887.1.45
L. 43 cm ; H. 32 cm ; E. 7 cm ; Vol. 0,0096
Jupe de femme en fibres végétales
Les descriptions des jupes de fibres qui étaient portées par les femmes en Nouvelle-Calédonie nous parviennent aujourd'hui par des photographies, souvent mises en scène, et des écrits de navigateurs, religieux, médecins, naturalistes, ethnologues qui sont venus en Nouvelle-Calédonie au XIXe siècle. La manière dont sont vêtues les femmes Kanak a souvent été observée par les explorateurs. Leurs descriptions varient très peu. Il s'agit d'une jupe en fibres végétales qui peut atteindre quelques mètres de longueur. Elle est enroulée plusieurs fois autour de la taille de manière à ce que ses tours se superposent parfaitement, et forment ainsi une certaine épaisseur autour des hanches. La longueur des fibres varie entre 10 et 20 cm. La plupart des textes mentionnent également la présence d'une partie postérieure, plus longue, dénommée "tablier", qui vient quelquefois s'ajouter à la jupe. En revanche, ces mêmes textes indiquent l'utilisation de fibres végétales extrêmement diverses : fibres de bananier, de coco, de pandanus, de magnagna, de phormium tenax, de bourao, de banian ou algues. La jupe est un objet personnel, voire une extension de sa détentrice. Plusieurs mythes kanak y font écho. Il semble qu'il y ait un lien entre la jupe et la fertilité : vers sept ou huit ans, la jeune fille reçoit sa première ceinture qu'elle ne quittera plus, tandis que l'homme reçoit son étui pénien. Cela donne lieu à une cérémonie, le "baouïa aïouan", qu'on traduit par "pour l'arrivée de la raison". Elle célèbrerait donc le passage de l'enfance à l'âge adulte, soit la reconnaissance de la capacité matrimoniale. La jupe serait ainsi liée à la fonction reproductrice des femmes. Les jupes étaient aussi monnaies d'échanges lors de mariages ou de deuils. La jupe était un objet exclusivement conçu et manipulé par les femmes. Il faut bien noter dans la culture kanak l’existence de deux mondes distincts, féminins et masculins, qui se manifestaient à travers le rôle de chacun dans la vie quotidienne, la fabrication des objets, les restrictions quant à leur manipulation, l’organisation de l’espace, etc. (Source : Etude et proposition de conservation-restauration d'un ensemble de jupes-monnaies kanak du muséum d'histoire naturelle de La Rochelle, mémoire de fin d'études de Marie Bastard, Ecole supérieure d'art d'Avignon, 2016).
Nouvelle-Calédonie (lieu de création), Mélanésie (lieu d'utilisation)
propriété de la commune, achat, Libourne, musée des beaux-arts et d'archéologie
1887
PERES