Urbanisme et espaces aménagés ; agglomération ; village
Reconstruction du village après 1945
Grand Est ; Haut-Rhin (68) ; Ammerschwihr
20e siècle
20e siècle
1946 ; 1956
Jusqu’à la fn du XIXe siècle, les remparts délimitent l’enceinte de la ville d’Ammerschwihr. Seuls quelques rares bâtiments ont été érigés hors les murs. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, plus de 2 millions de bâtiments ont été endommagés et détruits en France. Jusqu’en 1944, Ammerschwihr témoignait du passé prospère de la cité et de ses activités viticoles. Les bombardements anéantissent 85 % de la commune d’Ammerschwihr. À Ammerschwihr, le maire et le conseiller général, Philippe Rieder, approuvent le projet de reconstruction et créent une commission municipale de la reconstruction le 21 mars 1947. La commission se compose du maire, de son 1er adjoint, Jean-Baptiste Schielé, et des conseillers, Sébastien Freyburger, Xavier Griss, Henri Clur, Alfred Mittelberger et Joseph Sick. Dès 1946, l’architecte en chef présente son projet basé principalement sur trois axes prioritaires : le réseau des voies de communication, les nouveaux quartiers et les édifices publics. Charles-Gustave Stoskopf est désigné architecte en chef de la reconstruction des villages viticoles de la Poche de Colmar.
Dans son projet, Charles-Gustave Stoskopf se fxe pour but de résoudre les nombreux problèmes d’extension, de circulation, d’hygiène et d’esthétique que pose la reconstruction de la localité d’Ammerschwihr. Ces règles correspondent dans leurs grandes lignes à celles fxées par le ministère de la Reconstruction et de l’urbanisme (MRU). Néanmoins, l’architecte adapte certaines de ces dispositions aux conditions particulières dictées par le relèvement d’Ammerschwihr. Son plan d’aménagement tend à créer, intra-muros, un paysage urbain respectueux de certaines traditions alsaciennes. Sur le plan des voies de circulation, Charles-Gustave Stospkopf prévoit un dédoublement du principal axe de circulation qui traversait auparavant la ville. Le trafc lourd est dévié pour contourner la ville par la nouvelle route nationale 415, depuis l’extrémité sud en longeant les anciens remparts à l’est pour rejoindre Kienztheim au nord. La voie moyenne, traversant la ville selon un axe nord-sud, est dédiée au trafic léger afn de ne pas gêner les habitants. À l’intérieur de la ville, il est prévu de créer une grande place publique, greffée sur l’axe moyen nord – sud. L’hôtel de ville, ainsi que des commerces et boutiques d’artisans sont élevés en bordure de la place. Les deux autres places, celle de la Sinne et de l’Homme-Sauvage, maintiennent des proportions plus modestes. La nouvelle rue des Seigneurs est tracée afn de relier le quartier de l’école au nord et l’extension au sud. Cette nouvelle voie induit l’élargissement de la rue de l’Ancien-Hôpital et celle du Cerf. Le tracé des rues conserve, dans les limites de l’enceinte, la trame ancienne irrégulière. Charles – Gustave Stoskopf souligne même que rien ne s’oppose à recréer des paysages urbains à perspectives limitées à l’intérieur des zones soustraites à une circulation plus importante. La Grand'Rue (portée à 10 mètres), la rue des Cigognes (12 mètres), la rue de l’Ancien-Hôpital, la rue des Ponts-en-pierre, la rue des Canards et la rue de l’Église sont ainsi préservées. En outre, trois zones d’extension sont établies pour les exploitations agricoles, et notamment viticoles, dans le secteur du Karrweg (petites habitations), celui du Huben (exploitations moyennes) et celui de Hinterkirch (groupe scolaire et exploitations moyennes). Charles-Gustave Stoskopf invite les architectes participant à la reconstruction d’Ammerschwihr à chercher, sans méconnaître les techniques modernes, à interpréter les paysages du passé et de les transposer dans leur temps. Il préconise de créer un lien de continuité entre la ville ancienne et la ville reconstruite : « Par leur études d’abord, par leurs réalisations ensuite, ils [les architectes] établiront le degré de parenté qui existe entre la cité détruite et la ville de demain. L’expression construite de cette filiation devra surtout être sensible à l’intérieur des remparts, là où nous nous trouvons sur un sol riche de plusieurs siècles d’histoire. […] Cette réalisation devra démontrer que l’on peut, méprisant les modes passagères, lier le présent solidement au passé. » (Charles-Gustave Stoskopf, 1948). Un périmètre de protection destiné à favoriser le maintien de certains éléments traditionnels de la ville d’Ammerschwihr est établi. La zone intra-muros rassemble des maisons individuelles en ordre continu. Les zones en-dehors de ces limites sont réservées aux habitations construites en ordre dispersé et entourées de jardins. En complément, une zone non aedifcandi est fixée autour des remparts. Les environs de Meywihr sont protégés ainsi que la zone longeant les fortifications est et la tour des Fripons. Les architectes d’opération sont librement désignés par les sociétés coopératives de reconstruction (SCR). Dix-sept architectes interviennent dans la commune d’Ammerschwihr, notamment Chomel, Keller, Muller et Vetter qui représentent d’importants maîtres d’œuvre locaux. L’hôtel de ville d’Ammerschwihr, établi en bordure de la principale place publique, constitue un édifice imposant à deux niveaux de 31 mètres de long et douze mètres de large, auquel est adjoint le local des pompes également imposant par ses dimensions (21 mètres sur 9). Le pignon sud reprend les éléments remarquables de l’ancienne halle au blé. L’édifice est constitué de deux étages, le deuxième sous combles. Au rez-de-chaussée, la porte d’entrée est mise en évidence par une avancée formant un auvent. La nouvelle maison forestière, ainsi que les maisons individuelles se caractérisent par leur style régionaliste. Les toits pentus sont recouverts de tuiles traditionnelles. Ses constructions s’inscrivent ainsi de manière très harmonieuse dans le tissu urbain préexistant.
2015
2020
Eberhardt S.
Dossier individuel