Architecture artisanale commerciale et tertiaire ; édifice artisanal commercial ou tertiaire ; centre d'affaires
"Chambre des métiers et de l'artisanat du Val d'Oise, ancien centre de formation des Banques Populaires"
Île-de-France ; Val-d'Oise (95) ; Cergy ; 1 avenue du Parc ; 2 rue des chauffours
Parc (avenue du) 1 ; Chauffours (rue des) 2
AY 15
20e siècle
20e siècle
1975 ; 1976
Le programme, élaboré par le bureau d’études BREA en 1972 prévoit la création d’un centre capable d’accueillir du personnel ayant la responsabilité d’une unité de travail. Il s’inscrit dans une politique de formation engagée depuis plusieurs années par le groupe Banques Populaires visant à réunir jeunes, responsables hiérarchiques et formateurs lors de stages à durée de séjour d’environ une semaine. La collaboration en amont de la réalisation s’établit entre les responsables et représentants du personnel de la Banque, le bureau d’études BREA, la société d’équipement de restauration Promotour, le bureau d’études SETAP et les architectes dont Ivan Seifert. L’implantation est choisie dans la ville nouvelle pour sa future facilité d’accès, et compte tenu de l’emplacement central proposé par la mission d’aménagement, à proximité de la préfecture et en bordure du parc urbain. Le terrain de forme irrégulière de 9000m2 comporte une dénivellation de 4 mètres, une zone non aedificandi et une servitude de passage des pompiers qui réduisent les possibilités constructives et d’assise générale. La contrainte du plan d’urbanisme limitant la hauteur des constructions à un étage sur rez-de-chaussée directement en lisière de parc et quatre étages en bordure du carrefour du boulevard de Cergy et de l’avenue de l’Ouest est strictement respectée par le parti architectural initial. La réalisation du gros œuvre, assuré par l’entreprise Nord France, débute en avril 1975 et se termine en juillet 1976 avec une direction des travaux assurée par P. Gauthier. Le centre est par la suite cédé à l’entreprise Rhône-Poulenc puis acquis par la chambre de Métiers et de l’Artisanat du Val d’Oise en 1998.
Le plan en étoile organise une répartition du volume intérieur selon différents types d’espaces, principalement trois ailes générales autour d’un noyau fédérateur. Deux de ces ailes sont placées à l’équerre (aile ouest et nord) et la dernière en direction du sud-est, ce qui permet à la fois d’ouvrir de larges angles de vue vers le parc plein est et de ménager un accès automobile paysagé généreux plein sud. Chaque aile recèle une fonction différente : la pédagogie au nord-ouest, la restauration au sud-est (R+1) et l’hébergement au sud-ouest (R+4). Le noyau central rassemble sur deux niveaux et un sous-sol les volumes d’espace « détente », de rencontre et d’échange, « volontairement traités largement afin de faciliter et développer les relations humaines entre les stagiaires venus de régions différentes ». Le but poursuivi est de s’inscrire en faux par rapport à l’aspect impersonnel d’hôtels variés, alors le cadre de ce type de réunions de formations. Les espaces verts périphériques sont traités dans la continuité du parc afin d’effacer les limites de propriété avec les parcelles voisines. Ce plan en étoile se prête à des décrochements variés qui contrastent avec l’unité d’aspect due au choix restreint de matériaux. Le béton brut et les briques extérieures, les enduits grossiers à peintures laquées en intérieurs sont d’un emploi systématique. La mission des architectes a été étendue à la réalisation des aménagements intérieurs afin de créer un ensemble cohérent. L’escalier préfabriqué (béton brut) avec dalles de grès ocre rouge disposées circulairement entrait en contraste avec la moquette beige des circulations, repos et bureaux. Les murs a enduits blancs grossiers ou parement de briques étaient animés d’estampes contemporaines vives non visibles aujourd’hui. Des fauteuils tulipe (Saarinen) à tissu orangé sont toujours présents. L’entrée par sas s’effectue côté sud au-dessous des encorbellements à angles vifs du noyau central. Celui-ci est constitué de douze directions rayonnantes réunies par un pilier central fasciculé de béton brut, au sommet duquel se rejoignent les voiles banchés selon un profil de demi-cintre. Le résultat est un hall en forum à mezzanine relié au niveau de sous-sol, accessible grâce à l’escalier qui s’enroule autour du pilier, et éclairé par douze triangles de verrières en appentis. Différents espaces, notamment de détente vers l’est, ouvrent sur le parc et les dénivellations des terrasses extérieures qui surplombent un petit amphithéâtre naturel assurant une transition de plain-pied avec le soubassement. Ce dernier abrite gymnase, bowling, ping-pong et locaux techniques jouxtant un parc de stationnement enterré. Les effets surprenants de transparences, de continuités de vues et de dilatation de l’espace sont assurés par les baies vitrées à rez-de-chaussée tandis que la division volumétrique en quartiers saillants, perçue depuis l’extérieur, laissait au contraire présager d’un espace très segmenté dont il n’est rien. Vers le sud-est, le hall se prolonge naturellement vers un bar puis une salle de restaurant régulière, polylobée et traversante. 