Architecture domestique ; édifice domestique ; demeure ; maison
Villa Brun-Gérente
Occitanie ; Hérault (34) ; Sussargues ; 9 rue des Fontaines
Fontaines (rue des) 9
A 924
20e siècle
20e siècle
1975 ; 1978
Dans une petite commune située à une vingtaine de km à l’est de Montpellier, cette villa est construite pour une artiste peintre. Le programme est celui d'une maison secondaire, dédiée à recevoir et à faire la fête. Les commanditaires laissent carte blanche à l'architecte. Guy Grégori (1944-2019) est autodidacte, d’abord maçon puis métreur à 21 ans. Doué pour le dessin, il suit des cours de commis architecte à l'Ecole des Beaux-Arts de Montpellier en 1961-1962. Il est agréé comme architecte en 1977 et construit plus de trente maisons d'habitation, dont la maison de Georges Frêche, maire de Montpellier. Parmi ses œuvres plus récentes, on peut citer le lycée Champollion à Lattes (1992) et le collège Paul-Emile Victor à Agde (1995). Pour la villa de Sussargues, sa réflexion s'est faite d'abord en respectant les impératifs d'un budget réduit, prenant en compte la déclivité du terrain, la vue ainsi que l'orientation, « en ignorant tout principe et toute notion de beau et de laid ». L'étude est réalisée en 1974, le permis de construire obtenu le 10 octobre 1974, la fin des travaux date de 1975. L’architecte « se débarrasse de tout préjugé, ignorant toutes notions de camouflage ou d’exhibitionnisme au bénéfice d’une recherche de liberté et d’une qualité de l’espace, d’une force suffisante pour rompre avec la routine et notions traditionnelles ». Dans cette villa en béton brut de décoffrage, on reconnait l'influence de Claude Parent, qui ayant participé au jury d'agrément de Grégori, écrit sur lui un article élogieux dans Architecture (n°26, juin-juillet 1981). Le plan exprime clairement le parti pris de fluidité : un espace subdivisé en trois volumes desservis par des paliers et des demi-paliers, ouverts entre eux. L'entrée de la maison, peu visible, ouvre sur l'escalier et les différents espaces. Suivant la déclivité du terrain, les trois chambres, regroupées à l'arrière, sont disposées en décalé, de façon à dégager pour chacune une petite terrasse privative protégée par un mur de refend. La salle de bain ouverte vers l'ouest comporte une baignoire encastrée profondément dans le sol et à l'arrière, une méridienne en béton désactivé disposée face à la porte-fenêtre, comme une sorte de solarium, s'inspirant fortement de celle de la chambre principale de la villa Savoye de Le Corbusier. Face à l'entrée, un escalier en béton à marches évidées permet d'accéder à l'espace de jour situé à l’étage. Il est bordé d’un côté par un muret en béton brut qui délimite la cage surplombant un espace décaissé traité en jardin intérieur, en contrebas de l'entrée ; de l'autre côté, de fins câbles verticaux servent de protection contre le vide. La partie de jour comprend trois espaces ouverts les uns sur les autres : la cuisine et deux espaces rayonnants, séparés par la grande cheminée, et largement vitrés. Celui de la cheminée est construit en porte-à-faux au-dessus du rez-de-chaussée, comme un observatoire sur la nature. Cet espace décaissé ménage une zone d'intimité caractéristique des années 70. Le séjour se prolonge par un balcon avec barbecue, lui aussi en porte-à-faux, tandis que de larges et profondes jardinières accentuent les surplombs. Le rythme géométrique, le volume et le vide des surfaces sont le reflet de l'imbrication fonctionnelle des zones et déclivités intérieures, sans autre artifice, de même que les matériaux employés, béton brut intérieur, gravillons lavés au sol, bois et verre. Si les prestations intérieures sont limitées en raison du budget réduit, l’architecte a proposé un mur décoré, à droite de la porte d'entrée, dont les motifs en creux et en relief dans le béton moulé sont obtenus par l’utilisation de matériaux du chantier, selon une technique expérimentée sur la cheminée du Dr Barrault à Lamalou-les-Bains (Hérault). La maison est aujourd'hui, complètement enfouie dans la végétation, ce qui accentue la perception intérieur/extérieur et fait du porte-à-faux du salon comme une cage suspendue dans les arbres.
2019
Propriété privée
2020
Marciano Florence ; François Michèle
Dossier individuel