896.1.117 ; CD 65 (Ancien numéro)
Saint Jérôme dans sa cellule
DÜRER Albrecht : Nuremberg, 1471 ; Nuremberg, 1528
allemande
1514
Hauteur tr. c. en cm 24.3 ; Largeur tr. c. en cm 18,5 ; Hauteur élt d'impr. en cm 24.7 ; Largeur élt d'impr. en cm 18.95 ; Hauteur sup. en cm 42 ; Largeur sup. en cm 35
Cachet (Français), Au recto : cachet encré, circulaire, MVS.T.DOBREE, traduction : musée Dobrée ; Monogramme (Latin), En bas à droite : Ad et date
Saint Jérôme est représenté dans la solitude d'une cellule, symboliquement gardée comme un sanctuaire par un lion. Figure essentielle dans l'histoire de la transmission des Ecritures, Jérôme avait, à la demande du pape Damase, révisé les traductions latines des Evangiles en usage à Rome à la fin du IVe siècle (382-383). Il avait ensuite traduit directement de l'hébreu en latin la majeure partie de l'Ancien Testament. Cette version, appelée Vulgate, fut exécutée à Bethléem entre 390 et 401. La composition de Dürer semble faire allusion à cette oeuvre de traducteur, par la présence d'une calebasse qui vient rappeler une controverse sur la traduction du nom d'une plante dans le Livre de Jonas... Pour les humanistes, saint Jérôme représentait le modèle de l'érudit chrétien. Dans l'oeuvre de Dürer, cette composition a retenu l'attention par sa rigueur, son équilibre, la très grande maîtrise des formes plastiques et de la lumière. Le thème de saint Jérôme a été diversement traité par le graveur : sept compositions lui sont consacrées. Mais cette représentation y trouve une place exceptionnelle, car elle est liée au Chevalier de la Mort, et à Melencolia, qui illustrent une réflexion sur la destinée humaine et sur la foi. Le personnage de Saint-Jérôme, modèle même de l'érudit chrétien, figure à sept reprises dans l'oeuvre gravé de Dürer. La présente figuration, traitée avec une rare tendresse, constitue la plus parfaite de toutes ces versions. Saint-Jérôme, la tête illuminée par les rayons de l'inspiration divine, écrit sur un petit pupitre posé sur une table. La chambre dans laquelle il se tient, ensoleillée et bien ordonnée, compose un univers de sécurité et d'intimité chaleureuse en harmonie avec la paix intérieure du saint... Il semble que le temps ait suspendu son cours, saisissant dans l'immobilité d'un même enchantement homme, bêtes et choses, et ceci parce que la construction de l'espace est à la fois d'une rigueur infaillible et d'une subjectivité absolue. La cellule, dont la mise en perpective est mathématiquement parfaite, se caractérise cependant par ses dimensions lilliputiennes : si elle était réalisée en grandeur réelle, sa profondeur n'excéderait pas 1,25 m. L'impression d'intimité est accentuée par le fait que la ligne d'horizon est située très bas, à la hauteur des yeux du saint assis. Pour autant pour ne pas que la pièce ressemble à une boîte exiguë, l'artiste a habilement excentré le point de fuite, ce qui ouvre l'image à droite puisque seul le mur de gauche est visible. La marche qui donne accès à cet espace suggère que le spectateur se tient dans une antichambre où il est mis en présence du saint sans pour autant empiéter sur sa retraite. Sur le seuil allongé de tout son long, un lion, dont le rôle est de garder, à l'image de ses ancêtres, le sanctuaire. L'animal somnole paisiblement près d'un petit chien endormi, mais l'oeil à demi ouvert, il veille cependant sur la tranquillité de son maître. Source : Renouard de Bussière Sophie : Albrecht Dürer : Oeuvre gravé. Musée du Petit Palais (1996).
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Europe, Allemagne, Bavière, Nüremberg (lieu de création)
propriété du département, legs, Nantes, musée Dobrée
1896 acquis
Debois F. ; Dobrée Thomas II ; vente F. Debois (vente)
cat 1904 (Estampes, L. Delteil) (cat 1904 n° 65) Panofsky E., 1948 (n°167) Costa D : Gravures de Dürer et maîtres allemands du XVIe siècle. Collection Thomas Dobrée. Paris, 1971. (n° 85) Bartsch A : Le peintre graveur, Vienne, 1803-1821 (1803-1821. n°60) Préaud Maxime, Albert Dürer, direction de Jean Adhémar, Bibliothèque nationale, Paris 1971. (n° 233) Heffels Monika, Janeck Axel..: Vorbild Dürer, Kupferstiche und Holzschnitte Albrecht Dürers im Spigel der europäischen Druckgraphik des 16. Nüremberg, Germanisches Nationalmuseum, 1978. (n° 184) cat 1997 "Un homme, un musée " (p. 190 n° 327) Hollstein's german engravings, etchings (n° 59) Renouard de Bussière Sophie : Albretch Dürer, oeuvre gravé. Catalogue d'exposition (avril-juillet 1996). Musée du Petit Palais. Musées de la ville de Paris. (notice 195, p. 244-245) Bartrum Giulia : Albrecht Dürer and his Legacy, The Graphic Work of a Renaissance Artist, Londres, British Museum, 2003. (n° 130) Schröder Klaus, Sternath Marie : Albretch Dürer, Vienne, Albertina Museum, 2003. (n° 140) Garnier-Pelle N : Albrecht Dürer et la Gravure Allemande, Chefs d'oeuvre graphiques du musée Condé à Chantilly, Institut de France, 2003. (n° 48) Clair Jean : Mélancolie, génie et folie en occident. Paris, Galeries nationales du Grand-Palais, Berlin, Neue Nationalgalie, 2005-2006. (n° 28) Mende Matthias, Scherbaum Anna, Schoch Rainer : Albrecht Dürer, 80 gravures, Collection de Nuremberg, Nice, musée des Beaux-Arts, 2004. (n° 59) Barreteau F : La pratique et le goût d'un collectionneur d'estampes à Nantes, durant la seconde moitié du XIX ème siècle : Thomas Dobrée (1810-1895). Thèse. Dir. M. Grivel. Univ Rennes II, 2007. (p. 598, n° 70) Renouard de Bussière Sophie : Albretch Dürer, oeuvre gravé. Catalogue d'exposition (avril-juillet 1996). Musée du Petit Palais. Musées de la ville de Paris. (Notice 195, p. 244.)