OA 1194
Cavalier
H. (cheval) 9.7 ; H. (cavalier) 5.7 ; D. (base) 3.6 ; H. (base) 1.6
Le cheval, le cavalier et la base ont été fondus séparément, à la cire perdue, puis repris partiellement par incisions et poinçonnage. La base se compose de haut en bas d'un quart de rond, d'un filet, d'un cavet de faible profondeur et d'un filet arrondi, décoré de petits cercles estampé donnant l'effet d'un rang de perles. La fixation des sabots du cheval a été assurée par une soudure à forte teneur en étain. L'aspect général du cheval cabré est remarquablement élégant, en dépit de certains défauts de proportion. La tête et l'encolure sont notamment trop grandes par rapport au corps. Ces défauts sont cependant fréquents dans les représentations étrusquo-italiques. Les sabots ont été remodelés à froid. La crinière et le harnais, décorés de losange et d'un cercle, ont été incisés avec beaucoup de soin. La même qualité de finition caractérise le traitement de la queue, qui s'envole en coup de fouet. Le cavalier est nu, les avant bras écartés des flancs. Le corps juvénile est représenté avec une musculature sommaire mais correctement répartie sur le torse. Le traitement des bras et des jambes est seulement ébauché. La tête est assez ronde et massive. Les yeux, remarquablement grands, sont modelés avec soin. La coiffure, entièrement reprise par incisions, est recherchée : les cheveux sont rejetés vers l'arrière et forment autour de la tête un épais rouleau, relevé en une sorte de chignon au-dessus de la nuque. L'iris des yeux a été creusé à froid, les aréoles mammaires et le nombril, frappés d'un poinçon circulaire. Ce cheval a été coulé dans un alliage de bronze manifestement différent de celui qui a été utilisé pour le cavalier et la base. La patine de la monture tire sur le vert clair, celle du cavalier sur le gris.
Le sujet des figurines de candélabre du Cabinet des médailles et du musée Condé a un sens : sur un tel mobilier de luxe, elles représentent les Equites, jeunes membres de l'aristocratie, la classe sociale qui se distingue par la pratique de l'équitation. Le cheval étant cabré, peut-être s'agit-il aussi de souligner la dextérité du cavalier.
oeuvre en rapport
Il s'agit du sommet décoratif d'un candélabre disparu. L'examen du mode de fixation du cheval et du cavelier, un petit tenon de fer oxydé, indique qu'il n'est certainement pas antique. Le cavalier a été remonté au XIXème siècle, beaucoup trop bas sur la croupe de sa monture. Selon J.-R. Jannot cette fixation arbitraire laisse penser que la constitution de patines différentes a été provoquée par des alliages différents et, peut-être, par l'enfouissement en deux points distincts du cheval et du cavalier, dans la tombe où ils ont dû être découverts. Les différences d'alliages peuvent exister entre différentes parties d'une figurine produite en série dans un atelier étrusque. Cette figure devait décorer la cimaise d'un candélabre, d'après la forme de sa base. Elle se rattache à une série de plusieurs petits bronzes de même structure, dans laquelle le cheval cabré constitue toujours l'élément principal. Deux statuettes et leurs candélabres, découverts ensemble dans une tombe de Montepulciano (Florence, musée archéologique, inv.75662 et 75663), datées de la seconde moitié du IVème siècle avant J.-C., représentent un jeune homme nu tenant le cheval à la bride. Le frère jumeau du bronze de Chantilly est conservé au Cabinet des médailles de la Biblothèque Nationale de France (BB 893), deux exemplaires complètent la série : un cavalier à Munich (coll. Loeb, SL 28), un autre au musée archéologique national de Chieti (inv. 4284). Les dimensions des statuettes du Musée Condé et de cabinet des Médailles sont identiques. Il est certain que bases, chevaux et cavaliers ont été exécutés dans les mêmes moules. Seules les reprises à froid diffèrent, l'encolure du cheval conservé à Paris est notamment décorée de phalères, absentes sur la figurine de Chantilly. Ceci peut très bien s'expliquer dans un atelier où travaillaient plusieurs artisans ou encore quand des ateliers voisins fonctionnaient de concert. En tout état de cause, les mêmes outils ont été utilisés sur les deux figurines. L'exemplaire du Cabinet des médailles comme celui de Chantilly présente une combinaison hétérogène. Le type de la base est attesté du milieu du Vème siècle au second quart du IVème siècle avant J.-C. Le type du cheval s'inscrit dans les productions étrusques du début du IVème siècle avant J.-C., influencées par la plastique grecque contemporaine. Certains traits apparaissent plus anciens pour le cavalier, entre autres le volume du torse : ils désignent une origine tardo-archaïque et le situent dans une série de petits bronzes d'Etrurie intérieure du milieu du Vème siècle. En outre, cavalier et cheval ne sont pas à la même échelle : la monture est trop petite. En outre l'assiette du cavalier appellerait davantage un cheval au pas. Il y a donc pour la statuette trois modèles différents. Dans les ateliers étrusques du IVème siècle, tout semble indiquer que les éléments des figurines pouvaient être combinés en dépit de leur taille, voire de leur style, au même titre que les moulures ou les pieds des candélabres. Les candélabres de Montepulciano ont été produits à Chiusi, un des centres les plus importants pour la fabrication des bronzes étrusques : il pourrait en être de même pour ceux de Paris et Chantilly, de Munich et Chieti. Les visages des cavaliers frappent d'ailleurs par leur ressemblance avec ceux des bronzes d'Etrurie moyenne, entre Chiusi et Cortone. D'après A.-M. Adam, le cavalier de Paris, provenant de la collection de Luynes, aurait été trouvé dans les Pouilles. La cimaise du candélabre du musée Condé pourrait aussi provenir d'une tombe d'Italie méridionale, dont le mobilier participerait des échanges attestés entre Etrurie et Apulie. L'hypothèse est cependant fragile tant la provenance des antiques du duc de Luynes est mal assurée
Italie du Sud (?, lieu de découverte)
propriété privée personne morale, donation sous réserve d'usufruit, Chantilly, musée Condé, interdiction de prêt ou de dépôt
1886 date d'acquisition ; 1897 entrée matérielle
l'objet n'apparaît pas nommément dans les inventaires de la collection du duc d'Aumale ; Henri d'Orléans duc d'Aumale
De l'Egypte à Pompéi : le cabinet d'antiques du duc d'Aumale, Chantilly, musée Condé, 5 juin - 9 septembre 2002
Jannot, 2001, p.95-115, n° 1 pl. XVIII a ; Jannot, 1992, p. 1-7 ; Macon, 1907, p. 13, n° 6 ; Comparaison :Adam, 1984, p. 58, n°58 ; Ludovic Laugier, De l'Egypte à Pompéi : le cabinet d'antiques du duc d'Aumale, Ed. Somogy - musée Condé, 2002, p. 64-66