Urbanisme et espaces aménagés ; secteur urbain ; secteur urbain concerté ; lotissement
Ilots (1 à 5) expérimentaux de la Reconstruction
Centre-Val de Loire ; Loiret (45) ; Orléans ; Îlot 1 : 1-7, rue de la Lionne ; 17-21, rue Bannier ; 2-12, rue du Colombier ; passage du Colombier ; îlot 2 : 20-24, rue Bannier ; 2-10, rue de la Cerche, 15-17, rue de la République ; ilot 4 : 1-12, rue des Minimes ; 1-5, rue du Colombier ; 1-15, rue Bannier ; 2-4, rue d’Illiers, passage Bannier ; îlot 5 : 4-16, rue Bannier ; 1-5, rue de la Cerche ; 3-3bis, rue de la République.
20e siècle
20e siècle
1940 ; 1942 ; 1945 ; 1947 ; 1949
Durement touché par les bombardements aériens durant la Seconde Guerre mondiale, le centre d’Orléans fait l’objet d’un ambitieux programme de reconstruction, placé sous l’égide du ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme. Hippolyte dit Pol Abraham est désigné pour conduire le chantier de l’îlot 4 (place du Martroi, rues Bannier et du Colombier) puis, en 1945, reçoit la direction des îlots 1, 2 et 5. Pol Abraham est alors notamment connu pour avoir construit, avec Henri-Jacques Le Même, le collège Montmorency à Paris et les sanatoriums du plateau d’Assy (Haute-Savoie). Le chantier de reconstruction orléanais est l’occasion pour Abraham de mettre en œuvre le fruit de ses expérimentations théorisées dans Architecture préfabriquée qu’il publie en 1946.
Le chantier expérimental d’Orléans représente 200 logements répartis sur 51 500 m². Les immeubles sont agencés en îlots fermés autour d’une cour intérieure dédiée au stationnement des voitures. Les édifices sont traités de manière uniforme afin de dessiner un paysage urbain homogène. Les immeubles s’élèvent, pour les plus hauts, sur cinq niveaux, coiffés en outre pour certains, d’un étage de comble. Les couvertures en ardoises s’intègrent bien au paysage urbain du centre d’Orléans. Le dessin des façades est défini par une grille modulaire de baies identiques et un parement en dalles de béton de pouzzolane enduites d’une couche de pierre reconstituée. Le chantier est le lieu de l’expérimentation de techniques de préfabrication chères à Pol Abraham. L’architecte y met en œuvre le procédé Croizat & Angeli, qui combine les maçonneries traditionnelles avec des éléments préfabriqués assemblés sur le chantier. Il s’agit de « blocs-tableaux » en pierre reconstituée. Par ailleurs, le chantier expérimental offre l’occasion de mettre en œuvre, à grande échelle et dans un programme d’habitation, le système des poutrelles en béton précontraint inventé par Eugène Freyssinet, ainsi que le dispositif « Bloco » (bloc-eau) intégrant les éléments ménagers des appartements et inspiré par les travaux de l’architecte américain Richard Buckminster-Fuller 25 ans plus tôt dans son prototype nommé Dymaxion House.
Les îlots 1, 2, 4 et 5 forment un ensemble urbain emblématique de ce vaste chantier national qu’a représenté la seconde reconstruction en France. Ils constituent une expérience fondatrice d’une nouvelle manière de bâtir et marquent, de la sorte, une étape dans le développement à grande échelle des techniques de préfabrication. On peut y voir la préfiguration des moyens mis en œuvre pour la construction des grands ensembles de logements au cours des Trente Glorieuses, associée à une rigueur architecturale qui se marie particulièrement bien aux parties préservées des grandes compositions urbaines orléanaises du XVIIIe siècle ; selon ses propres termes, Pol Abraham a eu pour ambition de produire « une certaine mise en ordre qui est la condition même de l’harmonie (et qui) pourrait, très efficacement, contribuer à la résorption de ce désordre architectural inhérent aux villes modernes ». La modernité se définit ici davantage dans les procédés que dans l’esthétique, dans un chantier amorcé dès 1944.
2014
2020
La Manufacture du Patrimoine
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