Architecture scolaire ; édifice scolaire ; édifice d'enseignement supérieur ; école supérieure
Maison des Sciences de l'Homme
Île-de-France ; Paris (75) ; Paris 6e Arrondissement ; 54 boulevard Raspail ; 34-38 rue du Cherche-Midi
Raspail (boulevard) 54 ; Cherche-Midi (rue du) 34-38
20e siècle
20e siècle
1966 ; 1970
La parcelle trapézoïdale choisie a une histoire particulière puisqu’elle portait l’ancienne prison du Cherche-Midi, à l’angle du boulevard Raspail et de la rue du Cherche-Midi. Avant la prison, le site accueillait la communauté des religieuses du Bon-Pasteur, créée en 1686 par Madeleine de Cys. Au milieu du XXe siècle, la prison est considérée comme vétuste et malcommode, mais le terrain est idéalement situé. Il appartient au ministère de la Justice mais doit être cédé, au terme d’un accord avec échange de sites et compensations, au ministère de l’Education nationale qui souhaite y réaliser un centre de recherche dédié aux sciences humaines. La réalisation d’un tel centre est portée depuis 1957 par l’association pour la Maison des Sciences de l’Homme. Le nouvel édifice doit regrouper des services disséminés dans une vingtaine de points différents de la capitale. La mise au point du cahier des charges n’en a été que plus complexe et a nécessité une intense collaboration entre différents chercheurs en sciences humaines, afin de penser le bâtiment le plus adapté aux travaux des futurs usagers. Le transfert du ministère de l’Education nationale dans l’ancien palais de l’OTAN à la porte Dauphine, alors envisagé mais rapidement abandonné, semble un temps remettre en cause la cession du terrain du Cherche-Midi. La relocalisation temporaire de services du ministère de la Justice prend également plus de temps que prévu initialement, ce qui contribue à laisser planer un doute sur le devenir effectif du site. Finalement, un budget est établi en 1960 par l’Education nationale pour le projet de la Maison des Sciences de l’Homme (MSH) et, après démolition de la prison du Cherche-Midi en 1961, une occupation mixte est décidée entre les deux ministères, avec transfert total du foncier de la Justice vers l’Education nationale. L’importante donation de la fondation américaine Ford (un million de dollars) va être décisive pour concrétiser enfin le projet, dont le chantier débute en novembre 1966 seulement. Il s’achève en juin 1970, un an après le délai initialement prévu. Les travaux avaient en effet été arrêtés entre janvier et septembre 1969, le ministère de la Justice n’ayant pas fourni en temps utile le détail des modifications qu’il souhaitait dans la partie de la construction qui lui était attribuée (modifications finalement abandonnées). La Maison des Sciences de l’Homme est une fondation d’utilité publique (depuis le 4 janvier 1963), destiné aux chercheurs en sciences humaines (CNRS et autres institutions). Elle est issue de l’Association pour la Maison des Sciences de l’Homme, elle-même créée en mai 1957. Au sein de son comité de direction siègent un membre du Collège de France, le directeur de l’Enseignement supérieur (domaine alors rattaché à l’Education nationale, sans ministère ou secrétariat d’Etat propre), un représentant de la Bibliothèque nationale, le directeur de l’Institut d’Etudes politiques de Paris, les doyens des facultés de Droit et de Lettres, ainsi que le recteur de l’université de Paris. La fondation est gérée par un Conseil d’administration dont les membres appartiennent au corps scientifique et à la haute administration de l’Enseignement supérieur. La MSH est dirigée par un administrateur nommé par le ministre de l’Éducation nationale.
