1976-1-456.3
Une coulée de fonte dans l'atelier de fonderie mécanique de l'usine Godin de Guise
Marie-Jeanne Dallet (Guise, 1872 ; Versailles, 1941), fille d'Emilie Dallet et nièce de Marie Moret, s'est initiée à la photographie à Nîmes en compagnie d'Auguste Fabre durant l'hiver 1896-1897. Dotée d'un talent certain dans ce domaine, elle réalise à l'été 1897 plusieurs vues du Familistère de Guise qualifiées par Marie Moret d' « intéressantes et instructives ».
féminin
1897
Hauteur montage en cm : 15,8 ; Longueur montage en cm : 22,3
Au revers, tampon à l'encre du Musée Godin de la Société du Familistère de Guise.
Pour élever la productivité des fonderies du Familistère et réduire la pénibilité du travail, Godin met au point une installation mécanisée de moulage des pièces en fonte, pour laquelle il dépose une série de brevets de 1870 à 1878. Les premiers essais de moulage mécanique dans l’usine de Guise datent de 1876: une « révolution dans l’art de la fonderie » selon Godin (lettre à Tito Pagliardini, 20 août 1876). Un atelier de moulage mécanique est pleinement opérationnel en 1878. Le dispositif est formé par deux plateaux circulaires tournants, deux grues et un tapis roulant. Les moules en sable sont installés avec une grue sur le premier plateau, où ils passent sous la presse ; ils sont ensuite placés à l’aide de l’autre grue sur le second plateau, sur lequel ils sont remplis de fonte en fusion par les mouleurs, qui recueillent le métal liquide dans leur louche à la base des fours ou cubilots situés à proximité. Une fois la fonte refroidie, les moules sont « déballés » et le sable est récupéré par le moyen du tapis roulant. Une batterie de moulage mécanique comprend deux dispositifs jumeaux pour permettre un travail continu : un des deux plateaux de moulage fonctionne pendant que l’opération de déballage des moules a lieu sur l’autre. La photographie montre deux mouleurs versant la fonte liquide dans les trous de coulée réservée dans les moules en sable qui contiennent en creux la forme des pièces. Le travail demande force et précision. Les ouvriers mouleurs n’ont pas d’autre protection qu’un gant à la main la plus proche de la poche contenant le métal. Un lustre à gaz leur permet de travailler lorsque la lumière naturelle fait défaut. Grâce à l'étude de la correspondance de Marie Moret entamée en 2021 au sein du projet FamiliLettres, cette photographie est désormais attribuée à Marie-Jeanne Dallet (1872-1941), nièce de Marie Moret, qui pratique la photographie en amatrice dès 1897. Ses vues du Familistère, qualifiées par Marie Moret d' « intéressantes et instructives », ont servi à la réalisation de diapositives pour conférences avec projection, données entre autres par Auguste Fabre. Une partie de ces vues a également servi d'illustrations pour la brochure Le Familistère illustré… parue à l'été 1900 et co-écrite par Auguste Fabre, Jules Jean Prudhommeaux, Émilie et Marie-Jeanne Dallet.
France, Hauts-de-France, Guise
propriété d'un syndicat mixte, transfert de propriété, Guise, Familistère de Guise
2006/12/30
Collection privée, Société du Familistère de Guise, 1968, Guise, Epreuve marquée du tampon du Musée Godin de la Société du Familistère de Guise ; Catalogue du Musée de la Société du Familistère de Guise, n°4670, fol. 136 : "Fonderie mécanique, coulée, 1899" (2 épreuves 12 x 18 ; 4 épreuves 18 x 24 cm).
Guise, archives du Familistère de Guise : catalogue manuscrit du musée de la Société du Familistère de Guise, sans date, fol. 136, n° 4670 ; correspondance de Marie Moret (inv. n° 1999-9-51 à 60 et 2005-0-122 à 129). Des machines au service du peuple. Godin et la mécanique, ouvrage publié sous la direction de Frédéric K. Panni et de Hugues Fontaine à l’occasion de l’exposition éponyme (Familistère de Guise, 7 octobre 2017 – 24 juin 2018), Guise, Les Éditions du Familistère, 2017, p. 147-149.