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Plateforme ouverte du patrimoine

Palais de justice

Désignation

Dénomination de l'édifice

Architecture judiciaire pénitentiaire ou de police ; édifice judiciaire pénitentiaire ou de police ; tribunal

Titre courant

Palais de justice

Localisation

Localisation

Île-de-France ; Val-de-Marne (94) ; Créteil ; "rue Pasteur-Valllery-Radot ; 2-20 rue Marcel-Proust"

Adresse de l'édifice

"Pasteur-Valllery-Radot (rue) ; Marcel-Proust (rue) 2-20"

Historique

Siècle de la campagne principale de construction

20e siècle

Siècle de campagne secondaire de consctruction

20e siècle

Année(s) de(s) campagne(s) de construction

1976 ; 1978

Description historique

La croissance considérable connue par la région parisienne depuis la Libération conduit le gouvernement de Georges Pompidou, au début des années 1960, à engager le redécoupage territorial de l’Île-de-France en huit départements, la création de nouvelles cités administratives devant permettre d’accompagner la poussée démographique des banlieues. Le département du Val-de-Marne, qui couvre le quart sud-est de l’ancien département de la Seine, est créé en application de la loi du 10 juillet 1964 ; son existence est effective à compter du 1er janvier 1968. La ville de Créteil, située au centre géographique du nouveau département, est choisie comme chef-lieu. Ayant déjà connu d’importantes transformations urbaines depuis l’aprèsguerre, notamment avec la construction du grand ensemble du Mont-Mesly, Créteil est choisie en 1961 pour l’implantation d’une vaste zone à urbaniser en priorité (ZUP) sur la moitié occidentale de son territoire. Établi sur d’anciennes carrières et des sablières désaffectées, cette opération d’aménagement, baptisée le « Nouveau Créteil », comptera parmi les plus importants chantiers entrepris en Ile-de-France avant l’aménagement des villes nouvelles. Son plan d’urbanisme est d’abord confié au Prix de Rome Michel Folliasson, ancien salarié de l’agence Badani-Roux-Dorlut, puis à Jean-Louis Fayeton, en même temps que le gaulliste Pierre Billotte est élu à la tête du conseil municipal. C’est dans le cadre du plan-masse défini par Fayeton que Daniel Badani et Pierre Roux-Dorlut sont désignés en 1965 par le ministère des Affaires Culturelles pour être les architectes de la cité administrative départementale qui comprend la préfecture, le palais de justice et les archives départementales. Les différents bâtiments sont, à l’inverse de la cité administrative de Bobigny, répartis dans différents secteurs du Nouveau Créteil. L’emplacement retenu pour le palais de justice se situe au nord-ouest de l’opération, en bordure de l’autoroute A86 et du chemin des Mèches. Le secteur prend le nom de « quartier du Palais ». Ce secteur, principalement dédié à l’habitation, accueille les fameux immeubles choux et maïs de l’architecte Gérard Grandval, encadrées par de grandes barres curvilignes dues à Louis de Hoÿm de Marien. Le choix du site est par ailleurs justifié par sa bonne desserte par les transports en commun, la station de métro étant à 700 m et la gare de RER la plus proche à un kilomètre. Les études ne paraissent avoir été engagées qu’en 1968, alors que Jean-Louis Fayeton décède au mois de février. Son successeur, Pierre Dufau, remanie alors le plan d’ensemble du Nouveau Créteil ; l’emplacement du palais de justice étant défini à cette occasion. Le projet architectural est validé en avril 1969 par le Conseil général des bâtiments de France. Il est toutefois abandonné en 1971, le ministère de la Justice réclamant une nouvelle étude basée sur un programme à la surface moins importante. En dépit de difficultés de mise au point du projet dues à des contraintes budgétaires persistantes, le permis de construire du palais de justice de Créteil est délivré le 18 février 1975, et le chantier lancé immédiatement. Le complexe judiciaire est mis en service en janvier 1978, son inauguration par le garde des Sceaux Alain Peyrefitte étant célébrée le 14 février de la même année.

