Urbanisme et espaces aménagés ; secteur urbain ; quartier
Quartier de l’Esplanade
Grand Est ; Bas-Rhin (67) ; Strasbourg ; quai des Alpes; rue d' Ankara ; quai des Belges ; rue Blaise-Pascal ; rue de Boston ; rue de Copenhague ; place de l'Esplanade; rue Gaspard-Monge ; rue Louvois ; rue de Milan; rue de Neuchâtel; rue d'Oslo; rue de Palerme; rue René-Descartes; rue de Rome; rue de Stockholm; rue de Stuttgart ; rueTarade ; rue d'Upsal
Alpes (quai des ) ; Ankara (rue) ; Balise-Pascal (rue) ; Boston (rue de) ; Copenhague (rue de ) ; Esplanade (place de L' ) ; Gaspard-Monge (rue) ; Louvois (rue) ; Milan (rue de) ; Neuchâtel (rue de) ; Oslo (rue d') ; Palerme (rue de) ; René-Descartes (rue) ; Rome (rue de) ; Stockholm (rue de) ; Stuttgart (rue de) ; Tarade (rue) ; Upsal (rue d')
20e siècle
20e siècle
1961
À partir de 1681, lorsque Strasbourg est rattachée au Royaume de France, l’ingénieur militaire français Sébastien Le Prestre Vauban conçoit de nouvelles fortifcations, et notamment la citadelle au sud-est de la ville ancienne. La citadelle est sérieusement endommagée par les bombardements ennemis lors de la guerre franco-prussienne (1870-1871), qui se conclut par l’annexion de l’Alsace-Lorraine par l’Empire allemand. Une nouvelle ligne de fortifcations militaires, tracée et mise en œuvre à partir de 1875, rend l’ancienne enceinte obsolète et conduit à son démantèlement. À partir des années 1880, de nombreuses casernes militaires sont élevées autour du site de l’ancienne citadelle. Le développement du quartier militaire s’étend jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Après 1945, dans le contexte de pacifcation d’après-guerre, cet important ensemble est devenu inutile à des fins militaires. Par protocole du 4 novembre 1957, le ministère de la Défense remet un terrain d’un seul tenant d’une superficie d’environ 72 hectares au Fonds national pour 'aménagement du territoire (57 hectares) pour une part, et à l’Université (15 hectares) d’autre part. Le projet dit de l’Esplanade est conçu à la double fin de favoriser l’extension de l’Université de Strasbourg et d’offrir à l’initiative privée des terrains équipés, destinés à la construction de nombreux immeubles d’habitation et d’édifices d’une architecture harmonieuse au cœur de la ville. Facilement accessible, ce quartier sera recherché par les habitants souhaitant limiter leurs déplacements. La mise en œuvre de ce vaste projet vise à contribuer à satisfaire les 2 000 demandes annuelles de logements qu’impose le développement de Strasbourg à cette époque. Les études sont aussitôt entreprises sous l’égide de la Société d’aménagement et d’équipement de la région de Strasbourg (SERS), avec laquelle la ville passe une convention le 30 octobre 1959. Cette société d’économie mixte est créée pour assurer l’étude et la coordination des opérations d’aménagement de la zone de l’Esplanade. Y participent, la Ville de Strasbourg, le département du Bas-Rhin, la Caisse des D-dépôts et consignations et la Centrale pour l’Équipement du Territoire, la Chambre de commerce et d’industrie du Bas-Rhin et d’autres sociétés. La présidence est assurée par le Maire de Strasbourg. Les travaux de voirie et d’infrastructure publiques sont également exécutés par la SERS, avec le concours des services techniques de la Ville de Strasbourg et des sociétés concessionnaires. Malgré de nombreuses difficultés, l’étude du plan-masse est assez rapidement menée à bien avec le concours des architectes Charles-Gustave Stoskopf et Roger Hummel, respectivement Grand Prix de Rome et architecte en chef du gouvernement. Le schéma de principes est élaboré en 1959 pour aboutir au plan définitif, approuvé par la Conseil d’administration de la SERS le 9 mai 1960. Les travaux débutent en 1958 dans le campus universitaire. L’école nationale supérieure des Arts et Industries (aujourd’hui INSA) est achevée la même année. La construction