GR-93-110
Le Galant colporteur
Paris, 1703 - 1770
masculin
France
1736 vers
H. 158,9 cm ; l. 158,3 cm ; H. 194 cm ; l. 193.5 cm ; P. 16 cm ; Vol. 0,6006 (cadre)
peinture de nature huileuse sur préparation non discernable ; châssis en résineux à structure à clefs ; pièce d'environ 21 cm x 58 cm en bas à droite ; matière couvrante alternant avec zones transparentes ; vernis brillant et assez homogène
Une vasque limpide aux eaux courantes et bruissantes surmontée d’un putto chevauchant un dauphin évoque un nymphée, en position de belvédère, blotti au sein d’une nature champêtre comme une chambre d’amour, dans la poésie d’un demi-jour propice aux projets amoureux. Les marches et contremarches fissurées et usées d’un escalier antique dégringolent en pente douce vers un groupe de jeunes gens. Un jeune homme élégant, portant un habit à la française et appartenant à la société la plus choisie montre à deux jeunes filles, habillées telles des bergères de comédie, les charmes et les attraits de rubans, d’aumônières, de flacons à parfum et autres colifichets tirés d’une boîte de colportage, prenant à dessein - plaisir équivoque des masques et du marivaudage - la place d’un petit colporteur savoyard. La chute d’escalier, degré à degré, préfigure celle des jeunes filles dans un aparté d’amour que leur ménage des ruines et des troncs d'arbres brisés. Les poésies de l’ombre et des ruines épousent celle des frondaisons « non peignées » qui s’ensauvagent en lisière de la scène. La fascination de Boucher pour les peintres des écoles du Nord et pour le clair obscur des Vénitiens qui anime les physionomies des personnages arrêtés dans une action et un univers poétique et pour les paysages d’Italie est ici évidente. Les eaux délicatement nacrées, les feuillages bleuissant, les blancs perlés, les verts assourdis et argentés exaltés par les valeurs de rouge, de gros bleu et de terre, les accidents de lumière et la vivacité de la touche du peintre font surgir une pastorale, paysage idyllique empreint de sérénité. Le Petit ou Galant Colporteur s’inscrit dans une série de tapisseries, dite Les Fêtes italiennes, commandée en 1735 à son ami François Boucher par Jean-Baptiste Oudry pour relancer la production de la Manufacture de Beauvais dont il venait d’être nommé directeur et qui avait fait de mauvaises affaires. Cette huile sur toile servait de référentiel à l’échelle aux liciers de la manufacture pour préparer le modèle à tisser. La tradition veut que Boucher ait été inspiré par une comédie programmée par Charles-Simon Favart, monté à Paris, mettant en scène un colporteur savoyard et une lanterne magique.
France, Ile-de-France, Paris (lieu de création)
Paris ?
Peinture ayant servi à réaliser le carton de tapisserie de la série fêtes italiennes tissée par la manufacture de Beauvais, c'est Oudry - ami de Boucher - qui lui confia ce travail pour relancer l'activité de cette manufacture qui faisait face à d'importantes difficultés financières.
propriété de la commune, legs, Gray, musée Baron Martin
28/12/1915
Léon Marie Joseph Billardet (1818-1862) ; famillle Billardet, Gray
“François Boucher”, New York, Détroit, 1986 “François Boucher”, Paris, Grand Palais, 1986-87
François Boucher. 1703-1770, The Metropolitan Museum of Art New-York. The Detroit Institut of Art Detroit, RMN, 1987, p. 191-194 François Boucher. 1703-1770, Galeries Nationales du Grand Palais Paris, Paris, RMN, 1986, p. 194-197 Albert Pomme de Mirimonde, Félix Davoine, Musée Baron Martin Gray. Catalogue, Gray, Les Amis du musée Baron Martin et de la Bibliothèque de Gray, 1993, p. 50-51 Françoise Joulie, Boucher et les peintres du Nord, Dijon musée Magnin et Londres The Wallace Collection, Paris, RMN, 2004, p. 69 Brigitte Olivier, Œuvres choisies du musée Baron Martin, Gray, Les Amis du musée Baron Martin et de la Bibliothèque de Gray, 2012, p. 46-48 ;