OA 1150
cruche à embouchure oblique en fer à cheval
romain
H. 25
Cruche à panse ovoïdale et épaulement oblique, reposant sur un pied en doucine à assise annulaire, à faces obliques moulurées et base allégée par des moulures concentriques. Le col hyperboloïdal est étroit, la base soulignée par un bandeau mouluré. Le haut du col est asymétrique : la face antérieure est infléchie, la face postérieure tronquée obliquement. L'ouverture est de section ovale pincée, l'avant en fer à cheval, avec un bord biseauté. L'anse à tige en crosse se terminant par trois feuilles pointues, décorée d'un bandeau en son sommet, formé par une rangée de perles cernée par deux cannelures, puis couverte d'une longue feuille d'acanthe, bordée elle`même latéralement par un rang de perles. L'anse s'applique sur le vase par le biais d'un protome de cheval aux oreilles dressées, dont les jambes épousent les pentes de la lèvre. Elle s'appuie sur l'épaule du vase par une plaque soudée : une tête de Gorgone de type humanisé, le regard menaçant, le nez large, la bouche entrouverte, la chevelure épaisse, rayonnante et garnie de deux tête de serpent affrontées. Le visage émerge d'un culot végétal. La panse, l'anse et le pied sont foudus à part et soudés, les deux derniers probablement réalisés dans un atelier différent, spécialisé comme semblent notamment l'indiquer les récentes fouilles de Capoue (cf. De Caro). Le col est peut-être discrètement emboité dans l'épaule à la hauteur du bandeau en cavet, comme d'autres exemplaires du même type. La corrosion empêche de discerner le dispositif retenu par l'artisan de ce vase
oeuvre en rapport
Cette cruche appartient au type Tassinari E 3000 et au service à boire de type G (Canterbury) dans la classification de H. U. Nuber. Le protome décorant sous diverses formes la partie supérieure de l'anse constitue l'une des principales caractéristiques de ces cruches et représente souvent un cheval, parfois marin, mais également un buste humain, une sphinge, un griffon, une panthère, un lion ou un taureau. L'attache inférieure présente la même diversité, avec une prédominance des têtes ou des bustes humains. La fabrication en trois ou quatre parties du vase est typique des productions italiques, fréquentes en Campanie. Les exemplaires découverts à Pompéi forment une série homogène, marquée par le soin apporté à la fusion des bronzes, l'élégance de leur galbe et la qualité du décor souvent repris à froid. Les cruches à embouchure oblique étroite étaient associées, dans le cadre domestique ou funéraire, à des patères dont la morphologie est moins fixe : souvent dotée d'un manche cannelé, terminé par une tête de chien ou de bélier. La patère à tête de bélier, décrite dans l'inventaire des objets provenant de Pompéi, dressé en 1846 (archives du Musée Condé, 58d 1, f° 73), aujourd'hui disparue, pouvait donc être éventuellement associé à cette cruche, ou à celle décorée d'un buste humain (OA 1151). Remarquons néanmoins que si ces associations sont assez récurrentes hors d'Italie, en Campanie les cruches semblent moins systèmatiquement couplées à des patères. La production du service de type G (Canterbury) pourrait avoir comme modèle des prototypes hellénistiques, comme semble le démontrer ses similitudes avec la cruche alexandrine découverte à Egyed et conservée à Budapest. Elle débute vers le milieu du Ier siècle dans les ateliers italiques.
Italie (lieu d'exécution)
Italie ; Pompéi (lieu de découverte) ; maison ; fouilles ; (8 novembre 1843, date de découverte)
Pompéi, auberge de Gabinianus, dite maison du duc d'Aumale. Quartier VI, îlot IX, 1, 14. Durant l'automne 1843, le duc d'Aumale rejoint son commandement à Constantine, en Algérie. Son itinéraire le mène à Naples où ses parents, le roi Louis-Philippe et la reine Marie-Amélie, l'ont invité à faire la connaissance de la sur du roi Ferdinand II et de la fille du prince de Salerne : il s'agit de trouver une épouse au jeune prince, auréolé de gloire par la récente prise de la la smala d'Abd El-Kader. La fouille fut organisée à Pompéi par le roi des Deux-Siciles qui programma pour le duc d'Aumale une ascension du Vésuve et une visite de Pompéi. La pratique est alors courante à la cour de Naples d'organiser une fouille sous les yeux de visiteurs de marque, et éventuellement de leur en offrir le fruit. En souvenir de la visite du prince, la maison fouillée devant lui est baptisée 'Casa del Duca di Aumale'. Un graffiti, 'Venies in Gabinianum pro mansu', publié par M. Della Corte, permet de comprendre sa destination première. Il s'agissait d'une auberge, un hospitium, dont le propriétaire, ou le gérant, se nommait Gabinianus. L'inscription vantait son hospitalité et invitait à entrer. Ainsi s'explique parfaitement la grande quantité de vaisselle et d'ustensiles de cuisine découverte sur place. De même, trois dés à jouer (OA 1865 à 1867) illustrent bien l'animation que dut connaître l'établissement. Dans le même ilôt, une officine de parfumeurs jouxtait l'auberge : cela justifie peut-être le nombre important de vases à parfum issus de la fouille (OA 1831 à 1836). L'auberge se situait dans l'un des plus élégants secteurs de Pompéi, au nord-ouest de la cité, près des remparts.
propriété privée personne morale, donation sous réserve d'usufruit, Chantilly, musée Condé, interdiction de prêt ou de dépôt
1886 date d'acquisition ; 1897 entrée matérielle
offerte le 8 novembre 1843 par Ferdinand II, roi des Deux-Siciles ; Henri d'Orléans duc d'Aumale
De l'Egypte à Pompéi : le cabinet d'antiques du duc d'Aumale, Chantilly, musée Condé, 5 juin - 9 septembre 2002
Macon, 1907, p. 14 ; Fiorelli, 1862, p. 457 ; Bibliographie de comparaison :De Caro, 1994, p. 228 ; Tassinari, 1993, type E 3000; Mutz, 1972, p. 127 ; Nuber, 1972, type G ; Balty, 1965, p. 14-59 ; Radnoti, 1960, p.99-124 ; Ludovic Laugier, De l'Egypte à Pompéi : le cabinet d'antiques du duc d'Aumale, Ed. Somogy - musée Condé, 2002, p. 71-72