Architecture monumentale commémorative funéraire et votive ; monument ; édicule commémoratif ; monument aux morts
Chapelle des Prisonniers, sanctuaire du souvenir
Auvergne-Rhône-Alpes ; Haute-Savoie (74) ; Morzine ; route d’ Avoriaz; 338 route départementale
Avoriaz (route d'); Départementale (route) 338
20e siècle
20e siècle
1958 ; 1971
En 1957 les habitants de Morzine confient à l’architecte local René Faubléé le dessin d’une chapelle en mémoire de l’horreur du carnage de la seconde guerre mondiale. Le 14 septembre 1958 la première pierre est symboliquement posée en présence du père Marie-Guy, et le dimanche 23 août 1959 la chapelle est officiellement inaugurée en présence de l’évêque d’Annecy. A noter que pour finir la chapelle de nombreuses fêtes d’été furent nécessaires afin de poursuivre et financer les travaux. Tant l’initiative que la réalisation de cet édifice réligieux incarnent la reconnaissance envers tous ceux qui ont péri et la dévotion de ceux qui sont rentrés vivants après leur déportation dans les camps russes ou allemands. Une carrière est créée pour l’occasion et les prisonniers construisent eux-mêmes, pierre par pierre cet édifice, alors qu’aucune route ne mèna à ce plateau, seul un chemin de terre rejoignait l’alpage tout proche. Il s’agissait d’ériger un « sanctuaire du souvenir » pour ne jamais oublier qu’il y avait seulement quelques années à peine ils croupissaient derrière des barbelés, dans les camps de la mort lente.
Construite à 1 800 mètres d’altitude, cette chapelle est conçue en fonction du climat rude de la Haute-Savoie : la forme triangulaire permet de renforcer la solidité de la charpente, les pans de toit débordent afin de former un auvent pour abriter un grand nombre de personnes, et l’entrée est orientée au nord. Elle est composée d’éléments géométriques (trapèzes, triangles et rectangles). Les seules lignes sinueuses sont dessinées par le réseau des plombs des vitraux. Aucune des façades de la chapelle n’est lisse : des piliers en pierre de plan irrégulier (triangulaire, trapézoïdal) soutiennent le toit débordant en saillie par rapport au nu des parois. L’espace intérieur tout comme les façades extérieures est organisé selon une symétrie axiale. A l’intérieur l’autel rectangulaire en appareil de moellons hourdés est posé sur une plateforme hexagonale et placé au centre (croisement des bissectrices du triangle). Le plafond couvert de lambris laisse apparaître les poutres de la charpente. Quant aux matériaux utilisés, ils sont uniquement locaux – tout comme les ouvriers – et naturels (pierre, bois, ardoise de Morzine). Cet édifice rompt avec le plan traditionnel : c’est une architecture nouvelle qui a eu comme principe l’ouverture complète sur l’extérieur, sur la montagne et donc sur la liberté, tout en évoquant le mystère de la Sainte-Trinité avec son plan.
2007
2020
Vitali Françoise ; Rousset Lolita ; Carlson Nathalie
Dossier individuel