Architecture de culture recherche sport ou loisir ; édifice et aménagement de culture recherche sport ou loisir ; salle de spectacle ; auditorium
Cité de la musique (dont conservatoire national supérieur de Musique et de Danse de Paris)
Île-de-France ; Paris (75) ; Paris 19e Arrondissement ; 197-221 avenue Jean-Jaurès
Jean-Jaurès (avenue) 197-221
20e siècle
20e siècle
1990 ; 1995
L’ensemble formé par la Cité de la Musique (dite actuellement Philharmonie 2) et le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris s’inscrit dans la politique des « Grandes opérations d’architecture et d’urbanisme » – dite des « Grands travaux » – du président François Mitterrand. Les deux édifices s’intègrent dans un autre projet plus vaste : la reconversion du site de La Villette, sis dans le XIXe arrondissement de Paris sur 55 hectares et occupé par des abattoirs. La transformation de l’ensemble est décidée sous le septennat de Valéry Giscard d’Estaing. La friche doit accueillir un parc urbain et un musée dédié aux sciences et techniques – future Cité des Sciences et de l’Industrie. Le 13 juillet 1979, un établissement public est créé (Établissement public du parc de la Villette EPPV) afin de permettre la transformation de la friche industrielle. L’accession au pouvoir de François Mitterrand ne remet pas en cause le projet, qui est intégré aux Grands Travaux et se voit même complété, sous l’impulsion du ministre de la Culture Jack Lang et du compositeur Pierre Boulez, d’une « Cité internationale de la musique », qui inclut le Conservatoire de musique et de danse, alors situé rue de Madrid dans le VIIIe arrondissement de Paris. Le programme du concours pour la réalisation de la Cité de la musique, diffusé en juin 1983, est vaste et complexe. Il comprend le Conservatoire national supérieur de musique (17 000 m2), un auditorium de 26 000 m2 et un centre de l’instrument développé sur 11 000 m2. Un concours d’architecture est organisé par le ministère de la Culture en 1984. Seize équipes sont pressenties lors du premier tour du concours : Jean Bernard et Francis Soler (Archiplus), Olivier Baudry, Henri Gaudin, Edith Girard, Françoise-Hélène Jourda et Gilles-Gabriel Perraudin, Michel Kagan, Georges Maurios, Michel Moretti et Guy Clapot, Jean-Luc Pellerin et Pierre Thabart, Marie Pierre et Maxime Ketoff, Christian de Portzamparc, Emmanuel Robin, Alain Sarfati, Roland Simounet, Jean-Paul Viguier et Jean-François Jodry, ainsi que Iannis Xenakis et Jean-Louis Véret. L’examen des projets a lieu au printemps 1984. Six équipes sont retenues pour la seconde phase : Gaudin, Maurios, Petit-Ketoff, Portzamparc, Sarfati, Xenakis – Véret. Christian de Portzamparc maintient son projet malgré une certaine réticence de la part du président dont le goût personnel tendait vers le parti de la symétrie. Plus tard, l’architecte précisa « on m’a expliqué entre les deux phases du concours que le Président de la République voyait les choses de façon très symétrique et certains m’ont conseillé de faire une variante symétrique si tel n’était pas mon projet […] j’ai eu très peur de servir de lièvre dans cette course ». Son équipe est finalement désignée lauréate à l’unanimité du jury en mars 1985. Le jury souligne « les qualités de composition et d’expression architecturales du projet. Il a apprécié particulièrement sa sensibilité, sa plastique, sa lisibilité et sa manière de rendre visible comme d’exalter le contenu du programme. Le rapport à la ville et au parc est apparu à la plupart des jurés comme positif, dynamique et subtil ». Malgré un budget modeste – moins de 6 500 francs le mètre carré – et un chantier difficile, qui démarre en 1986 et connaît plusieurs retards, l’inauguration du Conservatoire, la partie occidentale du complexe, a lieu le 7 décembre 1990. Les espaces dédiés au public à l’est – qui prennent finalement seuls le nom de Cité de la musique – sont quant à eux inaugurés en 1995. Ils incluent notamment le musée de la musique qui ouvre au public en 1997 et présente les collections du Conservatoire de Paris qui ont été transférées à l’État en 1978. En 2015, une vaste salle de concert imaginée par Jean Nouvel et située au nord de l’ensemble ouvre ses portes au public. Elle achève le parc de La Villette et prend le nom de Philharmonie 1, tandis que la Cité de la musique conçue par de Portzamparc prend le nom de Philharmonie 2. L’ensemble de ces édifices portant désormais le nom de « Philharmonie de Paris ».
L’ensemble de la Cité de la musique s’organise en deux ailes, situées de part et d’autre de la Grande Halle de La Villette, le long de l’avenue Jean-Jaurès, à l’extrémité sud du parc. Le premier geste de Christian de Portzamparc est de dissocier le programme, de scinder les espaces et ainsi refuser l’édifice unique et la symétrie autour de la place de la Fontaine aux Lions. Il juge alors que cela aurait focalisé la dynamique visuelle sur la halle centrale. L’idée est donc de séparer les lieux d’étude, des espaces dédiés au public. Dès la phase du concours, l’architecte organise son projet autour de deux pôles, conçus comme deux quartiers autonomes, créant ainsi un encadrement monumental pour l’entrée du site. L’aile ouest, construite sur un terrain de forme rectangulaire de 40 000 m2, abrite le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris (CNSMDP). Ce lieu dédié à l’enseignement accueille trois amphithéâtres, sept plateaux d’orchestre, une médiathèque, cent studios de travail, soixante-dix salles d’enseignement, trois salles publiques, une salle d’électroacoustique, des bureaux, des logements pour les étudiants et un restaurant. Le bâtiment se caractérise par sa façade monumentale, élevée le long de l’avenue Jean- Jaurès, incurvée et blanche aux quatre plots intermédiaires se reflétant dans un plan d’eau. Le tout est couronné d’une large corniche inclinée qui apparaît comme une vague et contraste avec les volumes imbriqués et les lignes géométriques des différents espaces. L’édifice accorde une large place à la lumière et aux jeux de transparence. À l’intérieur du quadrilatère délimité par des façades au traitement différencié, il positionne des « objets trouvés » : un cône, un cube, une vague, une loggia, une ruelle, un patio et un jardin, qui construisent une urbanité alternative. L’aile orientale de la Cité de la musique, est quant à elle occupée par une grande salle de concert de 800 à 1 200 places, trois studios de répétitions, un amphithéâtre doté d’un orgue baroque, le musée de la Musique (7 000 instruments et objets d’art), des bureaux administratifs, ainsi que de nombreux autres espaces dédiés à la pratique et à l’étude de l’art musical. Formant un vaste îlot triangulaire éclaté, le bâtiment est traversé par une galerie en spirale, « la Rue musicale », qui entoure la grande salle de concert située en son centre, elle-même de forme elliptique. L’édifice se caractérise par sa fragmentation en éléments autonomes et dissymétriques et ses volumétries sculpturales.
2016
2020
Mathiotte Olivier ; Noyer-Duplaix Léo
Dossier individuel