DGR-93-107 ; 26004 ; LUX 737 ; 10
Portrait de Madame Margyl, cantatrice de l’opéra
Ferrare 1842 - Paris 1931
masculin
Italie
H. 34,7 cm ; l. 27 cm ; P. 0,4 cm ; Vol. 0,0004 ; H. 50 cm ; l. 41,2 cm ; P. 6,5 cm ; Vol. 0,0134 (cadre)
signature, inscription
"Boldini" en bas à gauche à la peinture noire ; "don de Madame M." au revers ; grand cartouche en bois doré chantourné sur le bord inférieur du cadre « Jean Boldini / Portrait de Mme M. »
peinture de nature huileuse sur panneau d'une seule planche peint double face ; couche picturale sur préparation non discernable ; matière plutôt fine et couvrante ; touches vigoureusement brossées ; quelques rehauts de matière sur chapeau, manches ; vernis hétérogène avec matités et brillances ; au revers, esquisse de femme nue allongée bras étendu sur un divan
Brillant, spirituel, enlevé, le portrait de Jane Margyl, est représentatif de ce Paris fête de la Belle Epoque illustré de façon éblouissante par Béraud, Forain, Helleu ou Boldini. Sous les graves lambris d’un salon aristocratique ou bourgeois, à l’atmosphère feutrée, compassée et retenue restituée dans un camaïeu de gris, est assise la cantatrice Jane Margyl, élégante et parée, déjà célèbre pour ses interprétations de la 'Princesse au sabbat' de Jean Lorrain, de Cavalleria Rusticana, de 'La Carmélite' de Reynaldo Hahn, d’'Hérodiade' de Massenet à La Gaîté ou de 'Dalila' à l’Opéra et recherchée comme d’autres actrices, gens d’esprit et autres demi mondaines faisant la mode pour donner le ton aux jours de réception d’une société choisie. Boldini a brossé sa composition à touches vigoureuses et hardies et confisqué son égérie en toilette de ville dans des tonalités discrètes de gris et noirs qui semblent au premier abord souligner la parfaite intégration au grand monde de cette femme en vue, tout comme son visage impassible. Il a cependant et simultanément dynamité cette vision toute de convenance et d’affectation en prêtant à sa belle invitée un corps sortilège, un corps étreinte, qui épanche ses grâces toutes en girations, en caprices et en fantaisie. Nacrée, opalescente, poudrée de rose, Madame Margyl égrène ses charmes comme une caresse ou une volupté et apparaît comme une orbite de plaisir qui abolit la société codifiée de la IIIe République et souligne l'érotisation des rapports sociaux. Jeanne Clémence Floriet dite Jane Margyl, mezzo-soprano : Paris, 1874- Deauville, 1907
France, Ile-de-France, Paris (lieu de création)
propriété de l’Etat, acquisition d'un trésor national, musée d'Orsay
1958
Musée du Luxembourg ; puis Musée d'Art Moderne
dépôt, Gray, musée Baron Martin
03/02/1958
Chartres, Musée des Beaux-Arts 1971 “La famille des portraits”, Musée des Arts Décoratifs, Paris 1979-80 “Peinture et société 1870-1914”, Musées Comtois1983
Albert Pomme de Mirimonde, Félix Davoine, Musée Baron Martin Gray. Catalogue, Gray, Les Amis du musée Baron Martin et de la Bibliothèque de Gray, 1993, p. 48 ; Giovanni Boldini, Roma Complesso del Vittoriano, Milan, Arthemisia Group – Skira, 2017