Architecture religieuse ; édifice religieux ; édifice religieux chrétien ; église
Église Saint-Léon
Grand Est ; Haut-Rhin (68) ; Colmar ; 14 rue d'Ostheim
Ostheim (rue d') 14
20e siècle
20e siècle
1964 ; 1965
Les chrétiens du quartier nord de Colmar songent à créer une nouvelle paroisse après la Seconde Guerre mondiale. Mgr Hincky, curé de S. Martin, envoie un de ses vicaires, M. l’Abbé Pierre Schiff, pour célébrer régulièrement la messe au n° 45 de la rue du Ladhof, dans deux pièces au rez-de-chaussée d’un immeuble mises à disposition par une famille. Les deux pièces deviennent rapidement trop étroites. Les locaux de l’ancienne savonnerie Wagner sont alors aménagés en chapelle et ce lieu devient, pour une vingtaine d’années, la chapelle Saint-Léon. L’association Saint-Léon, le précurseur de la paroisse, est créée en 1959. Le concours pour la construction de l’église est organisé en 1961. Après consultation de la commission d’Art sacré, le programme indique que la construction sera simple et de ligne sobre. Elle devra s’intégrer harmonieusement dans le cadre déjà existant et revêtir un caractère intime. L’église est conçue pour accueillir 700 places assises, chapelle de 100 places environ comprise. Il est précisé que l’objectif de la chapelle de semaine, accessible depuis l’extérieur, est double : accueillir les offices de semaine, tel que son nom l’indique, mais également d’offrir la possibilité de participer dignement aux offices de grandes circonstances. Le chœur doit être disposé de façon à permettre une visibilité parfaite depuis toutes les places, y compris celles de la chapelle de semaine. Le clocher, accolé ou isolé, devra dominer l’ensemble. Le sous-sol de l’église est destiné à la célébration des offices, en attendant l’achèvement de l’édifice et sera finalement subdivisé en salles de réunion pour les différents mouvements paroissiaux. Un intérêt particulier est attaché à la sacristie qui répondra aux exigences du renouveau liturgique. Les architectes colmariens Joseph Müller et Jean du Cailar, strasbourgeois Fernand Lavandier, F. Klee et Olivier de Lapparent, ainsi que Fernand Guri et J. Moller sont invités à y participer par courrier. Un courrier de Fernand Guri, datant du 31 juillet 1961, indique qu’il refuse de donner suite à cette invitation car le concours n’est pas conforme au règlement des concours d’architecture de l’Ordre des architectes. La proposition de Joseph Muller est retenue, après modifcation. L’église est élevée sur un terrain mis à disposition par la ville après expropriation des usines Lauth. La pose de la première pierre est effectuée en 1964 et la construction est achevée en 1965. L’édifice est consacré à saint Léon IX, pape alsacien né à Eguisheim (mort en 1054).
Église est bâti au sommet d’une butte. Des espaces végétalisés sont aménagés aux abords de l’édifice. Joseph Muller formule deux projets, l’un de plan circulaire, l’autre de plan carré. Le projet n°1 est conçu selon un plan circulaire afin de favoriser l’union liturgique et concentrer l’attention des fidèles sur l’autel du sacrifice. Ce dernier est placé sous une coupole qui reprend l’idée des trois couronnes de Saint-Léon. La principale source de lumière viendrait de cette coupole-lanterne qui s’amorce sur le cercle de la nef. L’église abrite aussi la chapelle de semaine qui sera surmontée par la tribune des grands orgues. L’entrée principale se situe à l’intersection de la rue d’Ostheim et rue du Haut – Koenigsbourg. Elle serait séparée de la rue par un large parvis en pente douce. Les autres bâtiments sont disposés dans la direction nord-sud pour donner un maximum d’ensoleillement. Le projet n°2 reprend l’idée du rassemblement liturgique autour de l’autel du sacrifice. Le plan carré est choisi pour des raisons économiques. Il prévoit à droite de l’autel la chapelle de semaine et les fonts baptismaux groupés dans les locaux spéciaux, aménagés autour d’un petit jardin intime. Il prévoit en outre une abside avec le trône de l’évêque et les sièges du clergé assistant. L’accès à l’église s’effectue par un large parvis en pente douce qui aboutit à un paradisus clôturé d’un côté par le presbytère et de l’autre par une salle de conférence et le clocher. Mais la Ville formule plusieurs réserves concernant le projet. En effet, il semble à l’administration municipale que le plan-masse, les volumes, la figure d’ensemble de l’édifice, sont trop recherchés et trop complexes pour répondre à l’impératif de simplicité, de sérénité et de mesure qui s’impose pour une église moderne située dans un quartier périphérique. La Ville estime que la recherche très appliquée d’un « symbolisme superficiel » dans une coupole couronnée par la tiare par référence au patron de la paroisse Saint Léon IX, semble relever d’une inspiration très discutable et d’une conception architecturale « sans valeur profonde », ni sur le plan religieux, ni sur le plan humain. Aussi juge-t-elle que l’église elle-même, ainsi que les immeubles paroissiaux qui la flanquent ne s’intègrent pas harmonieusement dans le quartier environnant. Finalement, il lui semble que le coût de la réalisation serait trop lourd à porter pour une jeune communauté paroissiale. L’église élevée constitue une synthèse des deux projets. Le plan carré est retenu en raison de son coût plus modeste. En revanche, le principe de la coupole-lanterne est retenu pour éclairer l’intérieur de l’église. Le presbytère est attenant à l’église. Le clocher est indépendant de l’église. La façade blanche illustre l’idée de simplicité et de sérénité souhaitée par le maître d’ouvrage. La façade principale est également revêtue d’ardoise, qui renforce le caractère noble de la construction. Sur le plan du second œuvre, on relève le plafond en bois rappelant les voûtes en pierre d’une église ou d’une cathédrale. Cet élément confère un caractère de majesté à l’église. Les vitraux sont l’œuvre de Françoise Haas.
2015
Privé
2020
Eberhardt S.
Dossier individuel