25518
Deux roues d'un char antique
1300 av JC-800 av JC
Diamètre en cm 53,8 (a) ; Diamètre en cm 53 (b) ; Longueur en cm 39,2 (moyeu a) ; Longueur en cm 27,2 (moyeu b)
Deux roues de char, datées de la fin de l'âge du Bronze et découvertes au XVIIIe siècle, sont entrées au Musée de Toulouse par saisie révolutionnaire. Ces roues, de faible diamètre (53 cm) se composent d'une jante creuse (ouverte sur l'extérieur), d'où partent cinq rayons creux qui la relient au moyeu cylindrique. Long et robuste, ce moyeu, orné de chaque côté d'une succession d'anneaux filetés plus ou moins fins, recevait l'essieu du char. La roue était augmentée d'une bande en bois, insérée dans la jante métallique et maintenue par des rivets longs, encore en place. Le débord du bois nous est inconnu mais il paraît difficile de penser qu'il ait pu agrandir considérablement le diamètre. Ces roues devaient donc être trop petites pour un char de transport ou de guerre ; leur appartenance à un char cultuel ou processionnel, à deux, trois ou quatre roues, est plus vraisemblable. Claudine Jacquet, d'après la notice d’Évelyne Ugaglia extraite du catalogue « Les arts du métal », 1999. ; Bien que présentant de légères différences (notamment un filet sur l'un des rayons de celle qui est incomplète), ces deux roues offrent la même structure. Un long et robuste moyeu cylindrique, d'un diamètre interne de 7,5 cm, orné de chaque côté d'une succession d'anneaux filetés plus ou moins fins, recevait l'essieu du char. En son centre, ce moyeu prend une forme convexe dont les protubérances, soulignées de triples filets, accompagnent la naissance de cinq rayons. Ceux-ci, creux, en tronc de cône aplati, sont solidaires d'une large jante, fermée vers l'intérieur de la roue, ouverte et totalement creuse vers l'extérieur. Dans cette cavité était fixée, au moyen de rivets - dont certains subsistent, souvent faussés par le roulement - la jante ou bande de bois qui, par sa saillie externe, augmentait le diamètre de la roue d'une valeur qui nous est inconnue. Au XVIIIe siècle, lorsque ces roues furent apportées à Toulouse, "des restes de ces jantes d'un bois noir" subsistaient encore ; ils ont aujourd'hui disparu. Des roues assez proches par la technologie, la forme et les dimensions ont été découvertes dans l'Isère à La-Côte-Saint-André, dans la palafitte de Cortaillod (sur le lac de Neuchâtel), à Hassloch (Palatinat rhénan), à Landres, à Nîmes, mais aussi à Stade, près de Hambourg et, plus récemment, à Coulon, dans les Deux-Sèvres. Avec celles de Fa, elles attestent la diffusion de l'usage du char en Europe occidentale à la fin de l'Âge du Bronze et au début de l'Âge du Fer sans que l'on puisse pour autant bien préciser leur chronologie. Selon les auteurs, en effet, ces différentes roues sont datées entre les Xe et VIe siècle avant J.-C., une préférence étant toutefois notée pour la fin de l'Âge du Bronze (IXe-VIIIe siècles avant J.-C.). C'est bien à la fin de l'Âge du Bronze, vers 1200-1000 avant J.-C., selon J. Guilaine, que le cheval commença à être utilisé en Occident comme animal de trait, "pour traîner des chariots ou des chars processionnels, funéraires, peut-être même des chars de guerre". Ces chars, à quatre ou deux roues, étaient tirés le plus souvent par deux chevaux liés par un joug, lui-même rattaché au char par un timon. On ne sait ce qu'il en était du char auquel appartenaient les roues de Fa : la paire doit-elle faire pencher en faveur d'un bige ? Après Joseph Déchelette, Jacques Briard a aussi rappelé le symbolisme solaire des chars protohistoriques et les pratiques religieuses auxquelles ils pouvaient être liés, qu'ils aient été réels ou votifs. Ces vieilles croyances avaient perduré dans le monde gréco-romain et s'y étaient même amplifiées au contact des différentes mythologies. Longtemps considérées comme les rares et vénérables témoins d'un char de course romain, les roues de Fa pourraient en fait avoir été fabriquées peu avant la fondation de Rome.
Appartenaient peut-être à un char lié à un culte solaire et enfoui volontairement dans une zone naturelle non précisée par le contexte de découverte.
Europe, France, Occitanie, Aude, Fa (Fa (champ), lieu de découverte) ; Découverte fortuite ; (18e siècle, date de découverte) ; (inconnu, découvreur)
Découvertes au cours d'un labour dans un champ près de Couiza, Aude, vers le milieu du XVIII e siècle, (avant 1756) elles furent vendues dans un premier temps à un marchand de bois d'Espéraza ( Aude). L'abbé Jean Bertrand les signala à l'antiquaire, Receveur général des tabacs à Toulouse, Charles-Clément Martin de Saint-Amand (1702-1763) qui les acquit. A sa mort, elles passèrent dans les collections de l'Académie royale des Sciences, inscriptions et belles lettres de Toulouse dont il était le trésorier perpétuel depuis 1746. Elles furent convoitées par le pape Benoît XIV (1740-1758) qui tenta sans succés de les obtenir pour le Vatican. Entrées au musée par saisie révolutionnaire.
