OA 1126
Vénus anadyomène
romain
H. 70
Aphrodite se tient debout, à demi nue, en appui sur la jambe gauche, la jambe libre légèrement dégagée vers l'arrière, le talon détaché du sol. Le torse se distingue par la fluidité de ses volumes et le nombril inscrit dans une dépression nettement triangulaire. La déesse, tête penchée vers la gauche, lève les bras pour tordre ses cheveux. Le bras gauche est contre le sein, le bras droit davantage élevé. Le bord du manteau, noué bas sur les hanches dessine une ligne oblique inverse à celle des bras : il descend de la hanche gauche vers la hanche droite. Son noeud libère une série de plis en serviette. Le visage de la déesse est particulièrement idéalisé : les arcades sourcilières dessinent notamment des arcs très réguliers. Sa chevelure s'organise autour d'une raie médiane, soigneusement ordonnée en mèches ondulées.
L'image illustre la toilette d'Aphrodite : la déesse vient de draper ses hanches et sèche sa chevelure. Au IVème siècle avant J.-C., Apelle avait peint le sujet. Le tableau, transféré à Rome dans le temple de César, est décrit par Pline l'Ancien avec enthousiasme comme une oeuvre majeure du maître (H. N. XXXV, 79-97). A l'origine de la série de statues qui nous est parvenue, un prototype du IIIème siècle avant J.-C., inspiré par cette peinture célèbre et les Aphrodite de Praxitèle, a été suggéré (Brinkerhoff, op. cit.). Il aurait peut-être été créé à Alexandrie. La très relative ressemblance entre le visage de la statue du Vatican et les portraits de la reine d'Egypte Arsinoë III, vénérée sous les traits d'Aphrodite après sa mort dans les cultes ptolémaïques, serait un indice, tout comme la provenance alexandrine de plusieurs statuettes (Ny Carlesberg,Glyptothek, op. cit.). Si le traitement du manteau n'interdit pas un modèle du IIIème siècle, la création du type statuaire à Alexandrie reste néanmoins hypothétique. Le motif est fréquemment utilisé par les Romains au Ier siècle. Il est attesté à Pompéi par une statue découverte dans le temple d'Isis (Encyclopédie photographique, III, 226-27)
oeuvre en rapport
De nombreuses statues et statuettes du même type nous sont parvenues, datées entre la fin du IIème siècle avant J.-C. (Ny Carlsberg Glyptothek, inv. 1259) et le IIème siècle de notre ère. La plus complète, conservée au musée du Vatican (inv. 807), présente notamment le même agencement du manteau et la même dépression triangulaire du nombril que sur l'exemplaire de Chantilly. La statuette de Chantilly a fort bien pu participer au décor d'une maison ou d'une villa suburbaine des alentours du Vésuve. Repolie, elle pourrait laisser douter de son antiquité. L'Aphrodite ' Lovatelli ' (Naples, Musée archéologique national, inv. 109608), découverte à Pompéi, présente néanmoins un modelé du torse fort simplifié, raisonnablement comparable. La chevelure de la statuette pourrait aussi étonner par l'extrême régularité de ses mèches ondulées, plaquées sur la calotte crânienne. Le même agencement se retrouve exactement sur la tête du même type conservée à Saint Pétersbourg (Ermitage A 926), dont l'antiquité est admise. Ce n'est que dans les inventaires d'Orléans House, dressés entre 1853 et 1872 (arch. du musée Condé, 157c 15, f° 78 et 157c 16, f° 83, 84), que la provenance ' Herculanum ' apparaît pour les marbres de la collection du prince de Salerne, y compris pour le OA 1125 découvert à Rome, via Appia et les OA 1128 et 1124, datés deux siècles après l'éruption du Vésuve. Tout au plus, peut-on admettre que les statuettes décoratives OA 850 à 853 et OA 1126 et 1127 proviennent probablement d'habitations de la région de Pompéi et Herculanum.
Italie, Campanie (lieu d'exécution, ?)
propriété privée personne morale, donation sous réserve d'usufruit, Chantilly, musée Condé, interdiction de prêt ou de dépôt
1886 date d'acquisition ; 1897 entrée matérielle
achat de la collection du prince de Salerne, 1854 ; Henri d'Orléans duc d'Aumale. Fait partie d'un ensemble de marbres romains acquis, en 1854, avec la collection que le prince de Salerne possédait à Naples
De l'Egypte à Pompéi : le cabinet d'antiques du duc d'Aumale, Chantilly, musée Condé, 5 juin - 9 septembre 2002
cat. de vente de la collection du prince Léopold de Salerne, 1852, p. 38, n°192 ; Limc, II, s. v. ' Aphrodite ', p. 76, n° 668, Himmelmann, 1958, p. 3, pl. I ;Reinach, IV, p. 200, n° 4. ; Comparaison :Nielsen, Ostergaard, 1997, p. 71 ; Domus - Vividaria, Horti Picti, Naples, 1992, p. 39-43 ; LIMC, II, 1984, Délivorias, p. 76-77 ; Brinkerhoff, 1978, p. 56-62, pl. XL ; Ludovic Laugier, De l'Egypte à Pompéi : le cabinet d'antiques du duc d'Aumale, Ed. Somogy - musée Condé, 2002, p. 110