1984.35
Les souliers d'un réserviste
Paris, 1817 ; Saint Germain en Laye, 1887
1876
H. 52 ; l. 37,5
titre, signature, date
Les souliers d'un réserviste, F. Bonvin, 1876
Un véritable petit chef-d'oeuvre d'humilité presque ironique - des souliers tellement quelconques, promus à la dignité picturale ! - et de modestie créatrice de poésie - un réalisme mesuré et gentil, une harmonie tonale raffinée dans l'austérité de son jeu de gris et de bruns où tranchent quelques francs accents de blanc dans une pâte nourrie à la Chardin, peintre grandement admiré par Bonvin, comme l'on sait. Le titre inscrit par l'artiste lui-même fait évidemment allusion à l'intense militarisation qui hante la France de la Revanche au lendemain de la défaite de 1870, tout en se situant probablement dans le milieu de cordonniers d'où est issue la tardive amie de Bonvin, la jeune Louison Kohler qui veille sur cet artiste isolé, abandonné par sa femme dans les années 1860. Un frère de Louison, Georges, cordonnier de son état comme le père, a été plusieurs fois dépeint par Bonvin en artisan au travail. Il posa même pour un tableau de Bonvin intitulé Le Cordonnier militaire (1885). Quant au premier destinataire, un certain Seure, il s'agit d'un collectionneur d'oeuvres de Bonvin, qui habitait comme lui à Saint-Germain-en-Laye. Deux autres natures mortes ayant comme ici pour seul motif d'humbles chaussures (forcément humbles !) sont connues dans l'oeuvre de Bonvin : Les Sabots de 1875, au musée de Gouda et un tableau non daté mais de la même période tardive, au musée de Baltimore. Le choix de Bonvin n'est donc pas le fait d'une simple fantaisie de hasard
propriété de la commune, achat avec participation du FRAM, Romans, musée de la chaussure
Collection Seure (vente à Paris en mars 1888) puis collection Georges Pillement, Paris ; acquis sur le marché de l'art à Paris en 1984
Acquis grâce à l'aide du fonds régional d'acquisition des musées de Rhône-Alpes et de l'Association des amis du musée de Romans