propriété de la commune, saisie révolutionnaire, Toulouse, musée Saint-Raymond
Collection privée, Martin de Saint-Amand Charles-Clément (Collection de l'Académie royale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse. Entrées au Musée de Toulouse dans le cadre des saisies révolutionnaires.) ; Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse
Toulouse et l'Antiquité retrouvée..., musée Saint-Raymond, Toulouse, 06/1989 - 08/1989 Le cirque romain, musée Saint-Raymond, Toulouse, 12/1990 - 02/1991 Les arts du métal, musée Saint-Raymond, Toulouse, 29/01/2000 – 01/10/2000 Les arts du métal, Museu Nacional Arqueològic, Tarragone, 15/11/2000 – 25/02/2001 Les arts du métal, Palacio de la Caja Cantabria, Santander, 14/11/2001 - 27/01/2002 Les arts du métal, château-musée de Bélesta, 03/2003 - 11/2003
Magi (abbé), "Mémoire sur deux roues de char antique qui sont dans le cabinet de l'Académie", dans Histoire et Mémoires de l'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, t. II, Toulouse, 1784, (p. 179-181, 1 pl.) Catalogue des tableaux et autres monuments des arts formant le Museum provisoire établi à Toulouse, Toulouse, An III (22 sept. 1794-22 sept. 1795), (p. 35, n° 68.) Catalogue des tableaux et autres monumens des arts, formant le Muséum provisoire établi à Toulouse, an V (1796-1797), (n° 14.) Catalogue des tableaux et autres monuments des arts formant le Museum provisoire établi à Toulouse, Toulouse, An VIII, (n° 86.) Du Mège (Alexandre), Notice des tableaux, statues, bustes, dessins, etc., composant le Musée de Toulouse, Toulouse, 1813, (n° 90.) Du Mège (Alexandre), Notice des tableaux, statues, bustes, bas-reliefs et antiquités composant le Musée de Toulouse, Toulouse, s. l. n. d., 1818, (p. 77, n° 74.) Alexandre Du Mège, Notice des monumens antiques et des objets de sculpture moderne conservés dans le Musée de Toulouse, Toulouse, 1828 (n° 151.) Alexandre Du Mège, Description du Musée des Antiques de Toulouse, Toulouse, Douladoure Jean-Matthieu, 1835, une autre édition du même catalogue, en 1835, chez F. G. Levrault à Paris (n° 286.) Ernest Roschach , Musée de Toulouse. Catalogue des antiquités et des objets d'art, Toulouse, Imprimerie Viguier, 1865 (n° 516 (texte de 1864).) Sicard (G.), Bulletin de la Société d'études scientifiques de l'Aude, XI, 1900, (p. 165-167.) Déchelette (Joseph), Manuel d'archéologie préhistorique, celtique et gallo-romaine. II. Archéologie celtique ou protohistorique, première partie, Paris, 1910, (p. 290-291.) Mesplé (Paul), "L'inventaire mobilier de l'académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres en 1793", dans Mémoires de l'académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, 13e série, t. VI, 1944, (p. 315-317, 323.) Drescher (H.), "Die Bronzeräder aus Stade", dans Der Uber-fangguss, Mayence, 1958, (p. 27.) Soutou (André), "Une légende qui a la vie dure : les roues du char 'gallo-romain' de Fa (Aude)", dans Bulletin de la Société préhistorique française, LX, 1963, (p. 30-31.) Guilaine (J.), L'Âge du Bronze en Languedoc occidental, Roussillon, Ariège, Ed. Klincksieck, Paris, 1972 (t. IX des Mémoires de la Société préhistorique française, 1972), 460 p., 134 fig. 11 pl., (p. 13, 298-300, 391, pl. X.) Guilaine (J.), La France d'avant La France. Du néolithique à l'Âge du fer, Ed. Hachette littérature, Poitiers, 1980, (p. 213.) Briard (J.), L'Âge du Bronze en Europe (2000-800 av. J.-C.), Ed. Errance, coll. Hespérides, Paris, 1985, (p. 164.) Briard (J.), Les mythes et symboles de l'Europe préceltique. Les religions de l'Âge du Bronze (2500-800 av. J.-C.), Ed. Errance, coll. Hespérides, Paris, 1987, (p. 75-76.) Toulouse et l'Antiquité retrouvée au XVIIIe siècle, exposition, Toulouse, Musée Saint-Raymond, 8 juin-27 août 1989 (n° 17) Le cirque romain. Exposition, Toulouse, Musée Saint-Raymond, 1990 (p. 45, n° 1) Les arts du métal au musée Saint-Raymond, musée des Antiques de Toulouse, Toulouse, Musée Saint-Raymond, 1999 (n° 20-21.) Les arts del metall, Colleccions del Musée Saint-Raymond, musée des Antiques de Toulouse, De l'Edat del Bronze a l'època romana, Museu Nacional Arqueològic de Tarragona, 2000 (n° 16.) Las Artes del Metal en el Museo Saint-Raymond, musée des Antiques de Toulouse, Palacio de Caja Cantabria, Santillana del Mar, 2001 (p. 6 et 34, n° 20-21.)