Description

Commentaire descriptif de l'édifice

Le palais de justice de Créteil est situé à l’ouest de la commune, sur un terrain sensiblement quadrangulaire de 1,8 hectare de superficie, situé en lisière de l’autoroute A86. La partie occidentale du site, la plus proche de la voie rapide, est occupée par un parking de plein-air d’environ 200 véhicules, réservé au personnel. Une allée monumentale mène à une tour de 16 étages, signal architectural constituant un point de repère visible depuis de nombreux points du territoire communal. De l’autre côté de la tour, sur la moitié orientale du terrain, s’étend un bâtiment bas formant une composition symétrique, comprenant les locaux accessibles au public et en particulier les salles d’audience, qui surmontent un parking souterrain. Situé face à la sortie de la galerie commerciale du palais, l’accès général au palais de justice est encadré par deux bassins d’ornement dotés de jets d’eaux et un ensemble de jardins plantés. Empreinte d’une solennité accentuée par la symétrie général de l’édifice, l’entrée du palais de justice s’effectue, après le passage entre les fontaines, par un sas orné de deux portes en métal dues au sculpteur Pierre Sabatier. Le visiteur pénètre alors dans le hall des pas perdus, baptisé rue de la justice par les architectes. Couvert par une verrière zénithale, cet espace d’accueil fait l’objet d’une composition particulièrement soignée, les bases des douze poteaux en béton armé s’évasant en alcôves dotées de banquettes, préservant une certaine intimité pour l’attente et la discussion. Le hall donne accès aux équipements encadrant les deux bassins extérieurs : au sud, le restaurant de 200 places destiné au personnel, et au nord la cafétéria du public. Une garderie, un bureau de poste et un drugstore sont également proposés, à l’origine, aux visiteurs. Située dans l’axe du hall d’entrée, une passerelle permet d’accéder à la tour. Le rez-de-chaussée du bâtiment bas est dévolu aux assises et au parquet, qui occupe la partie nord autour de la grande salle d’audiences. La partie sud accueille quant à elle deux salles d’audiences pénales et les locaux du tribunal de police. Des escaliers donnent accès à quelques locaux en mezzanine. Le rez-de-chaussée surmonte deux niveaux de rez-de-jardin. Le niveau inférieur, en grande partie enterré, est à usage de locaux techniques, d’archives et de parking souterrain ; seule la partie occidentale est aménagée en bureaux destinés au service d’application des peines et à l’ordre des avocats. Le niveau supérieur du rez-de-jardin comprend également de vastes locaux d’archives ainsi que les services sociaux et le tribunal des mineurs. C’est à ce niveau que sont amenés les détenus, la salle des gardes ainsi que les cellules étant situées en cœur d’œuvre. Des escaliers et des ascenseurs dédoublés permettent d’amener directement les détenus aux salles d’audience, sans jamais les mêler à la circulation du public. Haute de 16 étages, et de ce fait classée dans la catégorie des IGH, la tour suit un plan en V largement ouvert. Les deux niveaux de son soubassement sont occupés par des locaux techniques, ainsi que ceux destinés au traitement du courrier et à la sécurité incendie. Accessible au public depuis le bâtiment bas via une passerelle, le rez-de-chaussée est pour l’essentiel occupé par le hall d’accueil et des espaces d’attente, ainsi que par l’aide judiciaire. Le premier niveau comprend les salles d’audience, de réunion et d’instruction des affaires familiales. Le reste du bâtiment, soit quinze étages, est réservé au fonctionnement administratif du palais de justice : y sont logés les services d’administration générale. Contraints par l’économie générale du projet, les architectes ne mettent pas en œuvre des formules structurelles audacieuses ; le palais de justice de Créteil mêle cependant l’emploi d’éléments préfabriqués, pour le bâtiment bas, avec une expression franche de l’ossature pour l’IGH, les murs de refend étant coulés en continu grâce à des coffrages glissants. Le bâtiment bas adopte une échelle humaine dans sa recherche de détails esthétiques et constructifs et dans sa variété d’aspect matériel, la pierre reconstituée étant mêlée au béton de gravillon de quartz blanc. La tour s’affirme quant à elle par sa silhouette exprimée par les fortes verticales des murs de refend, ceux entourant les cages d’ascenseurs formant une proue évoquant le fléau de la balance de la justice. Le traitement en couronnement de l’attique oppose une horizontale franche à cet élancement vers le ciel.

