Architecture civile publique ; édifice de l'administration ou de la vie publique ; centre administratif
Centre administratif communal regroupant l'hôtel de ville, le tribunal d'instance, théâtre et salle polyvalente
Normandie ; Seine-Maritime (76) ; Neuchâtel-en-Bray ; 8 Rue Baron d'Hausse
Baron d'Hausse (rue) 8
20e siècle
20e siècle
1956 ; 1961
Bombardé le 7 juin 1940, pendant la bataille de France, le centre-ville de Neuchâtel est détruit à 80%. Désigné en 1941, par le ministère de la Reconstruction, pour élaborer le plan de reconstruction de la ville, l’architecte urbaniste Robert Auzelle propose dans ce cadre de regrouper autour d’une esplanade, sur l’emplacement d’une partie de l’ancienne motte féodale dominant la cité, le tribunal d’instance, l’hôtel de ville, le théâtre et une salle polyvalente. Approuvé, le projet lui est confié en 1952. La municipalité décide d'y affecter les dommages de guerre de l'ancien hôtel de ville, de la gendarmerie et de la sous-préfecture, ainsi que reliquat des dommages de guerre de l'îlot 4. Le permis de construire date de 1956, Louis Roullé étant architecte d'opération. Le théâtre est construit en 1961. Le sculpteur Maurice Calka est l'auteur d'une sculpture monumentale. Le décor est dû à Jacques et Robert Perreau, membres du groupe Saint-Honoré, association informelle de créateurs investis, après la guerre, dans la conception de mobilier en série.
L'hôtel de ville est un bâtiment rectangulaire en brique, en rez-de-chaussée sur étage de soubassement en gros moellons calcaire, avec rangée de baies sous le toit couvert d'un toit plat surmonté d'une série de petits toits à pignons couverts. Le rez-de-chaussée du tribunal d'instance, aujourd'hui Trésor public, est en moellons calcaire, l'étage en brique est largement ouvert et le toit plat, finalement exécuté en zinc à la place du cuivre initialement prévu, pour des raisons économiques, est surmonté de lanterneaux en forte saillie dispensant à l’intérieur un éclairage zénithal fragmenté. Le plan du théâtre contenu dans une ellipse de 800 m2 comporte trois cercles abritant le hall d'entrée et l'escalier, une salle de 600 places au sol incurvé, la fosse d'orchestre, la scène et ses dégagements. Les parois en brique pleine épousent ce plan. Le foyer est installé dans une passerelle aérienne métallique garnie de verres multicolores reliant le théâtre à la salle de bal, insérée dans un édifice carré et abritant une piste de danse de 470m2 sans divisions intérieures. Devant l'esplanade, quelques percements rectangulaires et des alvéoles garnies d'émaux de Briare animent la façade aveugle précédée d'un bassin d'eau en silex et d'une sculpture en tube de cuivre.
Partie intégrante du plan de reconstruction de Neuchâtel, première commande publique adressée à Robert Auzelle, le centre administratif est particulièrement représentatif de la démarche de l’urbaniste qui lie la conception du bâti avec une réflexion globale sur ses usages et son rapport avec son environnement végétal. L’architecte, qui fit usage pour ce chantier d’un appareil inventé par lui, le maquettoscope, lui permettant de vérifier comment les cheminements piétonniers offrent à l’usager des points de vue sans cesse renouvelés sur la ville, livre une composition volontairement dissymétrique, où l’architecture est étudiée de manière à mettre en valeur les espaces plantés et les circulations piétonnes. Contraint par un budget constitué de seuls dommages de guerre, il fait usage de solutions architecturales et constructives permettant notamment, grâce au choix d’une forme ronde pour le théâtre et carrée pour l’hôtel de ville et la salle de bal, de réduire le linéaire de mur. Réalisée à partir d’une ossature de béton armé surmontée d’une charpente métallique, la construction n’en privilégie pas moins, pour les parements, des matériaux locaux « pauvres », la brique et le caillou de silex, qui rattachent ainsi l’édifice à la tradition du pays de Bray et s’harmonisent avec les arbres et le gazon.
2002
2021
Loyer François ; Etienne Claire ; Rendu Jean-Baptiste
Dossier individuel