Architecture militaire ; ensemble militaire ; base militaire ; base navale
Lieu d'exposition
Base sous-marine
Nouvelle-Aquitaine ; Gironde (33) ; Bordeaux ; boulevard Alfred Daney
Alfred Daney (boulevard)
20e siècle
20e siècle
1942
La construction de la base sous-marine de Bacalan à Bordeaux débute en septembre 1941 à l’emplacement de l’ancien réservoir d’alimentation du bassin à flot n°2. Le chantier est mené par l’organisation Todt, qui est à l’origine de la plupart des constructions du Mur de l’Atlantique. 6 500 travailleurs, dont plus d’un tiers de prisonniers républicains espagnols, aux côtés d’ouvriers français, italiens, belges et néerlandais, sont mobilisés, de jour comme de nuit. La base, en partie inachevée, est inaugurée le 13 mai 1943. Elle est abandonnée par l’occupant le 26 août 1944. Cédés au Port autonome de Bordeaux dès 1945, les bâtiments ne sont ouverts au public qu’à partir de 1993 dans le cadre muséal d’un conservatoire de la plaisance, puis d’un centre d’art contemporain à partir des années 2000. Depuis 2020, une partie des espaces sont occupés par les Bassins de Lumières.
Couvrant une surface de 43 000m², la base sous-marine de Bordeaux est constituée de onze alvéoles, d’une profondeur de 12 m, servant d’abri aux sous-marins, et de onze cellules pour les ateliers techniques spécialisés. Les murs, en béton armé, font de 2,5 à 5,5 m d’épaisseur. La dalle du toit, atteignant une épaisseur de 9 m, est sommée d’une structure pare-bombe Fangrost qui consiste en une juxtaposition serrée de poutres en béton armé. Elles devaient provoquer la déviation des bombes et déclencher leur explosion avant l’impact sur le toit lui-même. Les onze cellules se trouvant à l’arrière des alvéoles en sont séparées par une voie ferrée qui traverse l’abri de part en part, dont les entrées sont fermées par deux portes blindées. Deux petits bunkers se trouvent au nord-est de la base et abritaient une soute à torpilles et une citerne de carburant sous béton.
La construction de la base sous-marine de Bordeaux, de même que celles de Brest, Lorient, Saint-Nazaire et La Rochelle, a fait appel à des méthodes qui seront particulièrement utilisées dans l’après-guerre. En effet, le désir de rapidité et d’économie dans l’architecture trouve certaines de ses sources dans la préfabrication et la standardisation du béton armé, utilisé à une échelle industrielle, ainsi que dans l’usage du béton précontraint, qui connaîtra une grande faveur dans la deuxième moitié du XXe siècle. Maillon oublié de l’histoire de l’architecture, les bases sous-marines de l’organisation Todt ont pourtant marqué durablement le paysage, dont elles font désormais partie intégrante.
2015
2020
Dossier individuel