Architecture scolaire ; édifice scolaire ; école ; groupe scolaire
Groupe scolaire de la Belle Epine
Île-de-France ; Val-d'Oise (95) ; Cergy ; 22 chemin des quatre saisons
Quatre saisons (chemin des) 22
CX 97 ; CX 111 ; CX 159 (partiellement)
20e siècle
20e siècle
1981 ; 1982
Le programme prévoyait dix classes de primaires dont deux seraient construites ultérieurement, cinq classes de maternelle, et un local collectif résidentiel pour les adultes en période extra-scolaire. La recherche d’une osmose entre le groupe primaire et l’école maternelle a abouti à une réflexion plus générale autour du parcours intérieur de l’enfant et son cheminement assimilé à une promenade libre. Le parti général consiste en un déplacement de la frontière et une liaison visuelle entre les deux cycles assurée par le patio liant deux classes de primaire aux cinq de maternelle. Le terrain de 10051m2 était déjà bordé au nord par un tissu de maisons de lotissement (R+1 sous bâtière) dont les architectes, par soucis d’intégration urbaine) se sont fait l’écho en termes de volumétrie et dimensionnement des logements de fonctions sur le toit. De petits collectifs résidentiels (R+4, 1982) complètent le quartier cohérent.
L’emprise urbaine prévue pour 420 élèves regroupe une cour de récréation de 4000m2 (soit 266m2 par classes), 2450m2 d’espaces verts et presque 700m2 de place de parc de stationnement. L’entrée principale de l’école échappe au tumulte du boulevard d’Osny à l’est afin de privilégier un accès en cœur d’îlot, sur une placette animée par des pignons de brique aveugles et deux escaliers en béton brut d’accès au R+1. Ils jaillissent de failles de desserte sous verrières des volumes pavillonnaires des logements de fonction. C’est par une échancrure de l’angle, ménageant une percée visuelle sur le patio qui forme limite, que les architectes répartissent les accès à l’école primaire (ouest) et ceux de l’école maternelle (côté est). Une garderie de 40m2, directement au contact de la ville, est associée à l’établissement. Le bâti général représente 3963m2 de shon dont 437m2 de logements, et 906m2 de classes et ateliers. Six classes maternelles et 10 classes primaires occupent l’édifice, ces dernières étant groupées par 4 sur deux niveaux, deux classes supplémentaires ayant été implantées ultérieurement entre le préau et le cheminement piéton nord afin que l’ajout, théorisé dès la conception, ne trouble pas le fonctionnement du site occupé. 258m2 sont dévolus aux salles de repos et E.P.E., 107m2 au BCD et 109m2 à la salle polyvalente : bibliothèque et salle polyvalente constituent le trait d’union du groupe scolaire. Elles s’éclairent sur le patio et séparent à l’entrée les flux des deux unités. Situé au nord-est, l’espace restauration de 189m2 correspond à deux salles de part et d’autre de l’office, dont la salle maternelle s’éclairant sur le plus petit patio et la salle primaire sur le passage piéton. Le programme est complété par 37m2 de salle des maîtres et 28m2 bureaux des directeurs (tisanerie) et les architectes ont organisé les sanitaires selon des cylindres fermés à la croisée des parcours. Une volière prend également place le long d’une sinuosité du grand patio planté, à l’élévation libre presque entièrement vitrée. Les circulations (au total 713m2 soit 23 % de l’édifice) de l’école maternelle en profite pleinement et le principe s’inverse sur le petit patio : les baies des circulations sont alors orthogonales tandis que celles du restaurant suivent une sinuosité lâche. Le vaste préau de 260m2 à file de colonne à l’ouest fait pendant à une salle de motricité est (tailloirs en béton, verrière de faille terminée en élévation par une baie carrée sur la pointe). Un atelier relie deux classes de primaire et celles-ci ont perdu leurs baies caractéristiques en « diamant » favorisant l’éclairage naturel. Au-dessus de la toiture-terrasse de référence surgissent les lanterneaux vitrés des salles de jeux, circulations perpendiculaires. Les salles de médecine sont placées à proximité de la cour de service pour être approchée au plus près par d’éventuels véhicules. Des jardinières en brique, à vocation pédagogique, occupent des pieds d’allèges côté cour de récréation.
Un des premiers équipements publics à Cergy, ici dans le quartier à l’ouest de celui de La Justice, qui reprend la géométrie appréciée par la jeune génération d’architectes du début des années 1970 et son goût pour la couleur en y apportant une nouvelle référence historicisante. Évocation de l’urbanité traditionnelle de la ville flamande, revisitée avec le sourire et la gaieté, voire une naïveté assumée, appropriée à l’enfance et au programme scolaire de l’école élémentaire. La préfiguration en quelque sorte du langage formel post-moderne qui va se généraliser dans le quartier voisin de Saint-Christophe au cours des années 1980. Une écriture architecturale reconnaissable mise au point par les architectes Martine et Philippe Deslandes, auteurs quelques mois plus tard du passage de l’Horloge au-dessus de la gare RER St-Christophe, et auparavant de la tour des jeunes mariés dans le quartier Préfecture. La précision des détails, le nuancier de couleurs original, la fausse simplicité qui règnent ici, pourraient rapidement disparaître et rendre l’ensemble banal, si une attention particulière n’était pas apportée dans les futures transformations, notamment les travaux de mise aux normes et d’isolation. Le groupe scolaire de La Belle Épine est publiée dès sa livraison en 1982 et introduit au sein de la ville nouvelle une échelle et un traitement bâti du groupe scolaire en accord avec l’ensemble pavillonnaire voisin. Cinq volumes de logements à étage sous couverture en bâtière émergent d’une nappe basse à patios. Le goût pour la couleur s’exprime grâce aux parements de briques, dont des surcuites, aux menuiseries originelles laquées rouge et aux conduites peintes des fluides accrochées en sous-face des plafonds de salles et circulations intérieures dont elles suivent les sinuosités. Malgré la perte de bandeaux vitrés originels en saillie, qu’il serait facile de restituer, l’écriture architecturale de Philippe et Martine Deslandes reste particulièrement sensible au travers, notamment, des effets de faille à verrières de couvertures, des percements carrés sur la pointe et des lucarnes vitrées. Le remarquable plan d’ensemble revisite le principe urbain du cœur d’îlot planté irrégulier, délimité ici par des courbes et contre-courbes libres et vitrées. La simplicité des matières, y compris le béton brut, la juxtaposition des formes géométriques élémentaires et la figure du hameau entendent s’adapter à l’enfance tout en inaugurant des détails dont les réalisations du quartier Saint-Christophe tiendront compte.
2022
Public
2022
DRAC IDF et ENSA Paris-Belleville, chaire d’enseignement et de recherche PEPS Patrimoine Expérimentation Projets : étudiants du DSA Architecture et Patrimoine, sous la dir. de Pierre Gommier