Architecture religieuse ; édifice religieux ; édifice religieux chrétien ; église
Église Sainte-Bernadette
Bourgogne-Franche-Comté ; Saône-et-Loire (71) ; Digoin ; place du Maréchal-Leclerc
Maréchal-Leclerc (place du)
20e siècle
20e siècle
1933 ; 1937
La commune de Digoin connaît au début du XXe siècle une forte croissance démographique, soutenue par le développement de son activité industrielle liée à la faïencerie. Des cités ouvrières sont édifiées pour loger les employés des usines : le nouveau quartier de la Diérette, situé au nord-est, est toutefois mal équipé et souffre de mauvaises communications avec le centre-ville. Le curé Duchassin propose, en 1933, la construction d’un lieu de culte qui soit également ouvert aux réunions publiques et aux manifestations culturelles tenues dans ce quartier populaire. Le projet est financé et réalisé avec l’aide de population (don du terrain, main d’œuvre), dont une part importante d’ouvriers immigrés venus travailler dans la faïencerie.
L’église, se compose d’un plan basilical se terminant par une grande abside qui accueille le maitre-autel. La construction est surélevée du sol par un niveau de soubassement qui abrite les salles de réunion et de catéchèse. Le bâtiment se constitue d’une ossature en béton armé avec un remplissage en mâchefer, et est couvert par un toit à longs pans recouvert de tuile. Le clocher est construit hors-œuvre, cette disposition en campanile étant alors peu courante dans l’architecture religieuse en France ; sa hauteur lui confère un rôle de signal urbain exprimant la centralité du quartier. Si la composition d’ensemble, à l’exception du clocher, reste proche des formes traditionnelles des églises, le langage architectural adopté relève lui, par le recours à la géométrisation et à l’épuration décorative, du style Art déco alors à la mode. La limite entre le soubassement et le niveau principal est signalée par un bossage en béton moulé ; la façade principale et le campanile présentent des surfaces planes excluant tout motif décoratif. La faiblesse du budget a conduit l’architecte à rechercher les solutions techniques et constructives les plus simples et les plus économiques : la voûte qui couvre la nef principale est réalisée en terre cuite et le mobilier liturgique (l’autel, l’ambon et les fonds baptismaux) est exécuté en béton et en pierre. De la même manière, le décor intérieur, restant sobre, est assuré par une fine frise en faïence colorée (cette technique étant à l’origine de la cité ouvrière), par des colonnes aux chapiteaux ornés de céramiques et par des vitraux en claustras de béton sur les bas-côtés et le chœur.
Œuvre majeure de l’architecte Pierre Bernard, l’église Saint-Bernadette de Digoin annonce le renouveau de l’architecture religieuse qui se concrétisera après-guerre, en particulier après la révolution liturgique du concile Vatican II. L’édifice se démarque aussi par la visée sociale de son programme – qu’incarne sa dédicace à Sainte Bernadette – et par l’esthétique et la technique constructive nouvelle apportées par l’utilisation du béton armé, rompant avec les formes et les matériaux jusque-là conventionnels.
2015
2020
La Manufacture du Patrimoine
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