de la partie logement est lancée en 1961. Le plan prévoit tant au point de vue voirie que sur les plans scolaire, culturel, cultuel, sanitaire, social, sportif, administratif et commercial, l’équipement des terrains et leur affectation partielle à l’édification d’établissements d’enseignement supérieur tels que l’institut de Chimie, la nouvelle faculté de Droit, la nouvelle faculté des Lettres et la faculté des Sciences et sur le reste la construction de 4 400 logements nouveaux. À l’origine, le programme de Charles-Gustave Stoskopf et de Roger Hummel est d’établir des liaisons nord-sud, d’une part entre le campus impérial et l’Esplanade, et d’autre part entre la Robertsau au nord et le Neudorf au sud, de rattacher les nouveaux quartiers aux anciens par l’avenue du Général-de-Gaulle, la rue Descartes et le boulevard de la Victoire, de développer un parc urbain continu du campus impérial à la citadelle de Vauban et de relier le campus au quartier d’habitations par un croisement d’axes. Enfin, il s’agit de mettre en scène l’entrée de la nouvelle faculté de Droit de façon monumentale, et de la rattacher visuellement à l’ancien campus par la construction d’une tour symbolique affectée à la chimie. Dès sa construction, le quartier de l’Esplanade symbolise la modernité et le confort, ce qui lui vaut un grand succès auprès de ses 16 000 habitants et des étudiants. Le nombre d’étudiants passe de 7 500 étudiants en 1958, lorsque débutent le chantier du campus universitaire, à 14 500 en 1963, à l’ouverture de la nouvelle Université. La partie habitation est inaugurée en 1967.
Le quartier de l’Esplanade est entouré par le quartier de la Krutenau à l’ouest, la Neustadt au nord, la frontière avec l’Allemagne à l’est ainsi que la presqu’île Malraux et le quartier de Neudorf au sud. Le quartier de l’Esplanade est divisé en deux parties, celle consacrée à l’ensemble universitaire à l’ouest et celle dédiée à l’habitation à l’est et au sud. Ces deux parties ont fait l’objet d’une étude commune de plan-masse. L’urbanisation de ce nouveau quartier est planifiée autour de deux axes structurants : l’avenue du Général-de-Gaulle, orientée nord-sud, reliant la Neustadt à Neudorf, et les rues René-Descartes et de Londres, d’ouest en est. L’Esplanade est construite en tissu ouvert, ce qui facilite la liaison entre les différents quartiers. Le plan-masse repose sur un tracé géométrique d’axes imaginaires qui se distingue du tracé ancien. Le quartier offre des perspectives sur la ville ancienne, notamment celle depuis la faculté de Droit orientée vers la cathédrale et celle depuis la partie habitation. L’intérêt de l’ensemble tient au mélange entre les principes classiques qui ont inspiré l’avenue et la place et la modernité de la réalisation. Le parti architectural du quartier de l’Esplanade se tourne vers une expression résolument moderne. Il s’inspire des principes énoncés par le Mouvement moderne, notamment les bâtiments de grande hauteur permettant de libérer l’emprise au sol ainsi que de l’espace dédié au loisir et à la récréation, des axes routiers biens délimités favorisant la rapidité et l’accessibilité tandis que les piétons bénéficient d’espaces protégés pour se déplacer. Les nouveaux bâtiments sont élevés en béton et en acier. Ils sont notamment constitués d’armatures et de poteaux hauts, longs, à toiture plate ou à casquettes impressionnantes qui caractérisent l’architecture moderniste. En ce qui concerne le campus universitaire, Charles-Gustave Stoskopf prévoit dès l’origine que sa structure soit dominée par la faculté de Droit, la tour de chimie et la faculté des Lettres. La faculté de Droit, inaugurée en 1962, avec sa façade ouest s’ouvrant dans la perspective de la ville ancienne, constitue un repère emblématique. Traduisant la forme de la balance, la faculté de Droit est composée d’un bâtiment principal en arc de cercle et d’un édifice