1976-1-58
Enfants jouant dans le pouponnat du Familistère de Guise
Marie-Jeanne Dallet (Guise, 1872 ; Versailles, 1941), fille d'Emilie Dallet et nièce de Marie Moret, s'est initiée à la photographie à Nîmes en compagnie d'Auguste Fabre durant l'hiver 1896-1897. Dotée d'un talent certain dans ce domaine, elle réalise à l'été 1897 plusieurs vues du Familistère de Guise qualifiées par Marie Moret d' «intéressantes et instructives ».
féminin
1897
Hauteur en cm : 12,1 ; Largeur en cm : 16,7
Au revers, date manuscrite au stylo à bille noir : « 1900 ». Au revers, légende manuscrite au stylo à bille rouge : « Société du Familistère | Godin | Nourricerie ».
Dans la crèche du Palais social se trouvent les services de la petite enfance que Jean-Baptiste André Godin baptise « nourricerie » et « pouponnat », selon une terminologie fouriériste. Les enfants du Familistère sont nourrissons jusque l’âge de 24 ou 26 mois (jusqu'à ce qu'ils soient capables de marcher) et ils sont ensuite poupons jusque l’âge de 4 ans. La scène est photographiée dans la salle réservée aux poupons, dans l’édifice élevé en 1866 au nord du pavillon central. Sur la gauche, la porte donne accès à la galerie extérieure couverte. Au fond de la pièce, a été aménagée une salle de classe, avec le mobilier scolaire conçu par Godin et fabriqué au Familistère. Cette installation prépare les poupons à l’environnement d’une classe des écoles. Les petits panneaux rectangulaires alignés sur une tablette fixée au mur – des surfaces géométriques assemblées – s’apparentent au matériel pédagogique de la méthode Fröbel. Le jeu de construction en bois, qui occupe les poupons du Familistère, évoque également la pédagogie, dite parfois « intuitive », de Friedrich Fröbel, que la fouriériste Marie Pape-Carpantier expérimente en France à partir de 1855. Avec l’assistance de deux employées de la crèche, les enfants, garçons et filles mélangées, s’adonnent librement au jeu dans l’espace laissé vacant pour de tels exercices. Dans cette séance se manifeste l’esprit de l’éducation intégrale et attrayante de Charles Fourier, dont se réclament Godin et Marie Moret : « tous les besoins légitimes, physiques et moraux de l’enfance, écrit Godin en 1871 dans Solutions sociales, sont prévus et satisfaits dans la mesure du possible, et l’entraînement au plaisir, si vif chez les enfants, est un des meilleurs ressorts à développer pour exciter l’élève au travail, en lui faisant acquérir ainsi le droit d’usage des objets récréatifs les plus intelligemment conçus pour son développement physique et moral » (p. 511). Grâce à l'étude de la correspondance de Marie Moret entamée en 2021 au sein du projet FamiliLettres, cette photographie est désormais attribuée à Marie-Jeanne Dallet (1872-1941), nièce de Marie Moret, qui pratique la photographie en amatrice dès 1897. Ses vues du Familistère, qualifiées par Marie Moret d' « intéressantes et instructives », ont servi à la réalisation de diapositives pour conférences avec projection, données entre autres par Auguste Fabre. Une partie de ces vues a également servi d'illustrations pour la brochure Le Familistère illustré… parue à l'été 1900 et co-écrite par Auguste Fabre, Jules Jean Prudhommeaux, Émilie et Marie-Jeanne Dallet.
France, Hauts-de-France, Guise
propriété d'un syndicat mixte, transfert de propriété, Guise, Familistère de Guise
2006/12/30
Collection privée, Société du Familistère de Guise, 1968, Guise, Inventorié dans le Catalogue du Musée de la Société du Familistère ?
Guise 2022 : En bonne compagnie
Godin (Jean-Baptiste André), Solutions sociales, Guise, Les Éditions du Familistère, 2010 (réédition de l’ouvrage paru en 1871), p. 501-525. Guise, archives du Familistère : correspondance de Marie Moret (inv. n° 1999-9-51 à 60 et 2005-0-122 à 129).