Architecture scolaire ; édifice scolaire ; école ; école primaire
Ecole élementaire La chanterelle
Île-de-France ; Val-d'Oise (95) ; Cergy ; 2 rue de la Chanterelle
Chanterelle (rue de la) 2
DK 345
20e siècle
20e siècle
1985 - 1986
Le terrain au nord-ouest du quartier dit « de Puiseux » est situé à proximité immédiate de l’ensemble de logements du square de l’Échiquier (Fernando Montes architecte, logements H.L.M. Les Trois Vallées, conception en 1981) et son écriture néo-palladienne à tracé régulateur. Le large ensemble urbain, renommé « Saint-Christophe », témoigne de l’évolution des idées conceptrices de l’élaboration de la ville nouvelle à partir de la décennie 1980. La gare est desservie dès 1985 et une réserve foncière, bordant au nord le terrain devant accueillir le groupe scolaire, est établie pour la prolongation de la voie ferrée jusqu’à la gare de Cergy-Le-Haut, terminée dix ans plus tard, sans que les voies n’atteignent Vauréal, comme initialement prévu. Le terrain de 10150m2 est bordé par des collectifs résidentiels R+3 et 4 à l’est et, à l’ouest, par des maisons individuelles basses. Au nord, la ligne du RER A passe en tranchée et une sente piétonne longe l’école côté est vers une passerelle de desserte des terrains de sports et des quartiers plus au nord. L’école a été conçue en collaboration avec une équipe enseignante. C’est à l’issue d’une étude confiée à Patrice Mottini relative aux groupes scolaires déjà bâtis à Cergy que la conception a été mise en œuvre. Il en résulte une reprise de certaines caractéristiques voir de certains traits et vocabulaires d’autres écoles (notamment les emmarchements rappelant l’école des Plants de Jean Renaudie voire les effets de forum à mezzanine du hall des Maradas). Au moment de la conception, l’architecte a déjà à son actif les conceptions de l’école d’Incarville (Eure) mais aussi des Retentis (Cergy-Jouy-Le-Moutiers). Cette dernière, largement publiée, reposait sur la définition d’un « volume-classe » générateur de la volumétrie et sur un retour au toit. La Chanterelle est l’occasion d’une expérimentation différente grâce à ses 17 classes d’enseignement prévues, 6 classes maternelles et 11 classes primaires, et le parti d’implantation en hameau éclaté.
La conception est prévue pour un maximum de 510 élèves, sans extension future envisagée dès le projet. Le gabarit haut assez inhabituel pour un groupe scolaire (R+2 et volumes passants côté est) et le jeu des couleurs vives hiérarchise les espaces organisés comme un hameau autour d’une cour de récréation plantée (2382m2 soit 132m2 par classe). Si l’organisation peut être qualifiée de linéaire, elle suit les corridors et galeries ponctuées d’élargissements et de chicanes qui organisent une distribution générale en boucle depuis le cycle primaire (nord-est) jusqu’au réfectoire (ouest) en passant par le cycle maternelle (sud-est). L’éclatement en petits modules (la cantine, le LCR, le cycle maternel et deux bâtis de cycle primaire) appuient directement une pédagogie fondée sur la notion de cycles. Les espaces de rencontre sont constitués par la cour de récréation et la bibliothèque à deux niveaux (102m2) ainsi que la salle plurivalente et les forums (296m2). La séparation marquée entre le primaire et la maternelle correspond à la salle polyvalente qui fait office d’espace intermédiaire entre les deux unités. Salle des maîtres et bureaux des directeurs (60m2) complètent un dispositif qui consacre 15 % du bâti aux circulations (456m2) pour une shon générale de 4525m2 dont 1128m2 de classes et ateliers. Le schéma de départ de l’architecte défini pour la maternelle une distribution verticale à escalier rampe sur rampe, au cœur de forums de circulation dont la portion est sert d’atelier. Deux classes par étage sont réparties de part et d’autre tandis que le dortoir précédé de sanitaires symétriques est projeté dans un volume ouest accessible en demi-niveau au-dessus d’un vaste atelier pédagogique. Les classes disposent de petites terrasses à l’est et la cour est accessible par un escalier extérieur opposé. Les deux bâtiments du primaire reprennent ce principe tout en isolant la circulation verticale ceinturée de vide ou d’ateliers et en réservant les volumes ouest côté cour à de vastes ateliers (gradins de théâtre) et forums. En partie haute au-dessus de l’escalier et sous de grandes lucarnes passantes à auvent qui évoquent en élévation un chevalement ou une écriture de petite industrie voire de manufacture, les éléments techniques (chauffage, CTA) sont regroupés dans des caissons terminaux. L’écriture architecturale très variée forme cependant un tout cohérent grâce à un jeu stylistique post-moderne très coloré. L’assemblage comprend un préau-abri au nord supporté par des colonnes à mosaïque et des structures métalliques portant couverture en bâtières, 280m2 dévolus à la restauration dans un édifice de parpaings rosés et initialement partiellement peint en bleu côté cour. Il est surmonté de logements de fonction à pièce en double hauteur (253m2 au total) répartis dans trois « maisons » sur un socle de toiture terrasse. Une galerie vitrée donne accès aux bâtiments à l’est dont les volumes en saillie sont couverts de bardage en bois. L’élévation orientale des ensembles de classe introduit des arcs segmentaires pour les percements et des allèges en bois peints. Un terrain de sport de 1564m2, 1500m2 d’espaces verts, et 512m2 de parking complètent l’ensemble.
C’est à l’issue d’une étude confiée à Patrice Mottini et relative aux groupes scolaires déjà bâtis à Cergy que la conception a été mise en œuvre, après que l’architecte s’est illustré par la construction de l’école des Retentis située à Jouy-Le-Moutier, au sein de la ville nouvelle, et aujourd’hui démolie. L’école réalise la synthèse des innovations précédentes (forums, gradins, ateliers) tout en proposant une adaptation à la pédagogie des cycles (regroupements au sein de trois édifices). L’implantation en hameau entourant une cour de récréation plantée propose une variété de volumes colorés et de mise en œuvre de matériaux qui cache une réflexion rationnelle sur la double paroi de parpaings à isolation interne, le traitement acoustique des soffites de classe et les planchers en bois. L’expression plastique, la matérialité et les détails, d’une grande originalité, évoque l’architecture d’une manufacture ou de la petite industrie alors redécouverte par une génération d’architectes. Arcs segmentaires, baies thermales, colonnes libres ou engagées à mosaïques, escaliers extérieurs, auvents et vêture de bois développent une singularité d’écriture qui fera la renommée de l’architecte, bientôt conseil de l’État. Volontairement parsemées d’obstacles, colonnes tronquées et chicanes en parpaings, les circulations internes ont été simplifiées par des suppressions ciblées qui n’entament pas l’originalité de l’ensemble bâti.
2022
Public
2022
DRAC IDF et ENSA Paris-Belleville, chaire d’enseignement et de recherche PEPS Patrimoine Expérimentation Projets : étudiants du DSA Architecture et Patrimoine, sous la dir. de Pierre Gommier