comprenant des amphithéâtres conçus selon un plan en losange tronqué à ses deux extrémités. Les couleurs de la façade, le rouge et le noir, font référence aux couleurs du corps professoral en droit et à son habit. Le noir a été remplacé par le bleu. La Tour de chimie, inaugurée en 1963, face à l’ancien campus impérial, est considérée comme un contrepoids de la cathédrale. Elle s’élève à 69,6 mètres de hauteur, ce qui en fait le deuxième bâtiment le plus élevé de Strasbourg après la cathédrale. Les façades de l’édifice ne sont pas porteuses, ce qui permet une certaine liberté pour l’expression architecturale. La façade mur-rideau, un principe développé par l’architecte-ingénieur Jean Prouvé, constitue une enveloppe innovante. L’extérieur est composé d’acier inoxydable « Peuginox 18-8 ». Les menuiseries et vitrages offrent une isolation thermique à la pointe des techniques et matériaux de l’époque. Un autre édifce emblématique est celui de l’École nationale supérieure des Arts et Industries (aujourd’hui INSA). Achevé en 1958, il constitue le premier bâtiment construit sur les terrains de l’Esplanade. L’utilisation d’outils et techniques de chantiers modernes et d’éléments préfabriqués industriellement permet une rapidité d’exécution. En ce qui concerne la partie habitation de l’Esplanade, le tracé des voies publiques de circulation est étudié en tenant compte des impératifs essentiels. Il vise à épargner autant que possible aux habitants du quartier résidentiel le bruit de la circulation et de préserver leur sécurité, et plus particulièrement celle des enfants. Ainsi, il est décidé que le trafic portuaire ou en provenance du pont du Rhin ne traverse pas l’Esplanade et que la circulation des piétons soit séparée de celle des automobiles. Des voies privées sont tracées et construites avec toutes les caractéristiques désirables pour leur permettre de desservir d’une part les parc-autos privés, et d’assurer d’autre part l’accès jusqu’au pied des immeubles des camions-bennes et camions de déménagement. Le secteur d’habitation comprend deux catégories de terrains dont l’une est réservée à des logements du type HLM (1 123), et l’autre à des constructions à caractère résidentiel (3 264). On peut noter des évolutions typologiques dans les logements construits au fl du temps, ce qui donne également une certaine variété au quartier. L’Office public d’habitation à bon marché (OPHBM), qui a déjà œuvré à la construction de logements sociaux dès 1925 dans la Neustadt (groupe Jean Dollfus, boulevard de la Forêt-Noire ; groupe Léon Bourgeois, boulevard Leblois), à partir de 1930 dans la Grande Percée et en 1953 dans la cité Rotterdam, participe à l’édification du quartier de l’Esplanade. Le plan triennal de l’OPHBM entre 1961 à 1963 prévoit la construction de 738 logements (dont 524 HLM et 214 ILN) sur l’ancien terrain d’un stade (actuelle rue de Milan), et autour de l’actuelle rue d’Istanbul, de l’autre côté de la rue Edmond-Michelet. L’ensemble est réalisé par les architectes Stoskopf, Oehler (chefs de groupe), Breitenbach, Grossmann, Haentzler, Pfrsch et Risch. Les façades des immeubles de logements se caractérisent par une recherche dans l’alternance symétrique des pleins et des vides. Les principaux éléments sont les coursives, les loggias des cuisines, les balcons devant les salles de séjour. Le revêtement des façades est constitué d’enduit et d’éléments décoratifs de qualité sur les loggias et balcons. On relève une filiation des immeubles le long de l’avenue du Général-de-Gaulle avec la cité radieuse de Le Corbusier. Ils sont bâtis sur des pilotis en béton qui embrassent le sous-sol et le rez-de-chaussée. Le long de l’avenue du Général-de-Gaulle, les appartements des immeubles sont traversant est-ouest, afin de faciliter la luminosité dans les intérieurs. Les appartements sont dotés du confort moderne.
2015
Public
2020
Eberhardt S.
Dossier individuel