Architecture religieuse ; édifice religieux ; édifice religieux chrétien ; église
Chapelle Saint-Paul des Gibjoncs
Centre-Val de Loire ; Cher (18) ; Bourges ; avenue de Lattre-de-Tassigny ; route de Saint-Michel
Lattre-de-Tassigny (avenue de) ; route de Saint-Michel (route de)
20e siècle
20e siècle
1969-1971
À l’instar de nombre de villes françaises, les Trente Glorieuses sont marquées à Bourges par l’expansion territoriale de la commune. Au cours des années 1960, un quartier neuf sort de terre aux Gibjoncs. La population s’accroissant rapidement, la paroisse Saint-Jean de La Chancellerie engage, en 1968, la construction d’une chapelle confiée aux architectes Jacques Mansiat (1926-1999) et Pierre Blatter (né en 1929), afin de disposer d’un nouveau lieu de culte complémentaire sur ce vaste territoire paroissial. Formés tous deux aux Beaux-Arts de Paris, ils s’associent en 1956. Il convient de noter qu’en 1964-1966, juste avant le chantier de la chapelle Saint-Paul, Mansiat était déjà intervenu une première fois, avec Guy-Stanislas Pison, pour le compte de la cure de La Chancellerie en construisant la nouvelle église paroissiale Saint-Jean.
Implantée au cœur du quartier neuf, au carrefour de deux artères passantes, la chapelle Saint-Paul doit alors devenir un centre de vie religieuse pour les Gibjoncs. Outre le lieu de culte, le programme comprend deux salles pour le catéchisme, une salle polyvalente, une salle de réunion, un bureau et un logement pour le prêtre. Toutes ces fonctions sont rassemblées dans le volume de l’édifice dont la matrice du plan est une forme hélicoïdale s’enroulant autour d’un axe matérialisé par le clocher. La structure maçonnée est en béton brut de décoffrage et composée de panneaux préfabriqués rectangulaires rainurés ou pleins. La chapelle est couverte d’un voile de béton goudronné dissimulant une charpente apparente dont le dessin expressif reproduit son mouvement en spirale. La lumière descend du toit par trois oculi placés au-dessus du sanctuaire. Une simplicité dénuée d’artifices caractérise le lieu de culte. Les parois de béton brut de décoffrage sont laissées nues, le sol est couvert de linoléum, les poutres de la charpente sont taillées dans la masse, à l’image de la croix dressée derrière l’autel de béton.
La chapelle Saint-Paul illustre la rupture esthétique insufflée par le concile Vatican II (1962-1965) dans la conception des lieux de culte. L’édifice se signale dans le paysage urbain par l’originalité de sa forme, saisissable de tous côtés. Conduit de la rue au sanctuaire par le mouvement en spirale de l’édifice, le fidèle est placé au cœur du dessin de la chapelle dont le plan favorise le rapprochement de la nef et de l’autel. Résolument inscrite dans son époque, par l’emploi du béton brut de décoffrage, l’architecture de la chapelle Saint-Paul emprunte au brutalisme l’éloquence des rugosités. La libération des formes facilitée par l’emploi du béton et l’expressivité du matériau concourent à la pratique d’une liturgie proche du fidèle, dans l’esprit de réforme qui imprègne l’Église catholique dans la seconde moitié du XXe siècle. Le décor (vitraux en dalles de verre, mobilier liturgique) est constitué comme un tout faisant corps avec l’architecture de l’édifice.
2016
2020
La Manufacture du Patrimoine
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