OA 1197
Acteur en Silène
H. 21
Le personnage est travaillé sur la face et le revers ; ce dernier est percé d'un trou d'évent circulaire. Il est figuré en position frontale, debout sur un socle haut, en appui sur la jambe gauche, le pied droit légèrement en retrait. Vêtu d'une tunique à manches courtes descendant sous les genoux, il a enroulé son himation autour de la taille. Une délimitation au-dessus de la cheville droite semble indiquer la présence de pantalons rembourrés. Le volume des bras suggère de même un matelassage. La tête, couronnée, est celle d'un silène, un satyre âgé : la barbe est fournie, la bouche entrouverte, les sourcils froncés, l'expression pathétique. Le personnage décrit des gestes déclamatoires, il tient un instrument indéterminé dans la main droite.
Le vêtement rembourré et l'attitude du personnage indiquent qu'il s'agit d'un acteur comme en met en scène la Comédie nouvelle, qui se développe vers 330 av JC. Le comédien porte un masque de Silène, dont la démarcation ne serait pas visible
oeuvre en rapport
Ce type de production est couramment pratiquée par les coroplastes de Grèce de l'Est, notamment à Myrina, au IIème siècle av JC. Le musée des Beaux Arts de Lyon conserve un acteur de la Comédie nouvelle (inv. E 272-54) dont le corps est identique à celui de la statuette de Chantilly. Il est signé par Sodamos, un artisan actif à Myrina au IIème siècle av JC. Cependant la figurine de Lyon, tout comme les acteurs myrinéens du musée du Louvre (MNB 904 par exemple), porte un masque de théâtre clairement identifiable grâce à sa bouche ouverte, bien arrondie aux commissures, et à ses grands yeux ronds. Selon Webster, cet aspect est l'une des principales caractéristiques de la production, fort homogène, des acteurs de Myrina. Pour sa part, le visage de la statuette de Chantilly, affecte strictement les traits d'un silène, typiquement smyrniote : le Louvre possède un exemplaire originaire de cette cité, voisine de Myrina, en tous points similaire (Ca 5585). Ce visage n'a pas l'aspect d'un masque. Aucune limite n'est visible sous la barbe ou sur la nuque. La tête appartient toutefois bien à la statuette : la cassure du cou est irrégulière. Il ne s'agit pas d'un montage moderne. La série des acteurs de Myrina étant très cohérente, il est difficile de considérer l'acteur de Chantilly comme une production de cette cité qui dérogerait à l'une de ses principales caractéristiques - les masques - par l'emploi d'une tête de Silène comme en fournit Smyrne. La statuette pourrait davantage être une production smyrniote du IIème siècle av JC, dont le corps prendrait alors pour modèle les productions de la cité voisine, Myrina.
Smyrne (?, lieu d'exécution)
Myrina ou Smyrne. Provenance alléguée par A Lambros ' Ephèse '(archives du musée Condé, comptabilité.)
propriété privée personne morale, donation sous réserve d'usufruit, Chantilly, musée Condé, interdiction de prêt ou de dépôt
1886 date d'acquisition ; 1897 entrée matérielle
Achat au marchand A. Lambros, en juillet 1877, par l'intermédiaire de H. Daumet ; Henri d'Orléans duc d'Aumale
De l'Egypte à Pompéi : le cabinet d'antiques du duc d'Aumale, Chantilly, musée Condé, 5 juin - 9 septembre 2002
Macon, 1907, p. 11 ; Comparaison : Galliano, 1997, p. 79 ; Webster, 1995, p. 192, n° 3 DT 21 a ; Besques, III, p. 196, D 1452, pl. 227 c; Ludovic Laugier, De l'Egypte à Pompéi : le cabinet d'antiques du duc d'Aumale, Ed. Somogy - musée Condé, 2002, p. 54-55