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Plateforme ouverte du patrimoine

Tour Hertzienne, dite tour de Romainville

Désignation

Dénomination de l'édifice

Génie civil ; ouvrage d'art ; relais de télécommunication

Titre courant

Tour Hertzienne, dite tour de Romainville

Localisation

Localisation

Île-de-France ; Seine-Saint-Denis (93) ; Les Lilas ; rue de la Résistance

Adresse de l'édifice

Résistance (rue)

Historique

Siècle de la campagne principale de construction

20e siècle

Siècle de campagne secondaire de consctruction

20e siècle

Année(s) de(s) campagne(s) de construction

1982 ; 1984

Description historique

La tour de relai hertzien édifiée en 1961 au sein des studios de l’ORTF, situés aux Buttes – Chaumont, ne suffisant plus à assurer la diffusion des communications radio, le ministère de l’Equipement et de l’Aménagement du Territoire autorise, le 3 mars 1978, la construction d’une antenne hertzienne dans l’enceinte du fort de Romainville (commune des Lilas), plus vaste et plus sûre que le site parisien. Le réseau hertzien français a été considérablement développé à partir des années 1950, et dans les années 1970 la couverture du pays est totalement assurée, accompagnant notamment l’équipement massif des foyers français en téléviseurs. Situé à seulement 10 km. du centre de la capitale, la colline de Romainville constitue le point culminant de la région Ile-de-France (131 m.). Elle offre en cela une altitude idéale à la réception des ondes radio. Cependant, le voisinage de l’aéroport du Bourget et de ses couloirs aériens, ainsi que le statut militaire du terrain engendrent des contraintes qui retardent la mise en œuvre de la tour. Les servitudes aéronautiques levées, l’édifice est mis en chantier en 1982 et livré en 1984. Vasconi hésite entre plusieurs partis, et opte finalement pour une tour regroupant la quasi-totalité des fonctions sur un bulbe sommital juché sur un mât avec la plus faible emprise au sol possible. Un projet d’agrandissement des installations par Vasconi, au pied de la tour (1987) n’a apparemment pas été réalisé. En 2011, la terrasse supérieure a fait l’objet d’une importante restauration de sa dalle béton afin d’en assurer l’étanchéité. L’ouvrage est utilisé pour le réseau hertzien (TNT, téléphonie), pour un usage militaire, mais aussi, de manière plus anecdotique, pour la mise à jour continue du signal des horaires des bus de la RATP.

