des collections de sculpture et d'épigraphie du musée de Toulouse, Toulouse, éd. Privat, 1912, (n° 291) Corpus Inscriptionum Latinarum, vol. XIII, 1916, (333) Bulletin municipal de la ville de Toulouse, Toulouse, 1937. (p. 31) Catalogue d'exposition Marbres, hommes et dieux. Vestiges antiques des Pyrénées centrales, 5 juillet 2008-1er mars 2009, musée Saint-Raymond, musée des Antiques de Toulouse, (p. 57) Rodriguez (Laetitia) et Sablayrolles (Robert), Les autels votifs du musée Saint-Raymond, musée des Antiques de Toulouse, catalogue raisonné, 2008, (p. 205-207) Melmoth (Françoise), Marbres, hommes et dieux, dans L'archéologie, n° 99, décembre 2008-janvier 2009, (p. 41)