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Plateforme ouverte du patrimoine

Maison Bouriant

Désignation

Dénomination de l'édifice

Architecture domestique ; édifice domestique ; demeure ; maison

Titre courant

Maison Bouriant

Localisation

Localisation

Centre-Val de Loire ; Cher (18) ; Bourges ; 1 rue Littré  ; place Planchat

Adresse de l'édifice

Littré (rue) 1 ; Planchat (place)

Historique

Siècle de la campagne principale de construction

20e siècle

Siècle de campagne secondaire de consctruction

20e siècle

Année(s) de(s) campagne(s) de construction

1969

Description historique

La contextualisation urbaine ou paysagère des bâtiments constitue un intérêt constant chez Christian Gimonet. Son engouement pour les questions liées au patrimoine architectural a une double origine. Lors de ses voyages aux États-Unis pendant les années 1960 et 1970, il a pu constater les dégâts de l’étalement urbain, véritable négation de la ville et de l’histoire. Parallèlement, en Europe et notamment en France, à travers la politique menée par le Ministère des Affaires Culturelles d’André Malraux (1959 – 1969), se dessine une reconnaissance décisive du patrimoine bâti. 1975 est déclarée année européenne du patrimoine architectural. Le travail de Christian Gimonet s’insère parfaitement dans ce courant de redécouverte et de valorisation du patrimoine urbain, l’une des grandes réflexions en architecture à partir du milieu des années 1960, engagée notamment par les grands architectes italiens de l’époque, tels que Carlo Scarpa, aux antipodes de et en réaction à la construction industrialisée de masse. Dans ce contexte il peut être considéré comme l’un des premiers architectes français ayant travaillé sur la réhabilitation des centres historiques, ce dont témoigne de nombreux articles dans les revues d’architecture. C’est dans ce cadre notamment que sa maison privée de Bourges (1968 – 1969) est conçu. La prise en compte de l’histoire d’un lieu, de sa structure, de sa morphologie, de sa texture, de sa composition quasi géologique déborde la question patrimoniale en tant que telle, et ouvre un champs de travail fondamental beaucoup plus vaste : que Christian Gimonet, à la suite de quelques auteurs, appelle le génie du lieu. Il s’agit de créer une architecture qui soit à chaque fois le résultat spécifique d’une analyse détaillée d’un site. À l’échelle européenne, à partir des années 1960, cette démarche et ces recherches sur la morphologie et la mémoire particulière des lieux, sont comparables à celles d’un architecte comme Aldo Rossi. La maison est située en plein cœur du secteur sauvegardé dont le programme national a été créé par André Malraux en 1962. Le centre historique de Bourges est classé en 1964. L’objectif consiste donc à insérer une maison moderne dans un contexte historique et notamment de s’accorder à l’espace du XVIe siècle de l’Hôtel Cujas. Par la reprise d’un grand pan en ardoise, les lignes de pente des toits du voisinage rime les unes avec les autres. Derrière ce toit se cache une structure métallique adossée à un tour assurant le contreventement. Les espaces sont superposés de façon libre ce qui se traduit à l’extérieur par de grands pans de verres reprenant les agencements formels des pare-brises des cités radieuses de Le Corbusier. L’agencement intérieur constitué d’espaces libres traités en béton texturé brut permettant toutes activités rappelle la spatialité de Paul Rudolph. La maison est une synthèse entre les conceptions modernes de l’architecture (apesanteur, espace libre, superposition, construction en' acier et en béton armé, etc.) et par la matière et la forme du toit, elle s’intègre parfaitement dans son milieu urbain historique. L’influence de Le Corbusier caractérise fortement ce bâtiment et se reflète dans certains détails essentiels, et notamment dans l’utilisation du Modulor, échelle aux dimensions harmonieuses, basée sur la taille humaine, utilisée dans tous les bâtiments de l’architecte d’origine Suisse à partir des années 1940. Le Corbusier développe le MODULOR entre 1942 et 1955 comme un système de proportions à vocation universelle. Il s’agit de donner à l’architecture un ordre mathématique qui ne soit pas coupé des proportions de l’homme. Le Nombre d’or et la taille standard d’un homme (183 cm) sont à la base de ce système de mesure. Cette échelle deviendra par la suite pour de nombreux architectes le système de référence mathématique le plus adapté pour développer une architecture standardisée. La totalité de la maison Bouriant est proportionnée à partir du Modulor. Une deuxième particularité se réfère à la création des espaces intérieurs. La conception· repose sur un autre « pilier » corbuséen qui est le plan libre. Ainsi une construction en acier constitue l’ossature de l’ensemble et permet d’y installer une superposition des plateaux formant les différents étages. Un deuxième influence vient de Frank Lloyd Wright, imminent architecte américain, notamment concernant l’intégration du mobilier dans la conception architecturale et spatiale permettant à l’intérieur de la maison de créer un « paysage ouverte ». On constate également l’impact d’un autre architecte américain – Paul Rudolphe – chez qui Gimonet a pu travailler au début des années 1960. C’est notamment le traitement du béton armé en fines bandes légèrement en relief qui renvoie au traitement brut de cette matière de l’architecte américain. La maison Souriant, nommée selon l’entreprise d’électroménager, qui fut initialement installée au rez-de-chaussée du bâtiment, combine ainsi une approche de contexte et d’intégration dans un tissu urbain fortement imprégnée par l’architecture du Moyen Âge et de la Renaissance avec une approche qui réactualise et réadapte l’architecture moderniste aux fins de l’intégration urbaine. Cet immeuble est célébré par la Revue des monuments historiques en 1970 comme « le premier exemple réussi d’intégration d’une maison moderne dans un ensemble ancien », et est longtemps resté au programme de la formation des architectes des Bâtiments de France. La maison inclut aujourd’hui l’agence de Christian Gimonet et son appartement.

Protection et label

Date de label

2014

Références documentaires

Date de l'enquête ou du dernier récolement

2020

Typologie du dossier

Dossier individuel

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Vue d'ensemble depuis la rue
Vue d'ensemble depuis la rue
© Cyrus Cornut, Ministère de la Culture (direction générale des patrimoines et de l’architecture) (France), Médiathèque du patrimoine et de la photographie, diffusion GrandPalaisRmn Photo
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Vue d'ensemble depuis la rue
Vue d'ensemble depuis la rue
© Cyrus Cornut, Ministère de la Culture (direction générale des patrimoines et de l’architecture) (France), Médiathèque du patrimoine et de la photographie, diffusion GrandPalaisRmn Photo
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Façade latérale
Façade latérale
© Cyrus Cornut, Ministère de la Culture (direction générale des patrimoines et de l’architecture) (France), Médiathèque du patrimoine et de la photographie, diffusion GrandPalaisRmn Photo
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Salon
Salon
© Cyrus Cornut, Ministère de la Culture (direction générale des patrimoines et de l’architecture) (France), Médiathèque du patrimoine et de la photographie, diffusion GrandPalaisRmn Photo
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Escalier et mezzanine
Escalier et mezzanine
© Cyrus Cornut, Ministère de la Culture (direction générale des patrimoines et de l’architecture) (France), Médiathèque du patrimoine et de la photographie, diffusion GrandPalaisRmn Photo
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Cuisine et cheminée
Cuisine et cheminée
© Cyrus Cornut, Ministère de la Culture (direction générale des patrimoines et de l’architecture) (France), Médiathèque du patrimoine et de la photographie, diffusion GrandPalaisRmn Photo
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