Génie civil ; ouvrage d'art ; ouvrage lié à l'alimentation en eau ; réservoir
Bureau d'entreprise
Réservoir d’eau, actuellement bâtiment de la Lyonnaise des eaux
Centre-Val de Loire ; Loiret (45) ; Orléans ; 26 rue Chaude-Tuile
Chaude-Tuile (rue) 26
20e siècle
20e siècle
1948 ; 1952
Les installations du service municipal des Eaux d'Orléans, situées au sud du grand cimetière d'Orléans et à proximité des voies ferrées, sont détruites au cours des bombardements aériens alliés de mai et juillet 1944. La Ville lance à la Libération un programme d’amélioration de la distribution publique de l’eau, dont la réalisation est soumise à concours en 1946. Celui-ci est remporté par l’entreprise de bâtiment et de génie civil Campenon-Bernard, déjà active sur les chantiers de reconstruction du centre-ville d’Orléans. Sans être plus onéreuse que celles de ses concurrents, la proposition de Campenon-Bernard offre une meilleure qualité technique et esthétique, l’entreprise s’étant associée les services de l’architecte-conseil René Guichemerre. Aujourd’hui encore en fonctionnement, le bâtiment a été réhabilité au début des années 2000 par l’agence d’architecture orléanaise L’Heudé & L’Heudé.
Le réservoir de la rue de la Chaude-Tuile, pièce majeure de cet effort de modernisation du réseau hydraulique, est construit en trois tranches successives en 1946, 1949 et 1950, chacun des compartiments de conception similaire offrant une capacité de stockage de 7 000 m³. Implanté sur un talus, le réservoir surmonte également des ateliers, des magasins et des bureaux. Chaque compartiment est soutenu par une structure poteaux-poutres en béton armé, certaines parties utilisant la technique de la précontrainte inventée par l’ingénieur Eugène Freyssinet, et qui permet de limiter les effets de retrait et de dilatation des cuves. Allégée par l’évidement de ses façades périphériques, la silhouette du réservoir est ponctuée côté ouest par les trois tours de canalisations, chacune étant précédée par un escalier monumental. Leurs lignes très sobres sont percées de claustras vitrés qui concourent à atténuer l’impression de massivité dégagée par l’ensemble. La façade orientale, côté rue Moine, présente également des claustras en béton armé, seulement utilisés comme éléments de remplissage entre trois poteaux.
Élément peu connu de la reconstruction d’Orléans à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, le réservoir de la rue de la Chaude-Tuile emprunte sa technicité aux domaines des ouvrages d’art : ouvrage utilitaire mais savant, il témoigne de la révolution de l’art de bâtir permise au milieu du XXe siècle par la généralisation de la précontrainte. Indispensable à la diffusion du confort moderne, le réservoir d’eau offre une forme architecturale soignée et exploitant son volume hors-norme : économisant la matière, la proposition de Campenon-Bernard satisfait aussi aux exigences esthétiques de l’époque.
2015
2020
La Manufacture du Patrimoine
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