Description

Commentaire descriptif de l'édifice

Le site de construction de la tour, une zone militaire proche de l’aéroport du Bourget, en contraint fortement le développement : la tour ne doit pas dépasser 141 m. de hauteur et son emprise au sol doit être la plus faible possible selon le vœu de l’administration militaire qui possède le fort de Romainville. Claude Vasconi dessine une structure composée d’un pylône de béton armé de 107 m. de hauteur (pour 70 cm. d’épaisseur de paroi) assis sur une base tronconique de béton de 5 m. d’épaisseur. Des plates-formes circulaires de 43.5 à 26.3 m. de diamètre (de la plus haute à la plus basse) sont accrochées au sommet (environ 2 000 tonnes par plate-forme). Un pylônnet coiffe la tour qui atteint ainsi 147 m. de hauteur. Les façades des couronnes sont en béton armé moulé. L’ensemble de l’armature de la tour est revêtu de carreaux de céramique blanche garantissant une bonne isolation contre les intempéries. Leur reflet signale l’édifice dans le grand paysage de la métropole. Ne pouvant couler les plates-formes de béton armé à une hauteur si élevée, Vasconi les fait fabriquer au sol et hisser le long du pylône. Chacune forme un bloc compact avec ses seize rayons qui viennent reposer sur des consoles de béton dans le mât. Des nervures circulaires relient les rayons, et une poutre-caisson circulaire ceinture le tout au contact du fût. Lors du levage, chaque plate-forme comprend déjà ses modules de façade et son revêtement (réalisés en atelier). Les plates-formes, une fois assemblées pour former la tête de l’ouvrage, forment trois niveaux à l’usage du centre hertzien. La base du bulbe, sous la couronne inférieure, la plus petite, comprend des ailettes en béton percée par une coursive donnant accès à une antenne parabolique. Ces ailettes établissent une transition massive mais graduée entre le fût et le bulbe. Les circulations – un ascenseur et un escalier – ainsi que les gaines techniques sont logées à l’intérieur du mât de béton. La plate-forme inférieure est réservée à l’usage des militaires ; les deux supérieures renferment bureaux et salles techniques contrôlant et recevant les données des antennes paraboliques. L’aménagement de la grande salle de contrôle équipée à l’origine de 72 écrans, a été dessiné par Vasconi. Le noir et le blanc dominent dans cet aménagement, comme d’ailleurs pour l’extérieur (le rouge a été utilisé pour les parties sommitales). La dernière plate-forme, qui porte le chemin de ronde où sont disposées des antennes, est percée par des verrières entre les radiales. Celles-ci devaient éclairer naturellement les salles de contrôle et les espaces techniques du dernier niveau. Cependant, des feuilles de cuivre ont occulté les verrières dès la livraison de l’ouvrage, afin de protéger les équipements situés à l’intérieur du rayonnement des antennes supérieures. « Je devais cependant faire apparaître un ouvrage élancé et élégant, ce qui n’était pas une mince affaire puisqu’on souffrait de ne pas pouvoir aller plus haut ». Les propos de Claude Vasconi (Annales de l’Institut technique du bâtiment et des Travaux publics, n° 415, juin 1983) indiquent le soin porté à l’esthétique des lignes d’un édifice strictement fonctionnel cependant visible à la ronde. Pour alléger la silhouette du bloc sommital, l’architecte fit le choix de plates-formes au diamètre dégressif. L’inclinaison des parois permettait en outre de sculpter le profil de la tour. Le renfoncement des bandeaux vitrées crée trois sillons sombres baguant le sommet de la tour. De même, plutôt que de dresser toutes les antennes sur la couverture de l’édifice et sur le pylônnet, ce qui n’aurait pas manqué de créer un effet échevelé, Vasconi a placées les plus grandes sur le pourtour, dans des renfoncements prévus à cet effet, qui interrompent ainsi les sillons des baies vitrées. Au pied de la tour, un petit bâtiment sur deux niveaux (rez-de-chaussée et sous-sol) concentre les quelques services qui n’ont pas pu prendre place dans la tête de l’édifice (transformateurs, groupes électrogènes, chaufferie).

Protection et label

Intérêt oeuvre

La tour hertzienne des Lilas, dite « de Romainville », constitue, après la réalisation conjointe de la ville nouvelle de Cergy-Pontoise, la seconde œuvre francilienne de Claude Vasconi, par ailleurs très engagé depuis les années 2000 dans les réflexions sur la réforme écologique de Paris et de ses environs. La labellisation de l’édifice permettra de reconnaître la longue implication de Claude Vasconi, figure importante de l’architecture française de la seconde moitié du XXe siècle, dans la construction de la ville et du paysage urbain de l’Ile-de-France. Signal fort dans le ciel de Paris, la tour hertzienne des Lilas marque le paysage par la radicalité formelle de son dessin propre à l’écriture architecturale de Claude Vasconi, fondée sur des masses fortes. Plus largement, la tour hertzienne illustre l’esthétique architecturale de nombre de constructions françaises des années 1980 où prédominent les volumes puissants, géométriques, articulés avec une franchise parfois brutale. A l’instar de la tour hertzienne de Meudon et de la majorité d’infrastructures identiques, celle des Lilas forme un objet architectural singulier ne bénéficiant d’aucune protection patrimoniale. Sa labellisation « Architecture contemporaine remarquable » permettra une première reconnaissance de son importance patrimoniale, aussi bien comme objet architectural singulier, que comme maillon important de l’histoire du développement du réseau hertzien en France.

Date de label

2018

Références documentaires

Date de l'enquête ou du dernier récolement

2020

Noms des rédacteurs de la notice et du dossier

Mathiotte Olivier ; Noyer-Duplaix Léo

Typologie du dossier

Dossier individuel

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vue générale de la tour dans son environnement
vue générale de la tour dans son environnement
© Ministère de la Culture (France), Direction des Affaires Culturelles d'Île-de-France – Tous droits réservés
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vue générale de la tour
vue générale de la tour
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