Urbanisme et espaces aménagés ; espace libre ; place
Place Henri Chapoulie
Nouvelle-Aquitaine ; Corrèze (19) ; Egletons ; place Henri-Chapoulie
Henri-Chapoulie (place)
20e siècle
20e siècle
1934 ; 1946
La commune d'Egletons, qui compte seulement 2 000 habitants au début du XXe siècle, connaît une remarquable croissance pendant l'entre-deux-guerres, sous l'impulsion de son député-maire Charles Spinasse. La modernisation de la cité est soutenue par la mise en œuvre d'un plan d'Aménagement, d'Extension et d'Embellissement (PAEE), dont l'étude est confiée à l'architecte parisien Robert Danis et à son collaborateur René Blanchot. Le plan Danis prévoit la réalisation de nombreux équipements publics : foyer populaire, groupe scolaire, stade municipal, champs de foire, marché couvert, mais aussi une cité-jardin offrant les premiers logements sociaux de la ville, l'ensemble de ces installations étant desservies par un réseau de voies nouvelles. La vie économique de la cité étant rythmée par les foires agricoles et les marchés animaliers, la meilleure gestion de ceux-ci compte parmi les objectifs du PAEE : le marché aux veaux est ainsi placé par Robert Danis sur un champ de foire situé immédiatement à l'est du centre-ville.
Plutôt qu'un simple espace dédié à la vente de bestiaux, Robert Danis conçoit un ensemble architectural ordonnancé, organisé autour d'une place publique bordée de deux galeries formées chacune de six arcades. De forme trapézoïdale, la place s'appuie sur la topographie du site pour se raccorder, par un ensemble de terrasses et d'escaliers, au tissu urbain existant. Les maisons construites par l'architecte sur le flanc occidental participent à l'impression d'harmonie se dégageant de l'ensemble : construites en moellons et parées de pierre d'Eyrein, elles s'intègrent au paysage de la commune limousine tout en affirmant leur modernité par la rationalité de leur conception. Bombardée en août 1944, la place est reconstruite après-guerre par René Blanchot qui complète le front sud par un ensemble de maisons respectant l'esprit défini par son prédécesseur. La nouvelle mairie, mise en chantier à partir de 1952, parachève le caractère d'unité de cet ensemble urbain.
Les aménagements urbains entrepris à Egletons au cours des années 1930 constituent une exception dans l'histoire des villes françaises au XXe siècle, tant par la rapidité de leur mise en œuvre que pour leur qualité et leur cohérence. L'ensemble de la place Henri-Chapoulie témoigne de la volonté conjointe du maire et de l'architecte de moderniser une activité économique symbolique – le marché aux veaux – tout en ordonnant le développement de la cité, l'opération permettant tant la résorption d'îlots insalubres que l'affirmation d'une identité architecturale neuve et rigoureuse.
2010
2021
La Manufacture du Patrimoine
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