Protection et label

Intérêt oeuvre

Terminée en 1978 au terme d’une histoire opérationnelle mouvementée, le palais de justice de Créteil est l’une des rares cités judiciaires réalisées pendant les Trente Glorieuses, période pourtant prolifique en matière de construction publique : on rapprochera ainsi l’œuvre de Badani et Roux-Dorlut de l’ambitieux projet de l’architecte Jean Willerval pour le palais de justice de Lille, mis en service en 1968. Au contraire du palais de justice de Nanterre, construit par André Wogenscky à côté de la nouvelle préfecture des Hauts-de-Seine, le palais de justice de Créteil participe d’une volonté de dissémination des équipements publics dans la plupart des nouveaux quartiers du chef-lieu du Val-de-Marne. Les différents composants de la cité administrative commandée aux deux architectes en 1965 (préfecture, palais de justice, archives départementales) affirment ainsi chacun un langage architectural singulier et propre à l’expression du programme, tout en exprimant la culture technique et constructive de l’époque. Si, économies budgétaires obligent, le palais de justice de Créteil ne permet pas l’emploi de procédés innovants ou expérimentaux, le recours intensif à la préfabrication en fait un bon témoin de la culture constructive des Trente Glorieuses et de la recherche d’un chantier particulièrement rapide et au coût maîtrisé. L’utilisation d’éléments sériels n’obère par ailleurs pas la qualité plastique de l’ensemble, tant sur une vision lointaine que proche : la silhouette massive de la tour exprime ainsi la solennité et le caractère officiel des lieux, marquant par sa présence le paysage urbain du Nouveau Créteil. À l’échelle du piéton, l’architecture se fait plus aimable par l’aménagement paysager des abords et par le traitement de la séquence d’accès au bâtiment animée par des fontaines et les portes sculptées de Pierre Sabatier. Lumineux, le hall entend rompre avec l’austérité habituelle des salles des pas perdus des palais de justice, les services destinés au public (garderie, cafétéria, drugstore) étant immédiatement accessibles. La participation du décorateur Pierre Guariche – qui compte parmi les ensembliers les plus fameux des années 1960-1970 – atteste de la volonté de renouvellement de l’image de la justice par des formes caractéristiques de la modernité. On mentionnera par ailleurs la sculpture murale de l’artiste suédois Bengt Olson, collaborateur régulier de Badani et Roux-Dorlut, qui orne la façade sud du bâtiment bas. Terminé tardivement, le palais de justice de Créteil est passé relativement sous les champs de la critique et de l’expertise historienne, Daniel Badani et Pierre Roux-Dorlut étant surtout connus pour leurs réalisations iconiques des débuts du Style international en France, au cours des décennies 1950-1960. L’édifice cristollien – au même titre que la préfecture, ou que l’hôtel de ville de Pierre Dufau, tout proche – comptent pourtant parmi les exemples d’un âge de la maturité de cette architecture moderne et sérielle, croisée avec la science française pour la grande composition et la monumentalité, pilier de l’enseignement de l’école des Beaux-arts. Allant à rebours des courants d’avant-garde et des postures contestataires qui éclosent après 1968, Daniel Badani et Pierre Roux-Dorlut livrent ici un exemple caractéristique d’architecture du pouvoir de la période des Trente Glorieuses.

Date de label

2018

Références documentaires

Date de l'enquête ou du dernier récolement

2020

Noms des rédacteurs de la notice et du dossier

Mathiotte Olivier ; Noyer-Duplaix Léo

Typologie du dossier

Dossier individuel

1/16
vue générale du bâtiment
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© Ministère de la Culture (France), Direction des Affaires Culturelles d'Île-de-France – Tous droits réservés
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vue partielle du bâtiment
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détail du traitement d’une façade
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détail du traitement d’une façade
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vue partielle du bâtiment
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vue générale d’une des salles d’audience
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espace intérieur, vue partielle
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salle des pas perdus
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salle d’audience, vue partielle
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espace intérieur, vue partielle
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hall d'entrée
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