Le bâtiment comprend 20 000 m² de surface totale et est organisé selon un plan en H, entouré d’espaces libres paysagers. L’édifice comprend trois volumes : un en R+4 et deux sous-sols donnant sur la rue du Cherche-Midi ; un en R+9 et deux sous-sols donnant sur le boulevard Raspail ; un en R+4 et un sous-sol formant liaison à tous les niveaux. Les façades des trois parties sont homogènes, donnant toute leur unité aux différentes élévations. Au moment de l’inauguration, la répartition des fonctions se détaille comme suit : un centre de calcul (équipé d’ordinateurs dès l’origine), laboratoires de reproduction (photo-reproduction, cartographie), réserves de livres, locaux techniques (eau, air) au deuxième sous-sol ; garage et sous-station électrique au premier sous-sol ; hall d’accueil (pouvant servir de hall d’exposition), salles de réunion, bureaux au rez-de-chaussée ; bureaux, salles de travail, salles de conférences, bibliothèques (une par niveau, 500 000 volumes en tout), dans les étages. L’édifice regroupe ainsi des services utiles aux chercheurs au quotidien comme dans leur mission de coopération scientifique internationale. Il a été pensé pour abriter 900 à 1 000 personnes au sein des services permanents. Les règles de prospect étant différentes sur la rue du Cherche-Midi et le boulevard Raspail, elles ont eu pour conséquence la différence de hauteur entre les volumes sur ces deux voies (R+4 /R+9). Les raccords en pierre sur toute la hauteur de la façade sont également imposés aux architectes afin d’éviter que le métal ne soit en contact direct avec les immeubles voisins. La MSH est en effet connue pour sa structure métallique apparente. Celle-ci est formée par une ossature en acier précontrainte portant des planchers qui, eux, sont en béton (procédé Wilenko). Le remplissage des façades est constitué de panneaux modulés. Les châssis portant du double vitrage ne peuvent s’ouvrir. En effet, lors de la construction, le parti fut pris d’isoler l’édifice des perturbations extérieures, importantes sur ce carrefour très bruyant. La réalisation d’une climatisation intégrale de l’air dans les locaux fut dont nécessaire. Lors de la construction du bâtiment, le conditionnement d’air généralisé à un édifice entier est une technique onéreuse et dont la maîtrise est récente. Cette maîtrise fut, dans le cas de la MSH, imparfaite et rapidement critiquée par les usagers du bâtiment. La protection contre les rayons du soleil est assurée par des lames d’aluminium amovibles (rétractation sur axe vertical), que l’on manœuvre de l’intérieur. Il est donc possible de varier à l’envi le degré d’ouverture des pares-soleil, ce qui, de l’extérieur, modifie perpétuellement la vision que l’on peut avoir du dessin des façades, en jouant sur les pleins et les vides, le rythme vertical général étant souligné par les piliers d’acier. A l’intérieur, les circulations internes se font par l’intermédiaire de trois ascenseurs, de montecharge, de monte-livres et de monte-dossiers. Un système de gaine pneumatique assurait une intercommunication totale entre les différents niveaux. Les messages étaient centralisés par un poste central situé au premier étage. Les cloisons des grands plateaux sont amovibles, permettant de modifier éventuellement la distribution en cas d’évolution des besoins. Dans le hall d’entrée, un bassin se prolonge, en passant à travers la façade, à l’extérieur du bâtiment sous une partie de la galerie formée par le retrait des façades vitrées au rez-de-chaussée. Ce hall très dégagé en raison de son usage alternatif en tant qu’espace d’exposition, est marqué par les premières volées de l’escalier principal, croisées, cet organe de distribution étant en effet double à ce niveau. Cette disposition permet de mieux mettre en communication chaque aile avec le hall. En ce qui concerne l’organisation des réseaux, dont l’étude a été particulièrement poussée lors de la préparation de ce projet, il est à noter que les colonnes électriques avaient été volontairement surdimensionnées lors de la construction de la MSH, anticipant une évolution des besoins dans ce domaine. Ce choix a prouvé depuis toute sa pertinence.
2018
2020
Mathiotte Olivier ; Noyer-Duplaix Léo
Dossier individuel