Architecture de culture recherche sport ou loisir ; édifice et aménagement de culture recherche sport ou loisir ; édifice sportif ; piscine
Installation sportive Gaëtan-Devaud, piscine et stade
Nouvelle-Aquitaine ; Corrèze (19) ; Brive-la-Gaillarde ; rue Léonce-Bourliaguet
Léonce-Bourliaguet (rue)
20e siècle
20e siècle
1941 ; 1947
La diffusion de la pratique sportive constitue l’une des évolutions majeures de la société française au début du XXe siècle. Les municipalités mais aussi quelques grandes entreprises, inspirées par les exemples de politiques hygiénistes des pays anglo-saxons, encouragent les citoyens à entretenir leur santé et leur forme physique en construisant des piscines et des stades de plein-air. Ceux-ci permettent une multitude d’usages, tant pour les sports collectifs et les jeux de balle que pour l’exercice individuel, et en particulier l’athlétisme. Les piscines répondent quant à elles à des enjeux de salubrité publique grâce à la présence de douches, l’apprentissage de la natation chez les enfants permettant également de diminuer les risques de noyade. Cet engouement est soutenu par le gouvernement, un sous-secrétariat d’État étant créé en 1936 sous le Front populaire, dans un contexte international animé par l’organisation des Jeux olympiques.
La ville de Brive-la-Gaillarde ne bénéficie alors que d’équipements sportifs sommaires. La SNCF, pour qui la sous-préfecture de la Corrèze constitue un important carrefour ferroviaire, s’engage peu après sa création en 1937 dans l’aménagement d’un centre sportif au sud-ouest de la ville, à proximité du dépôt des machines. La conception du stade et du centre nautique est assurée par l’ingénieur polytechnicien Gaëtan Devaud, chef de l’arrondissement du Matériel et de la Traction à la direction d’arrondissement de la SNCF. Les risques pris par l’ingénieur, qui emploie de jeunes cheminots qui auraient sinon été mobilisés par le STO en Allemagne, permettent d’engager le chantier pendant la guerre. Gaëtan Devaud est assisté par le jeune architecte Georges Jean, qui dessine le portail monumental formant l’entrée du stade : composé symétriquement, il renvoie par la géométrisation de son dessin et l’épuration décorative de ses surfaces au style Art déco. La conjugaison d’un socle en pierre locale et d’un couronnement en béton de ciment enduit confère au portail une polychromie renforçant sa mise en scène depuis la rue. La piscine, immédiatement à l’est, se composait d’un bassin olympique et d’un petit bassin ainsi que de plusieurs plongeoirs, aujourd’hui disparus, l’ensemble étant entouré par des plages en béton et un solarium. Suivant la formule usitée à l’époque, le bâtiment des vestiaires, au plan en L et développé sur trois niveaux, accueillait des espaces de loisirs en plus de ceux destinés aux nageurs : s’y trouvaient une salle de jeux, un cinéma, ainsi qu’un réfectoire. L’extrémité du bâtiment est traitée en rotonde, dont le balcon filant et la corniche fortement saillante évoquent les formes de l’architecture balnéaire.
Premier équipement moderne de la ville de Brive, le complexe sportif Gaëtan-Devaud est l’une des pièces d’un programme social représentatif de la diffusion de l’exercice physique auprès des classes populaires de la France des années 1930. L’association entre un jeune architecte qui comptera parmi les principaux praticiens actifs en Corrèze, et un ingénieur de la SNCF, témoigne également d’un temps où la société ferroviaire assure elle-même la conception de ses bâtiments sans en négliger la valeur artistique.
2010
2021
La Manufacture du Patrimoine
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