78 places groupées en alvéoles de six avec un mobilier des architectes existaient initialement. La terminaison de l’aile abrite la cuisine et un escalier de service : le restaurant est aujourd’hui aménagé au 1er étage de cette aile. L’ensemble était auparavant surmonté d’une terrasse couverte en béton, sorte de loggia belvédère de plein air, et a perdu son échelle domestique en liaison avec le parc lors de remaniements effectués entre 1984 et 1987. L’aile de la pédagogie est directement ouverte sur le forum grâce à une vaste dilatation de l’espace dans un hall à double hauteur sur lequel donnent les circulations de l’étage. Ces trémies délimitées par des gardes corps à jardinières reçoivent l’éclairage de trois verrières zénithales successives en accordéon. L’une d’elle se retourne en élévation sur une terrasse à R+1, devenue patio à la suite d’un comblement partiel malencontreux. De part et d’autre, des salles de capacités variées (6,12, 15, 30 places) ouvrent sur la nature grâce à un bandeau continu de menuiseries, tandis que celles de l’étage (studio d’enregistrement, laboratoire photo) comportent des percements de façade au sein du parement de brique continu. L’aile aboutit à un gradin desservant un amphithéâtre pour une centaine de participants. Il dispose en couverture d’un éclairage modulé par des volets métalliques au sein d’un shed en arc de cercle. Les élévations côté nord sont dotées de ce même dispositif de volets pivotants sur rails, en lamelles toute hauteur, dont l’esthétique rappelle les ouvrages aéronautiques. Le noyau central abrite au premier étage des bureaux rayonnants pour les animateurs, la bibliothèque, la salle de lecture, la salle de jeux, trois salles de télévision et l’ancien accès à la terrasse sud-est, autrefois partiellement couverte. Cette terrasse promenoir était également réservée dès l’origine à une potentielle extension. L’aile de l’hébergement est constituée de deux volumes en décrochement de quatre niveaux chacun, terminée par un escalier extérieur en béton. Le rez-de-chaussée est dévolu à l’administration et au logement du personnel. Les étages regroupent 16 chambres à cabinet de toilette et placard. Chaque cellule est terminée côté extérieur par un angle saillant composé d’un parement de brique extérieur flanqué d’une baie sur allège pleine. Le jeu d’élévation privilégie l’animation plastique grâce à l’encorbellement sur un rampant triangulaire à R+1, les nez-de-plancher en béton visibles et les saillies des parements de briques de Vaugirard (dont des surcuites). Côté parc, au contraire, les couronnements des porte-à-faux sont en béton banché et pénètrent à travers les masses perpendiculaires des murs en brique, donnant l’impression que l’acrotère se retourne en saillie en haut de l’élévation. Une attention particulière a été apportée par l’architecte au traitement des parties hautes : les terrasses sont recouvertes de gravillon dont la bichromie sert à former des motifs géométriques, pratique que Seifert a également utilisé pour les bâtiments de l’ESSEC et les immeubles du quartier de la gare. Une horloge monumentale à automates, dite « Le grand escalier », est l’œuvre du sculpteur Jacques Monestier : elle a été mise en place pour le dixième anniversaire de l’installation de la chambre des Métiers et d’Artisanat de Cergy. Elle provient de la fonderie de Coubertin pour la structure et les rochers, des ateliers Laumonier pour l’informatique électronique, de l’entreprise Horbiger-Origa pour les vérins et de la fonderie Cornille Havard pour le timbre.
Le parti architectural singulier est étroitement lié au programme initial de centre de formation des Banques Populaires. Une centralité dynamique s’affirme au travers d’un vaste hall à 12 voiles banchés rayonnants liés à une pile fasciculée centrale constituant un évènement sculptural générateur d’une dynamique du lieu. Trois ailes sont lancées avec des hauteurs et caractères volumiques différents en fonction de leurs destinations. L’ensemble ainsi créé allie les qualités d’une échelle domestique basse, côté parc, les encorbellements aigus du hall et les encorbellements verticaux à demi vitrés de quatre niveaux, côté boulevard. Le résultat est une intégration remarquable dans le paysage prévu de manière concomitante : à l’abaissement vers la nature et les horizontales du parc répond la suggestion de la silhouette urbaine dynamique et cinétique côté boulevard, depuis lequel l’on perçoit, selon le sens de circulation, une élévation très pleine ou très vitrée. Cet équilibre a été en partie mis à mal par des bouchements intervenus au premier étage d’une des ailes : le comblement de la terrasse couverte du restaurant a amenuisé la terrasse de l’aile « pédagogie ». Néanmoins, l’unité assurée par les matériaux et la dynamique du plan ne sont pas sans rappeler les expérimentations de l’AUA au foyer des anciens Ambroise Croizat de La Courneuve (1964), projet qui réinterpréta également la matérialité de la maison Jaoul du Corbusier (1951), sans cependant en retenir les formes. Les publications (Recherche et Architecture, La Construction Moderne, 1977) témoignent de la valeur d’exemple d’une recherche aboutie : elle constitue un jalon historique en matière d’édifices capables d’allier en leur sein des fonctions programmatiques multiples et complémentaires.
2022
Privé
2022
DRAC IDF et ENSA Paris-Belleville, chaire d’enseignement et de recherche PEPS Patrimoine Expérimentation Projets : étudiants du DSA Architecture et Patrimoine, sous la dir. de Pierre Gommier